AID Association Initiatives Dionysiennes

Ouv zot zié !

Accueil > Politique > À l’aube de l’apocalypse

Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2022-096

À l’aube de l’apocalypse

Par Chris Hedges, traduit par Jocelyne le Boulicaut

vendredi 12 août 2022, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT, enseignante universitaire d’anglais retraitée, pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

À l’aube de l’apocalypse

Le 26 juillet 2022 par Chris Hedges / Original pour ScheerPost

Chris Hedges est journaliste. Lauréat du prix Pulitzer, il a été correspondant à l’étranger pendant 15 ans pour le New York Times, où il a occupé les postes de chef du bureau du Moyen-Orient et du bureau des Balkans. Il a auparavant travaillé à l’étranger pour le Dallas Morning News, le Christian Science Monitor et National Public Radio. Il est l’hôte de l’émission The Chris Hedges report.

Notre avenir climatique (M. Fish)

Pendant des décennies, on nous a avertis de la marche vers la mort que le réchauffement climatique nous impose. Et pourtant, la classe dirigeante mondiale continue à nous conduire à marche forcée vers l’extinction.

La semaine dernière, l’Europe a connu des vagues de chaleur record. Des incendies de forêt ont ravagé l’Espagne, le Portugal et la France. Les pompiers de Londres ont connu leur journée la plus chargée depuis la Seconde Guerre mondiale. Le Royaume-Uni a connu sa journée la plus chaude jamais enregistrée, avec plus de 40° Celsius.

En Chine, plus d’une douzaine de villes ont, ce week-end, émis une « alerte de chaleur maximale possible », alors que plus de 900 millions de Chinois subissent une vague de chaleur caniculaire accompagnée de graves inondations et de glissements de terrain dans de vastes régions du sud du pays. Des dizaines de personnes sont mortes.

Séquoia géant dans le bois de Tuolumne Grove du parc national de Yosemite, vallée de Yosemite, Californie, 2016. (Smith Collection/Gado/Getty Images)

Des millions de Chinois ont été déplacés. Les pertes économiques se chiffrent en milliards de yuans. Les sécheresses, qui ont détruit les récoltes, tué le bétail et forcé beaucoup de gens à fuir leur foyer, pourraient provoquer une famine dans la Corne de l’Afrique.

Plus de 100 millions de personnes aux États-Unis sont sous le coup d’alertes à la chaleur dans plus de deux douzaines d’États, en raison de températures allant de 30 à 40 degrés C. Des incendies ont détruit des milliers d’hectares de forêt en Californie.

Plus de 73 % du Nouveau-Mexique souffre d’une sécheresse « extrême » ou « grave ». Samedi, des milliers de personnes ont dû fuir un feu de forêt qui se déplaçait à toute vitesse près du parc national de Yosemite et 2 000 foyers et entreprises ont été privés d’électricité.

Ce n’est pas comme si on ne nous avait pas prévenus. Ce n’est pas comme si nous manquions de preuves scientifiques. Ce n’est pas comme si nous ne pouvions pas voir la constante dégradation écologique et l’extinction des espèces.

Et pourtant, nous n’avons rien fait. Le résultat en sera une mortalité à grande échelle qui fera plus de victimes que les massacres du fascisme, du stalinisme et de la Chine de Mao Zedong réunis.

La riposte désespérée consiste à brûler plus de charbon, surtout avec la montée en flèche du coût du gaz naturel et du pétrole, et à prolonger la durée de vie des centrales nucléaires pour soutenir l’économie et générer de l’air frais. C’est une réponse qui va à l’encontre du but recherché.

Joe Biden a approuvé plus de nouveaux permis de forage pétrolier que Donald Trump. Une fois que les coupures de courant commenceront, comme en Inde, les canicules infligeront un lourd tribut.

