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83 ème chronique de la Macronésie

CM83 - Préparez-vous à la crise mondiale, lancée par la Chine... et l’énergie

par Dr Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID

lundi 5 novembre 2018, par JMT

Le nom du nouvel hymne qui devra accompagner notre survie pourrait être " Sois eroeitique" sur unair célèbre datant de 1970. Cela aurait le mérite de populariser quelque chose d’aussi majeur que l’EROEI (TRE en français) qui devrait être la base de tout raisonnement, toute analyse et toute décision majeure impactant gravement notre avenir proche.

Et comme les emmerdements volent toujours par paire, l’EROEI existe aussi pour les énergies renouvelables que l’on veut transformer en électricité pour son côté extrêmement pratique. Seulement cela ne se fait pas par magie, il faut au contraire "investir" c’est à dire consommer au préalable avant de produire, notamment de l’énergie pour bâtir les machines et installations, mais aussi pour extraire, raffiner, transporter les matières premières souvent rares et difficiles à obtenir.

Il existe donc une loi physique qui constate que la puissance installée de ces installations ne peut, sans augmenter instantanément la consommation globale d’énergie, croître à un rythme supérieur à l’inverse du "taux de retour énergétique", c’est à dire du nombre d’années de fonctionnement de l’installation au bout desquelles elle aura fourni la même énergie nette que celle consommée pour exister. 10% par an pour 10 ans, 12,5% par an pour 8 ans, 14,3% par an pour 7ans, etc...)

Et la Macronésie là-dedans ? comme la Cantatrice Chauve, elle se coiffe toujours de la même façon : -) . Dans la ligne droite des gouvernements précédents, on attend toujours le grand plan de reconversion énergétique censé émerger des mesurettes sans financement pondues par des lois successives accouchant de taupinières et des discours incantatoires pour occuper la télé sans effaroucher les marchés.

Préparez-vous à la crise mondiale, lancée par la Chine... et l’énergie

La finance mondiale est à l’orée d’une crise majeure. La chute de la rentabilité de l’énergie en Chine en est le facteur promoteur, bien qu’ignoré des économistes orthodoxes.

Au moment où le monde se prépare à une nouvelle récession mondiale, tous les regards se tournent vers la Chine. Depuis 2007, sa dette a quadruplé. Selon le FMI, elle représente environ 234% du PIB, et pourrait atteindre 300% en 2022. Les données officielles ne refléteraient pas cette décélération de l’économie chinoise. Qu’on espère passagère : la Chine opère la transition de son économie depuis la production industrielle et les exportations vers la consommation et les services.

Dans le même temps, le taux de croissance de la Chine continue de baisser. Ce qui semble irréversible. Les mesures chinoises énergiques pour soutenir la croissance sont en perte de vitesse.

Le ralentissement économique de la Chine coïncide avec les anticipations selon lesquelles le mouvement de hausse du marché boursier de Wall Street pourrait prendre fin. Il atteindra un pic qui sera suivi d’une chute massive de 40 à 50% à partir du printemps 2019 ou au plus tard en 2020. Des signes avant-coureurs ont commencé à apparaître. A l’instar de 2000 et 2007.

Cette année, Insurge Intelligence (le site de l’auteur de cette tribune) a prédit ce krach sur le fondement des analyses des crises bancaires précédentes. La vulnérabilité des économies étasunienne et chinoise, plus la kyrielle d’autres faiblesses dans de nombreux pays, depuis le Brexit jusqu’à l’Italie en passant par la Turquie, démontre que le choc qui en résultera aura un effet domino sur de nombreuses autres faiblesses. Cela pourrait conduire à bien pire qu’en 2008.

Mais les analystes financiers ont oublié un moteur biophysique bien plus profond de la chute économique de la Chine : l’énergie. En octobre 2017, Insurge Intelligence attire l’attention sur une étude menée par l’Université chinoise du pétrole de Pékin, qui révèle que la Chine a atteint le pic de sa production pétrolière en 2018. Faute de trouver un approvisionnement alternatif, ce pic sapera la croissance économique continue de la Chine et remettra en cause son développement.

