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87 ème chronique de la Macronésie

CM87 - La première Jacquerie de la crise écologique

par Dr Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID

mardi 20 novembre 2018, par JMT

Jacquerie ! Le mot est dit ! Oui c’est une jacquerie mais pas une jacquerie de serfs illettrés, vendus avec leur terre et soumis à l’arbitraire de leur seigneur et maître ayant pouvoir de vie et de mort sur eux. La société a quand même un petit peu changé depuis.

Pour commencer il reste encore des très pauvres dans notre société : ils ne sont pas imposés, même s’ils paient des taxes sur les produits de première nécessité qu’ils achètent quand ils ont de l’argent, la plupart n’ont pas d’emploi ou des emplois précaires mal payés, pas de véhicule et ils souffrent très durement du manque de transports publics, relégués au rang de parent pauvre du faire de la priorité absolue donnée à la sacro-sainte bagnole. Les revendications des gilets jaunes ne les concernent pas car ils ont avant tout besoin de travail et d’aide financière directe, et la baisse des recettes publiques n’est pas de nature à leur en donner !

Ensuite nos nouveaux prétendus manants, malmenés pendant 20 ans par des politiques n’ayant aucune considération pour eux, ont "explosé" uniquement avec les hausses répétées du prix des carburants, mais comme toujours ils ont la mémoire courte. Ils ont oublié que pendant des années ils ont bénéficié de prix de carburant historiquement bas et qu’ils sont restés ou sont devenus addicts à la bagnole et acheté n’importe quoi dès lors que la pub le leur ordonnait. Combien d’entre eux se sont mis en grève pour obtenir des transports en commun rapides et efficaces ? combien d’entre eux ont cherché à diminuer leurs besoins de transports ?

Certes, des augmentations de dépenses "forcées" dans un budget limité sont gênantes voire traumatisantes car il faudra faire d’autres choix de moins en moins possibles. Certes la Macronésie avec ses gros sabots a donné des verges pour se faire battre avec ses multiples cadeaux fiscaux (ISF, CICE) et budgétaires (poursuite de l’endettement) aux riches, supposés relancer l’investissement productif : MDR ! Où y-a-t-il encore un être sain d’esprit capable de croire de telles billevesées. Quand on est multimillionnaire et qu’on "investit", ce n’est pas dans la production des yaourts, ni des vélos , mais on confie son argent à des fonds spécialisés (dont les fonds vautours qui rachètent les créances pourries avec une énorme décote puis prennent le contrôle des société émettrices et les mettent sur la paille en se remboursant sur la bête) qui vont chercher à en tirer le rendement financier maximum. Pas un gramme de production supplémentaire, pas d’usines, pas de bureaux, pas de salariés, pas d’achats, pas de sous-traitants.

Quelle que soit la durée du mouvement, il faut que les gilets jaunes comprennent que leur mode de vie est révolu : comme l’un d’entre eux qui annonçait dépenser 350€ par mois de carburant pour gagner 1350€, ça ne pourra pas durer car le prix du carburant augmentera inexorablement avec la hausse des coûts de l’extraction et du raffinage, beaucoup plus que son salaire ne pourra augmenter. L’avenir c’est la limitation des déplacements à ceux qui sont indispensables, donc il faudra réduire fortement la distance entre logement, emploi ,commerces, services et lieux de loisirs quotidiens, relocaliser la production des biens et services sur un périmètre de proximité, favoriser au maximum les échanges de logements, d’emplois, remettre de la mixité urbaine, etc... Z’avez entendu tout cela dans les demandes des gilets jaunes ?

La première Jacquerie de la crise écologique

Dix ans après le début de la crise de 2008, l’explosion sociale survient avec une puissance qui interroge. On a affaire à du radicalement nouveau qui rompt avec tout ce que l’on a connu au XXe siècle en Europe... Quelque chose de plus ancien : la Jacquerie. Terme repris par Eric Zemmour. Non que je sois zemmourien, bien au contraire.

Guillaume Blavette

Pourquoi une Jacquerie ? Si le terme a un sens péjoratif, en fait, avec le regard de l’histoire, la fièvre actuelle n’est pas sans rappeler la Grande Jacquerie de 1358, dans un contexte d’heures sombres, en pleine guerre de 100 ans, après la défaite de Poitiers et la perte de confiance des paysans envers leur noblesse, au moment de la Peste Noire. A ceci se surajoute des récoltes de mauvaise qualité sous un climat rude, en bref la paysannerie se serrait la ceinture quand la noblesse pillait et surtaxait les serfs et vilains. Prémices de la lutte des classes ? Conjoncture comparable face à la crise écologique qui ruine les sociétés industrielles ?