« La moitié de l’humanité se trouve en zone de danger, en raison des inondations, des sécheresses, des tempêtes extrêmes et des incendies de forêt », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, aux ministres de 40 pays réunis pour discuter de la crise climatique le 18 juillet dernier. « Aucune nation n’est à l’abri. Et pourtant, nous continuons à entretenir notre addiction aux combustibles fossiles ». « Le choix nous appartient, a-t-il ajouté. Action collective ou suicide collectif ».

L’ère de l’anthropocène – l’ère de l’influence humaine, qui a entraîné l’extinction d’espèces végétales et animales et la pollution des sols, de l’air et des océans – connaît une accélération. Le niveau des mers progresse trois fois plus vite que prévu.

Le sable sec du lit partiellement asséché du Rhin est photographié à Düsseldorf, dans l’ouest de l’Allemagne, le 25 juillet 2022, alors que l’Europe connaît une vague de chaleur (INA FASSBENDER/AFP via Getty Images)

La glace arctique disparaît à un rythme insoupçonné. Même si nous arrêtons les émissions de carbone aujourd’hui – nous avons déjà atteint 419 parties par million – les concentrations de dioxyde de carbone continueront à augmenter jusqu’à 550 ppm à cause de la chaleur piégée dans les océans. Les températures mondiales, même dans les scénarios les plus optimistes, continueront d’augmenter pendant au moins un siècle de plus. Cela suppose que nous affrontions cette crise. La Terre devient inhospitalière pour la plupart des formes de vie.

La température moyenne de la planète a augmenté d’environ 1,1 Celsius (1,9 degré Fahrenheit) depuis 1880. Nous approchons d’un point de basculement de 2 degrés Celsius, lorsque la biosphère sera tellement dégradée que rien ne pourra nous sauver.

Pendant des décennies, la classe dirigeante a nié la réalité de la crise climatique tout comme elle a refusé de la reconnaître et elle n’a rien fait. Tels des somnambules, nous sommes entrés dans la catastrophe. Des vagues de chaleur record. Des sécheresses monstres. Des changements dans le régime des pluies.

Une baisse du rendement des cultures. La fonte des calottes polaires et des glaciers, entraînant une élévation du niveau de la mer. Des inondations. Des feux de forêt. Des pandémies. L’effondrement des chaînes d’approvisionnement. Des migrations massives. La progression des déserts. L’acidification des océans qui fait disparaître la vie marine, source de nourriture pour des milliards de personnes.

Les boucles de rétroaction permettront à une catastrophe environnementale d’aggraver une autre catastrophe environnementale. L’effondrement sera non linéaire. Tels sont les présages de l’avenir.

La pression sociale et l’État de droit se déliteront. C’est ce qui se passe déjà dans de nombreuses régions du sud de la planète. Un dispositif de sécurité et de surveillance impitoyable, ainsi qu’une police lourdement militarisée, transformeront les nations industrielles en forteresses climatiques pour empêcher les réfugiés d’entrer et prévenir les soulèvements d’une population de plus en plus désespérée.

Les oligarques au pouvoir se réfugieront dans des complexes sécurisés dans lesquels ils trouveront services et équipements, notamment nourriture, eau et soins médicaux, dont le reste d’entre nous est privé.

Le vote, le lobbying, les pétitions, les dons aux groupes de pression environnementaux, les campagnes de désinvestissement des énergies fossiles et les manifestations visant à obliger la classe dirigeante mondiale à s’attaquer à la catastrophe climatique n’ont pas été plus efficaces que les appels empreints de superstition lancés par les victimes de la scrofule à Henri VIII pour qu’il les guérisse par une apposition de sa royale main.

Le soleil se couche derrière la Statue de la Liberté alors qu’elle est partiellement obscurcie par les vagues de chaleur provenant des gaz d’échappement d’un ferry qui passe, à New York (Gary Hershorn/Getty Images)

En 1900, brûler des combustibles fossiles – principalement du charbon – produisait environ 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an. Ce chiffre était multiplié par trois quand on est arrivé à 1950.

