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80 ème chronique de la Macronésie

CM80 - Pourquoi le vote populiste ?

par Dr Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID

mardi 30 octobre 2018, par JMT

Pop ? popu ? populiste ? populisme ? populaire ? Ces votes ont un point commun : ils ne sont pas le choix du NOM mais celui-ci s’en sert largement pour arriver à ses fins en contrôlant les masses par la peur et par le recours à tous les bas instincts. Et notre Macronésie ne se prive pas, avec le soutien des médias mainstream, de bourrer le crâne de ceux qui, abrutis de travail, n’ont plus l’envie pendant leurs loisirs de s’informer mais de "décompresser" !

Ceci-dit on ne saurait confondre les partis populaires que l’on dénomme populistes, généralement de gauche, et les partis de droite extrême et d’extrême-droite qui sont surtout racistes, xénophobes, haineux car effrayés de tout ce qu’ils ne comprennent pas et n’ayant comme réponse qu’une violence aveugle.

Pourquoi la démocratie dérape-t-elle ? la bonne question serait plutôt : sommes-nous et avons-nous jamais été en démocratie ? la réponse est clairement NON. Outre les caricatures (vote des seuls hommes, vote censitaire, vote indirect) la base de la démocratie est l’égalité de connaissances de chacun afin que le choix soit libre et éclairé, et pas un plébiscite basé sur l’affect. Nous sommes en réalité en aristocratie, car ceux qui "font" les élections, sont ceux qui ont les moyens financiers et institutionnels d’accéder aux médias mais aussi aux corps intermédiaires (dont les partis politiques) et désormais aux officines chargées de bâtir les stratégies et de fournir les "éléments de langage". Et les programmes politiques là-dedans ? tout le monde s’en fout puisqu’à la sortie il faudra appliquer la même feuille de route.

D’où la révolte d’une partie grandissante des citoyens qui se rendent compte que leur voix n’est plus prise en compte comme elle pouvait encore l’être quand, pendant la guerre froide, il y avait une réelle compétition idéologique entre des camps qui avaient des projets de société.

Pourquoi le vote populiste ?

Mettre en exergue le terme populiste est déjà un choix. Celui de préférer l’euphémisme au terme plus cru de dictature. Il est vrai que c’est un vote, donc une représentation de la démocratie. C’est inexact. Montesquieu, dans « L’Esprit des Lois », arguait que l’élection était affaire d’aristocratie, tandis que la vraie démocratie se nourrissait du tirage au sort. Tocqueville se moquait du suffrage universel en disant qu’il saurait très bien dire au peuple comment voter.

Nous y voilà donc. Le peuple brésilien, à l’instar des Italiens, Polonais, Hongrois, Philippins, et même Etatsuniens, a préféré voter pour l’outrance verbale, pour l’intolérance sectaire envers les femmes, les homosexuels, et que sais-je encore ?


La situation il y a huit ans... qui a bien empiré depuis

Il est des explications conjoncturelles, et je prie pour que cela soit les seules : on dit qu’il s’agit d’un vote social ; très certainement. Les classes moyennes inférieures souffrent terriblement d’un ordre économique mondial, peut-être d’un Nouvel Ordre Mondial (NOM), dominé par les théories économiques ultra-libérales, l’austérité imposée, les tarifs régentés par l’OMC, les traités commerciaux favorisant le capitalisme débridé, assurément pas la protection du climat ou de la pauvreté sur cette Terre.

Une autre explication est encore plus locale : la récession de 2015-2016 au Brésil, et les violences qui s’en sont suivi dans une société gangrenée de corruption et de criminalité.

Toutefois on peut observer d’un peu plus haut ces nationalo-populismes qui prennent le pouvoir, ou qui ont failli le prendre ; même en France, nous ne sommes pas à l’abri. Marine Le Pen a montré ses piètres talents de débatteuse face au représentant du NOM, qui a précipité sa défaite en 2017.

