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84 ème chronique de la Macronésie

CM84 - Carburants : pourquoi la France s’embrase

par Dr Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID

mercredi 14 novembre 2018, par JMT

Seule la vérité des prix de l’énergie dans tous les domaines et surtout pour les énergies fossiles don til faut absolument réduire à néant la consommation, permettra de réorganiser notre société, de la rendre moins boulimique. Certes des raisons sociales imposent de compenser l’impératif écologique par des mesures correctives ciblées à ceux qui en ont vraiment besoin.

Mais ce ne sont pas les pauvres qui n’ont pas de voiture et qui souffrent du manque de transport public qui appellent à manifester. Et pourquoi manifester un samedi quand ça ne gêne que marginalement l’économie ? Je suis donc absolument opposé à ces mouvements poujadistes qui réclament la baisse du prix des carburants en croyant que ça suffira pour s’en sortir et je ne viendrai donc pas manifester pour des prix bas de l’énergie, ni le 17 ni jamais car c’est un leurre.

Si par malheur on réduisait les taxes, on s’engagerait dans un engrenage qui les ramènerait finalement à zéro,ce qui flinguerait deux fois la transition écologique en supprimant le signal-prix et en faisant disparaître les recettes fiscales pour en subventionner le démarrage. Souvenons-nous que c’est une politique d’essence chère qui a fait que les véhicules européens, qui devaient l’économiser, ont toujours été techniquement en avance sur la production étatsunienne. Ensuite il arrivera un jour dans peu d’années, c’est inexorable, où seule la hausse du prix du pétrole brut fera remonter le prix à la pompe, comme cela se passe aux USA

Et là on fera quoi ? Actuellement les taxes en Europe amortissent les hausses car le pétrole représente seulement le 1/4 du prix du litre. Aux USA c’est la récession et la misère pour les pauvres motorisés chaque fois que le prix à la pompe suit fidèlement les hausses du brut, alors ils préfèrent bousiller leur environnement, polluer leurs nappes phréatiques pour faire pisser gaz et pétrole de schiste pour maintenir le prix bas, mais dans 15 ans ce sera fini !.

Et l’économie dopée au pétrole aussi, avec le chômage qui ira bien avec. Les (vrais) riches se foutent du prix du pétrole, ils auront toujours de quoi payer leurs pleins et l’incidence sur tous les produits . Et du pétrole il y en aura toujours, seulement de plus en plus cher jusqu’à ce que plus aucune entreprise n’accepte d’en produire. Mais les riches auront déjà mis en oeuvre pour eux-mêmes des solutions alternatives que la majorité refuse sous l’appellation d’écologie punitive !

Ca fait 40 ans qu’on persiste dans la même erreur. La France crève du boulet des importations pétrolières qui mettent notre balance commerciale en déficit depuis toujours, même en ce moment où le prix du pétrole est ridiculement bas, et qui impose aux français une charge de travail collective supplémentaire.

On ne rappelle pas assez que par rapport au SMIC, le prix de l’essence à la pompe est actuellement 2 fois plus bas proportionnellement qu’en 1974 alors que les véhicules consomment 2 fois moins au km. Résultat on roule de plus en plus : comment en est-on arrivé à un tel aveuglement ? combien de temps croit-on qu’on pourra supporter cette addiction ?

Hollande, pas à une reculade près, a baissé culotte contre les bonnets rouges alors qu’il suffisait de corriger à la marge quelques errements de la taxe carbone, supprimer ainsi des déplacements inutiles, engager la transition énergétique qu’elle devait financer. A ceux qui ont choisi de voter Macron de supporter maintenant les conséquences de leur vote ! Tout cela était prévisible ! C’est la même feuille de route depuis des années

Vous voulez vraiment faire baisser la note de vos déplacements ? COVOITUREZ et limitez vos déplacements inutiles, notamment pour aller à des manifs à 2 pelés et 3 tondus dont le pouvoir se tamponne vu qu’il sait bien que c’est à nous-mêmes que nous faisons du tort, pas aux multinationales ni à l’Etat !