Aujourd’hui, le niveau est 20 fois supérieur à celui de 1900. Au cours des 60 dernières années, l’augmentation de CO2 a été, selon les estimations, 100 fois plus rapide que ce que la Terre a enregistré au cours de la transition de la dernière période glaciaire.

La dernière fois que la température de la terre a augmenté de 4 degrés Celsius, les calottes polaires n’existaient pas et les mers se trouvaient à des centaines de mètres au-dessus de leur niveau actuel.

Vous pouvez regarder mon interview en deux parties avec Roger Hallam, le cofondateur du groupe de résistance Extinction Rebellion, sur l’urgence climatique ici et ici

Il existe trois modèles mathématiques en ce qui concerne le futur : une disparition massive d’environ 70 % de la population humaine, suivie d’une stabilisation difficile ; l’extinction des êtres humains et de la plupart des autres espèces ; une reconfiguration immédiate et radicale de la société humaine pour protéger la biosphère.

Ce troisième scénario dépend de l’arrêt immédiat tant de la production que de la consommation de combustibles fossiles, de la conversion à un régime alimentaire à base de plantes pour mettre fin à l’élevage industriel – qui contribue presque autant aux gaz à effet de serre que l’industrie des combustibles fossiles –, de la végétalisation des déserts et de la réhabilitation des forêts tropicales.

Voilà des décennies que nous savions très bien ce que l’exploitation d’une centaine de millions d’années de lumière solaire stockée sous forme de charbon et de pétrole ferait au climat. Déjà, dès les années 1930, l’ingénieur britannique Guy Stewart Callendar a affirmé que l’augmentation de CO2 réchauffait la planète.

À la fin des années 1970 et dans les années 1980, les scientifiques qui travaillaient dans des entreprises telles qu’Exxon et Shell ont prouvé que la combustion de combustibles fossiles contribuait à l’augmentation de la température mondiale.

« Certains groupes scientifiques craignent que lorsque les effets seront mesurables, ils soient irréversibles et qu’à court terme, il n’y ait pas grand-chose à faire pour y remédier », indiquait un briefing interne de 1982 destiné à la direction d’Exxon. James Hansen, de la NASA, a déclaré au Sénat américain en 1988 que les émissions de CO2 et d’autres gaz étaient à l’origine de la hausse de la température.

Tropique du Chaos : Le changement climatique et la nouvelle géographie de la violence

Mais à partir de 1989, Exxon, Shell et d’autres sociétés de combustibles fossiles ont décidé que les risques d’une réduction importante de l’extraction et de la consommation de combustibles fossiles n’étaient pas acceptables pour leurs bénéfices. Elles ont investi dans un lobbying intense et dans le financement de fausses recherches et de campagnes de propagande visant à discréditer les données scientifiques sur l’urgence climatique.

Au centre le chef Waorani Nemonte Nenquimo, Equateur, Amazone (Photo Jerónimo Aguilar Zúñiga Amazon Frontlines)

Dans son livre Tropic of Chaos : Climate Change and the New Geography of Violence (Tropique du Chaos : Le changement climatique et la nouvelle géographie de la violence), Christian Parenti cite un extrait de « The Age of Consequences : The Foreign Policy and National Security Implications of Global Climate Change » (Le temps des répercussions : Les conséquences du changement climatique mondial sur la politique étrangère et la sécurité nationale), un rapport publié en 2007 par le Center for Strategic and International Studies et le Center for a New American Security.

R. James Woolsey, ancien directeur de la Central Intelligence Agency, écrit dans la dernière section du rapport : « Dans un monde où le niveau de la mer s’élève de deux mètres et où les inondations se pérennisent, il faudra un effort extraordinaire pour que les États-Unis, ou tout autre pays, regardent au-delà de leur propre salut. Toutes les façons dont les êtres humains ont fait face aux catastrophes naturelles dans le passé [...] pourraient se rassembler en une seule conflagration : fureur face à l’incapacité des gouvernements à faire face aux crises soudaines et imprévisibles ; ferveur religieuse, peut-être même augmentation spectaculaire des cultes millénaristes de fin du monde ; hostilité et violence envers les migrants et les groupes minoritaires, à une époque de changement démographique et de migration mondiale accrue ; conflits intra- et interétatiques relatifs aux ressources, en particulier la nourriture et l’eau douce. L’altruisme et la générosité seraient probablement atrophiés ».

