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D’après notre-planète.info du 3 Juin 2022

Le Glyphosate n’est toujours pas reconnu comme cancérogène par les agences européennes

Par Bruno Bourgeon

mardi 28 juin 2022, par JMT

Le Glyphosate n’est toujours pas reconnu comme cancérogène par les agences européennes

Epandage

Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) classe en 2015 comme cancérigène probable (groupe 2A) 5 pesticides dont le glyphosate, la substance du célèbre herbicide RoundUp, le désherbant le plus utilisé au monde, associé à la culture des OGM. Une évaluation rejetée par le fabriquant, Monsanto mais aussi par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) en 2022.

Ainsi, le tetrachlorvinphos et le parathion (interdits en Europe) favorisent le développement de cancers chez les animaux étudiés en laboratoire. Pour le malathion, il existe des preuves limitées de son implication dans le lymphome de Hodgkin, et le cancer de la prostate, principalement chez les agriculteurs, les premiers exposés aux substances qu’ils utilisent. Ce pesticide est encore utilisé massivement à travers le monde, en agriculture mais aussi dans les parcs publics, dans les services sanitaires et chez les particuliers.

Pour le diazinon, il serait impliqué dans l’apparition du cancer des poumons et du lymphome de Hodgkin. Sa classification dans le groupe 2A est basée sur des « évidences fortes » que le diazinon entraîne des lésions chromosomiques. Ce pesticide est utilisé en agriculture et chez les particuliers avec des volumes en diminution suite à des restrictions sur son usage en Europe et aux USA. En voilà 4 dont le sort devrait être réglé.

En ce qui concerne l’herbicide glyphosate, classé dans le même groupe (dernier niveau avant le groupe 1, celui des cancérogènes certains, comme le tabac), il existe des preuves limitées de son implication dans le lymphome de Hodgkin, principalement chez les agriculteurs. De plus, les animaux de laboratoire et notamment les souris, peuvent développer des cancers en l’ingérant. Enfin, le glyphosate peut causer des dégâts sur l’ADN, les cellules humaines et des lésions chromosomiques.

Cet herbicide est sans doute le plus symptomatique des dérives de l’industrie agro-alimentaire et de la prétendue bienfaisance des cultures transgéniques. En effet, c’est l’herbicide le plus vendu au monde, et qu’il est couplé avec des OGM qui lui sont résistants. En outre, il est utilisé en sylviculture mais aussi en milieu urbain et chez les particuliers, (sauf dans certains pays comme la France où les pesticides y sont interdits).

Résultat : on en retrouve partout (bien que les quantités soient faibles) : dans l’air, dans l’eau et bien sûr dans nos aliments. Pas vraiment une surprise, cf. l’enquête du glyphotest menée par Oasis-Réunion sur notre île. C’était attendu pour que le glyphosate soit retiré de la vente en Europe, indique l’association Générations Futures.

En 2015, Monsanto (racheté en 2021 par Bayer) contestait cette évaluation : « Toutes les utilisations de glyphosate sont sans danger pour la santé humaine ». Pour étayer son argumentaire, Monsanto s’appuie sur la plus importante base de données sur la santé humaine, à travers le monde, jamais compilées sur un produit agricole. Monsanto accuse même le CIRC d’avoir délibérément ignoré des dizaines d’études scientifiques qui, bien évidemment, concluent que le glyphosate est sans risque.

De surcroît, le CIRC se serait focalisé sur d’anciennes études. Au final, Monsanto martelait qu’il n’existe pas de liens entre le glyphosate et une augmentation du cancer. On ne pouvait évidemment pas attendre d’autre argumentaire de leur part : l’interdiction du Roundup dans le monde serait un coup dur porté aux cultures transgéniques censées éviter l’utilisation de pesticides…

Dans une étude de novembre 2015, l’EFSA considérait qu’il est improbable que le glyphosate soit génotoxique (qu’il endommage l’ADN) ou qu’il constitue une menace cancérogène pour l’homme. Ainsi, les experts n’ont pas proposé que le glyphosate soit considéré cancérogène dans la réglementation de l’UE sur la classification, l’étiquetage et l’emballage des substances chimiques. Idem en 2017 et en 2022 : l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) refuse la classification du CIRC, même en catégorie 2 (cancérogène suspecté), malgré des preuves toujours plus solides…

La coalition « Ban Glyphosate » à laquelle appartient Générations Futures rejette fermement la conclusion de l’ECHA selon laquelle les preuves scientifiques disponibles ne répondaient pas aux critères de classification du glyphosate comme cancérogène. Le comité d’évaluation des risques (RAC) de l’ECHA a seulement classé le glyphosate comme une substance causant des lésions oculaires graves, et comme étant toxique pour la vie aquatique avec des effets durables.

Comment expliquer cet avis contradictoire avec le Centre International de Recherche sur le Cancer ? Une fois de plus, l’ECHA s’est appuyée unilatéralement sur les études de l’industrie. Ceci en dépit du fait qu’un examen récent des études de l’industrie sur les effets néfastes du glyphosate sur l’ADN par des scientifiques de l’Institut de recherche sur le cancer de Vienne est arrivé à la conclusion que seules deux des 35 études de l’industrie examinées peuvent être considérées comme fiables, 15 autres seulement comme partiellement fiables et 18 de ces études ont dû être classées comme non fiables, en raison d’écarts substantiels par rapport aux lignes directrices applicables aux tests.

Le RoundUp reste donc autorisé à la vente en Europe, en dépit du bon sens. Dans une analyse récente, le CIRC a rappelé que les 50 dernières années de recherche épidémiologique internationale ont montré que la plupart des cancers qui sont fréquents dans une population sont relativement rares dans une autre et que ces tendances varient dans le temps.

Par exemple, le cancer de l’œsophage est fréquent chez les hommes en Afrique de l’Est, mais rare en Afrique de l’Ouest. Le cancer colorectal, qui était rare autrefois au Japon, a vu son incidence quadrupler en seulement vingt ans. Ces observations sont caractéristiques de nombreux cancers fréquents et viennent renforcer l’idée selon laquelle les expositions environnementales et liées au mode de vie ont un rôle majeur dans l’apparition des cancers, par opposition à la variation génétique ou au hasard (la malchance).

Le Dr Christopher Wild, Directeur du CIRC a déclaré que conclure que la malchance est la principale cause des cancers serait trompeur et peut gravement obérer les efforts entrepris pour identifier les causes de la maladie et la prévenir efficacement.Cette mise au point est essentielle pour évacuer les sempiternels arguments des fatalistes en matière de cancer.

Rappelons enfin que dans le doute, le principe de précaution devrait s’appliquer, la santé des Hommes et des milieux étant prioritaire sur la recherche de profits. N’est-ce pas ?

Bruno Bourgeon http://www.aid97400.re

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