L’étude fait appel au taux de retour énergétique (TRE), ratio entre la quantité d’énergie consommée pour l’extraction et la quantité d’énergie extraite. L’équipe a tenté d’affiner le calcul du TRE : les calculs standards se fondent sur l’énergie produite au niveau du puits rapportée à celle utilisée pour l’extraire, alors qu’une mesure plus précise prendrait en compte l’énergie disponible au point de consommation (non seulement après extraction, mais aussi transformation et transport jusqu’au point d’utilisation).

Ainsi, sur une période d’environ trois décennies (entre 1987 et 2012), le rendement de l’extraction des combustibles fossiles domestiques de la Chine a diminué de plus de la moitié, passant de 11 pour 1 à 5 pour 1 (c’est-à-dire qu’il faut désormais consommer une tonne de pétrole pour en extraire 5). Un constat similaire vaut pour le charbon : en 1987, la production consommait en moyenne 1 tonne d’équivalent charbon standard (TEC) d’énergie pour produire 10 TEC d’énergie nette. En 2012, ce rapport est tombé à 1 pour 4,25.

La Chine n’est pas seule à connaître un déclin de son TRE. C’est un phénomène mondial. Nous ne sommes pas à court de combustibles fossiles : mais à mesure que la qualité des ressources de ces combustibles diminue, nous augmentons les coûts qui pèsent sur l’environnement et nos systèmes de production, et qui ont une incidence croissante sur la vitalité de l’économie mondiale.

Tant que les grandes institutions économiques resteront aveugles aux fondements biophysiques de l’économie, elles ignoreront les raisons structurelles fondamentales pour lesquelles la configuration actuelle du capitalisme mondial est sujette aux crises et aux effondrements récurrents.

Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID

D’après Nafeez Ahmed, fondateur d’Insurge Intelligence

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PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Lundi 12 Novembre 2018 - 16:42

* Courrier des lecteurs d’ Imaz-Press Réunion publié le

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du 15 Novembre 2018

LIENS

* Taux de Retour Energétique (EROEI) sur Wikipédia

* The next financial crash is imminent, and China’s resource crisis could be the trigger
By Nafeez Ahmed, Investigative systems journalist. Crowdfunding investigations here 2018/09/12
Over three decades, the value of energy China extracts from its domestic oil, gas and coal supplies has plummeted by half

* Le prochain krach financier est imminent, et il pourrait avoir pour déclencheur la crise des ressources en Chine.Par Nafeez Ahmed 17.octobre.2018 // Les Crises.fr

Nafeez Ahmed est le fondateur d’INSURGE Intelligence. Il est journaliste d’investigation depuis 17 ans, anciennement au journal The Guardian, où il a rendu compte de la géopolitique des crises sociales, économiques et environnementales. Nafeez couvre le ‘changement global du système’ pour la chaîne ‘Motherboard’ du média canadien VICE, et la géopolitique régionale pour Middle East Eye. Il publie dans The Independent on Sunday, The Independent, The Scotsman, Sydney Morning Herald, The Age, Foreign Policy, The Atlantic, Quartz, New York Observer, The New Statesman, Prospect, Le Monde diplomatique, etc. Il a remporté à deux reprises le Project Censored Award pour ses reportages d’investigation. Il est apparu deux fois dans la liste des 1 000 plus londoniens les plus influents du Evening Standard et a remporté le prix Naples, le prix littéraire le plus prestigieux d’Italie créé par le Président de la République. Nafeez est également un universitaire interdisciplinaire largement publié et cité qui applique l’analyse de systèmes complexes pour étudier la violence écologique et politique.

Source : Insurge Intelligence, Nafeez Ahmed, le 12 septembre 2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.