Les profits générés par les combustibles fossiles et le mode de vie que la combustion de ces derniers procure aux privilégiés de la planète empêchent toute réponse rationnelle. L’échec est criminel.

Dans son ouvrage Requiem pour l’espèce humaine. Faire face à la réalité du changement climatique, Clive Hamilton décrit le triste soulagement que provoque la reconnaissance du constat que « un changement climatique catastrophique est pratiquement certain ».

« Mais le fait de l’accepter intellectuellement n’est pas la même chose que d’accepter émotionnellement la possibilité que le monde tel que nous le connaissons se dirige vers une épouvantable et funeste fin, écrit Hamilton. Il en va de même avec notre propre mort ; nous "acceptons" tous de mourir, mais ce n’est que lorsque la mort est imminente que nous affrontons ce que signifie vraiment notre mortalité ».

Brève histoire du progrès

Les défenseurs de l’environnement, depuis le Sierra Club jusqu’à 350.org, se sont terriblement trompés sur la classe dirigeante mondiale, pensant qu’elle serait réceptive aux pressions ou qu’elle pourrait être convaincue de procéder à des restructurations sismiques afin d’arrêter la dégringolade vers l’enfer climatique. Ces organisations environnementales ont cru que la responsabilisation des gens passait par l’espoir, même si cet espoir était fondé sur un mensonge.

Elles n’ont pas pu ou n’ont pas voulu dire la vérité. Ces "Pollyannas" du climat [ du nom de l’héroïne du roman d’Eleanor H.Porter. Le principe de Pollyanna (ou biais de positivité) est la tendance des personnes à se souvenir des éléments agréables plutôt que des désagréables, biais subconscient vers le positif, NdT], comme les appelle Hamilton, « adoptent la même tactique que les prophètes de malheur, mais à rebours. Au lieu de prendre un très faible risque de catastrophe et de l’exagérer, ils prennent un très fort risque de catastrophe et le minimisent ».

Les humains habitent des villes et des États depuis 6 000 ans, « soit à peine 0,2 % des deux millions et demi d’années écoulées depuis que notre premier ancêtre a taillé une pierre », note l’anthropologue Ronald Wright dans Brève histoire du progrès.

La myriade de civilisations édifiées au cours de ces 6 000 ans se sont toutes décomposées et effondrées, la majorité d’entre elles à cause du gaspillage inconsidéré des ressources naturelles qui les faisaient vivre.

La plus récente des civilisations mondiales a été dominée par les Européens, qui ont fait usage de la guerre industrielle et du génocide pour contrôler une grande partie de la planète. Les Européens et les Euro-Américains se sont lancés pendant 500 ans dans une course effrénée vers la conquête, le pillage, l’exploitation et la pollution de la terre, tout en tuant les communautés indigènes, gardiennes de l’environnement depuis des milliers d’années, qui se trouvaient sur leur chemin. La frénésie d’expansion économique et d’exploitation incessante, accélérée par la révolution industrielle il y a deux siècles et demi, est devenue une malédiction, une condamnation à mort.

Les anthropologues, dont Joseph Tainter dans L’Effondrement des sociétés complexes, Charles L. Redman dans Human Impact on Ancient Environments (L’impact de l’homme sur les environnements anciens) et Ronald Wright dans Brève histoire du progrès, ont exposé les schémas familiers qui conduisent à l’effondrement des systèmes. Les civilisations, comme l’écrit Tainter, sont « des entités fragiles et impermanentes ». L’effondrement, écrit-il, « est une tendance récurrente des sociétés humaines ».