Les problématiques internationales sont communes : sécurité, immigration, paupérisation des classes moyennes, peur de la mondialisation et du déracinement. Les réponses apportées par le NOM n’étant pas satisfaisantes, on comprend le désarroi des électeurs.

Car enfin les réponses sont ailleurs : les réfugiés ne sont-ils pas avant tout d’origine climatique, devant la misère dans laquelle ils s’enlisent avec le changement climatique, l’appauvrissement des sols jusqu’alors garants de leur nourriture, les sévices dictatoriaux dont ils font l’objet, les guerres tribales ou ethno-religieuses ?

Tant que les seules réponses qu’apporte le NOM seront d’ordre néo-libéral, je crains une expansion virale des démocratures vers les dictatures. Et qui pourrait préfigurer ce que l’Homme a déjà connu avant le deuxième conflit mondial. Qui, je le rappelle, a fait plus de 60 millions de morts. Qu’en serait-il d’un troisième ?

Bruno Bourgeon

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PUBLICATION MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Mercredi 31 Octobre 2018 - 09:43

* Courrier des lecteurs de Clicanoo.re du

* Courrier des lecteurs d’Imaz-Press Réunion

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien du

LIENS

* Populisme sur Wikipédia

* Les Populismes
Tendances prospectives par Cédric POLERE, Politologue, sociologue, auteur indépendant : L’année 2016 a été marquée par le Brexit au Royaume-Uni, l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis ou encore par la présence de l’extrême droite nationaliste aux seconds tours des élections présidentielles françaises et autrichiennes. De plus, en Europe, une trentaine de mouvements populistes, extrémistes ou nationalistes, souvent de droite mais aussi de gauche, bouleversent le champ politique. Ils sont d’ailleurs aujourd’hui représentés par 171 des 751 députés européens, soit 22,8% du Parlement. Si cette tendance ne date pas d’hier, leur montée en puissance nous oblige tout de même à comprendre ce qui se joue, en sortant des poncifs. Pourquoi le populisme est-il une pente fatale pour les uns, un remède pour revivifier la démocratie pour d’autres ? Est-il possible de le caractériser et sinon, comment qualifier ces nouvelles forces politiques émergentes ? Quelles sont les raisons de leur essor ?

* Le populisme : un projet transformateur ?
Interview de Federico Tarragoni, chercheur et sociologue :" la principale vertu du populisme est qu’il prend très au sérieux l’utopie égalitaire que l’on place dans la démocratie, ce qui l’amène à critiquer les démocraties telle qu’elles existent aujourd’hui, en tant que systèmes de pouvoir très élitistes et caractérisés par une aristocratie élective. Mais le citoyen qui fait le choix du populisme n’entend pas seulement être bien représenté, il adhère à un projet transformateur ".

* Le populisme en question : le peuple ennemi de la démocratie ? Conférence donnée le 4 mars 2003.
Texte d’auteur : Annie Collovald attire l’attention sur des problèmes particulièrement troublants qui supposent de la part des citoyens et des gouvernants un surplus de raison et de sagesse : celui de la démocratie ici, qui déconstruit l’idée même de populisme trop facilement invoquée dans les débats publics.
"Les élections présidentielles de 2002 en ont témoigné : le "populisme" occupe désormais une place prédominante dans les commentaires politiques pour désigner des phénomènes qui, à l’instar du Front National (FN), étaient jusqu’alors pensés comme relevant de l’extrême droite. Le terme paraît certes pouvoir décrire un phénomène politique qui bouscule le clivage droite-gauche, en empruntant à l’une et à l’autre de leurs traditions politiques, tout en leur donnant une expression qui leur est étrangère : "solution autoritaire" via le pouvoir d’un leader et l’appel au "peuple", le tout s’accomplissant par delà toutes les médiations établies et contre les représentants politiques en place. S’il est rappelé parfois que la mobilisation s’effectue sur des propositions
nationalistes, xénophobes sinon racistes, "inentendues" depuis longtemps sous cette forme ("préférence nationale", "la France aux Français"), cette dimension tend à disparaître derrière la singularité des liens unissant le leader à ses adeptes. ..."