Carburants : pourquoi la France s’embrase

Le 17 novembre la France risque fort de se retrouver bloquée suite à un appel à manifester contre la hausse des prix des carburants. Un appel qui n’émane pourtant à l’origine d’aucune force sociale ou politique. Comment se fait-il que ce sujet mobilise autant les Français et pas leurs voisins européens qui ont pourtant subi eux aussi les effets de la remontée des prix du pétrole intervenue depuis 2017 ? 10 tentatives d’explication.

1) La France n’est que le huitième pays d’Europe pour le prix du super 95 à la pompe, exactement dans la moyenne de la zone euro. Entre les pays d’Europe de l’Ouest, les différences sont minimes sur ce plan.

2) Pour le diesel en revanche, la France se situe plus haut dans le classement et significativement au-dessus de la moyenne de la zone euro.

3) La France figure parmi les pays européens qui taxent le plus le super 95, aux côtés à la fois des pays nordiques, qui ont adopté des politiques très incitatives en matière d’énergies carbonées, et des pays d’Europe du Sud, qui ont traditionnellement des systèmes fiscaux fondés essentiellement sur les taxes à la consommation. Le fait que la France figure plus haut dans ce classement que dans celui des prix à la pompe tend à indiquer que les distributeurs français ne se « sucrent » pas particulièrement : les prix des carburants hors taxes sont plutôt bas dans l’Hexagone si on les compare à nos voisins.

4) Cette position de pointe en matière de taxation des carburants est encore plus nette pour le diesel, dans la mesure où de nombreux pays conservent pour ce carburant une fiscalité sensiblement inférieure à celle de l’essence. Ce qui n’est quasiment plus le cas en France.

5) Cette taxation des carburants plus élevée que la moyenne européenne résulte d’une hausse sensible, deux fois plus importante que la moyenne pour le super 95, intervenue depuis 2015 et l’adoption de la loi de transition énergétique promue par Ségolène Royal. A contrario les taxes sur le super, exprimées en euros, ont sensiblement baissé au Royaume-Uni. La hausse de ces taxes a été plus importante qu’ailleurs depuis 3 ans.

6) Mais c’est surtout sur la taxation du diesel que le bond a été spectaculaire en France depuis trois ans, même si la hausse a été en moyenne deux fois plus importante sur le diesel que sur l’essence dans la zone euro. Seuls les Belges ont augmenté davantage encore que les Français les taxes sur le diesel.

7) Cette hausse très importante des taxes sur le diesel, et donc des prix qui étaient déjà poussés vers le haut par ailleurs par la hausse des prix du pétrole, intervient dans un contexte où le parc automobile français reste encore, et de loin, le plus diesélisé d’Europe du fait des politiques publiques très incitatives menées en ce sens pour valoriser le savoir-faire acquis dans ce domaine par les constructeurs français.

8) Pour autant la France ne figure pas parmi les pays les plus motorisés d’Europe : rapportés au nombre d’habitant, les véhicules particuliers y sont moins nombreux qu’en Italie, en Allemagne, en Pologne ou en Belgique.

9) En revanche les Français figurent, malgré leur faible taux de motorisation, parmi ceux qui roulent le plus en voiture. Ce qui signifie que ceux qui possèdent une voiture effectuent en moyenne nettement plus de kilomètres que la plupart de nos voisins européens.

10) Ce paradoxe apparent entre un faible taux de motorisation et une forte utilisation des véhicules particuliers s’explique notamment par un niveau d’étalement urbain très important : en termes de terrains artificialisés, chaque français occupe au sol 1,9 fois plus de place qu’un britannique, 1,7 fois plus de place qu’un néerlandais, 1,4 fois plus qu’un allemand et 1,3 fois plus qu’un italien.

Cette dernière raison est finalement la plus convaincante : la nécessité dans laquelle se trouvent nos concitoyens d’utiliser quotidiennement leurs véhicules pour les trajets domicile-travail ou pour accéder à des centres commerciaux.

Bruno BOURGEON, porte parole d’AID www.aid97400.re

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PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du

* Courrier des lecteurs de Clicanoo.re du 14 nov 2018, 16h28

* Courrier des lecteurs d’ Imaz-Press Réunion publié le

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du

LIENS

* Alternatives Economiques : Data Carburants : pourquoi la France s’embrase
Guillaume Duval 12/11/2018

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