Les immenses statues de l’île de Pâques étaient autrefois attribuées à des extraterrestres, mais les scientifiques et les historiens ont conclu qu’elles avaient été construites par les habitants de l’île pendant des centaines d’années (Nicholas Kristof/The New York Times)

Cette fois, c’est toute la planète qui s’effondrera. Avec cet effondrement final, il ne restera plus de nouvelles terres à exploiter, plus de nouveaux peuples à soumettre ou de nouvelles civilisations pour remplacer les anciennes.

Nous aurons épuisé toutes les ressources de la planète, la laissant aussi désolée que les ultimes jours d’une île de Pâques dévastée.Tout au long de l’histoire de l’humanité, les sociétés complexes s’effondrent peu de temps après avoir atteint leur période de plus grande magnificence et de prospérité.

« L’un des aspects les plus pathétiques de l’histoire de l’humanité est que chaque civilisation se montre la plus prétentieuse, conjugue ses dimensions partisanes et universelles de la manière la plus convaincante, et revendique l’immortalité pour son existence finie au moment même où la décomposition qui la mène à la mort a déjà commencé », écrit le théologien Reinhold Niebuhr dans Beyond Tragedy : Essays on the Christian Interpretation of Tragedy (Au-delà de la tragédie : Essais sur l’interprétation chrétienne de la tragédie).

Les choses mêmes qui font prospérer les sociétés à court terme, notamment les nouveaux moyens d’exploiter l’environnement comme l’invention de l’irrigation ou l’utilisation des combustibles fossiles, conduisent à long terme à un désastre. C’est ce que Wright appelle le « piège du progrès ».

« Nous avons enclenché une machine industrielle d’une telle complexité et d’une si grande dépendance vis-à-vis de notre expansion, note Wright, que nous ne savons pas comment nous contenter de moins ou passer à un état d’équilibre en ce qui concerne nos exigences envers la nature ».

Selon un rapport de l’université Brown, l’armée américaine, qui entend dominer le monde, est la plus grande émettrice institutionnelle de gaz à effet de serre. C’est cette même armée qui a désigné le réchauffement climatique comme un « facteur de multiplication de menaces » et un « agent accélérateur d’instabilité ou de conflit ».

L’impuissance que nombre de gens ressentiront face au chaos écologique et économique déclenchera de nouveaux délires collectifs, comme les croyances fondamentalistes en un ou plusieurs dieux qui reviendraient sur terre pour nous sauver.

La droite chrétienne offre un sanctuaire à cette pensée magique. Les cultes de crise se sont rapidement répandus au sein des sociétés amérindiennes à la fin du XIXe siècle, alors que les troupeaux de bisons et les tribus survivantes étaient menacés d’extermination.

La Danse des esprits [La Danse des Esprits était un mouvement religieux nord-amérindien. Sa pratique la plus connue était une danse menée en cercle, NdT] offrait l’espoir que toutes les atrocités de la civilisation blanche — les chemins de fer, les régiments meurtriers de cavalerie, les négociants en bois, les spéculateurs miniers, les organisations tribales honnies, les barbelés, les mitrailleuses, voire l’homme blanc lui-même — allaient disparaître. Notre câblage psychologique n’est en rien différent.

La plus grande crise existentielle de notre époque consiste à être tout à la fois prêt à accepter la désolation qui nous attend et à résister. La classe dirigeante mondiale a perdu sa légitimité et sa crédibilité. Elle doit être remplacée. Pour cela, il sera nécessaire de recourir à des actes de grande ampleur et prolongés de désobéissance civile, telle que ceux organisés par Extinction Rebellion, afin de chasser les dirigeants mondiaux du pouvoir.

Une fois que les dirigeants nous verront comme une menace réelle, ils deviendront violents, voire barbares, dans leurs efforts pour s’accrocher à leurs privilèges et à leur pouvoir. Nous ne réussirons peut-être pas à arrêter la marche de la mort, mais au moins, nous permettons à ceux qui viendront après nous, et surtout à nos enfants, de dire que nous avons essayé.

Version imprimable :