Ce mouvement peut choquer par les outrances et l’absence de discours structuré. Il faut plus s’attacher aux signes qu’aux grandes tirades de quelques porte-parole autoproclamé. Le malaise est palpable. La souffrance ne l’est pas moins. C’est une indignation sociale. Après dix années de lente macération, l’accumulation des coups finit par pousser hors de chez elle une multitude qui s’était tenue à l’écart du jeu politique. Chômage, précarité, baisse des revenus alors que les charges fixes ne cessent de croître ont eu raison de la résignation des plus prudents. Ils ont passé le cap en recourant à une forme d’action qu’ils dénonçaient hier : le blocage.

Mais un blocage qui n’a rien à voir avec les classiques mouvements sociaux. Tous les codes ont volé en éclats, emportés par une rage qu’atteste le maintien encore ce jour d’un nombre conséquent de rassemblements. Même si les participants sont moins nombreux, ce ne sont pas les soutiens politiques qui galvanisent le peuple du 17 novembre mais quelque chose d’autre. Quelque chose qui laisse penser que la vague n’est pas prête de retomber. Les réformes déjà annoncées (retraites, prélèvements à la source, etc.) par un gouvernement aux abois n’ont rien d’enthousiasmant. Ce sont bien des nuages noirs qui arrivent sur la France périphérique qui n’en peut mais...

Le paradoxe est que cela survient lorsque le pouvoir propose pour la première fois une mesure sensée : taxer l’essence à l’heure où la France ne tient ni ses objectifs de qualité de l’air ni ses objectifs climatiques. Un gouvernement qui ose aborder la question épineuse du financement de la transition énergétique. Transition que bien évidemment aucune entreprise ne veut financer.

Là se niche le problème. On en peut pas comprendre ce qui se passe sans avoir en tête que la crise écologique ne se mesure pas qu’en tonnes de CO2 ou en millions d’hectares artificialisés. Cette crise a des conséquences sociales et économiques. Elle a entraîné une baisse tendancielle des profits et fait plonger des sociétés qui n’ont pas accès directement à des ressources de plus en plus rares. La casse des services publics et la liquidation des droits sociaux ont servi d’expédients. La crise écologique éclate aujourd’hui à la face de tous, pauvres et puissants.

La multitude du 17 novembre, tels les Jacques des campagnes du XIVe siècle, prend cette crise de plein fouet alors que les protections des 30 Glorieuses ont disparu. Faute d’avoir été entendue, elle s’empare de l’espace public. Mieux vaut cela que de porter au pouvoir un Trump ou un Bolsonaro. Et ce n’est pas un mouvement conjoncturel, mais bien structurel. Les Gilets jaunes éclairent le crépuscule de la société industrielle fondée sur croissance et confort bourgeois.

La réponse ne peut tenir dans un simple appel au financement d’une transition écologique qui s’impose. Ce sont des mesures d’une toute autre ampleur, pour "donner" du pouvoir d’achat, pour permettre aux gens de retrouver une dignité ôtée par 40 ans de libéralisme.

Cela ne se fera pas sans grincements de dents car il va falloir désapprendre. Désapprendre la voiture individuelle, désapprendre la grande distribution, désapprendre à vivre séparé d’une nature qui est notre ultime alliée face à la catastrophe construite par l’économie ultra-libérale. Face au vertige d’une décroissance subie, l’issue n’est-elle pas d’avancer vers une décroissance choisie ?

Bruno Bourgeon
d’après Guillaume Blavette

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PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du

* Courrier des lecteurs de Clicanoo.re du

* Courrier des lecteurs d’ Imaz-Press Réunion publié le

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du

Source : La première jacquerie de la crise écologique

19 nov. 2018 Par Guillaume Blavette Blog : Ecologie et énergies

Le surgissement du peuple ce week-end ne finit pas de surprendre. 10 ans après le début de la crise de 2008, l’explosion sociale survient avec une puissance qui interroge. On a affaire à quelque chose de radicalement nouveau qui rompt avec tout ce que l’on a connu au XXe siècle en Europe... quelque chose qui rappelle des événements plus anciens.

D’aucuns peuvent être choqués par le titre de ce billet d’humeur. Jacquerie a en effet un sens pour le moins péjoratif en ce début de XXIe siècle. Mais si on prend les lunettes de l’historien et plus particulièrement du médiéviste, le mot prend un tout autre sens. Les jacqueries étaient des révoltes des campagnes exposées aux terribles crise d’Ancien Régime, ces crises qui acculaient la paysannerie à la disette et à la famine. A chaque fois le dérèglement du climat entraînait de mauvaises récoltes mettant en péril la captation de la rente par la noblesse. La fronde ne tardait pas à partir pour le seul motif de garder le peu que la nature voulait bien encore accorder en ces temps de crise.

Ne serions nous pas en présence d’une configuration comparable face à la crise écologique globale qui ruine à la base les sociétés industrielles ?

Ce mouvement peut choquer au vu de certaines outrances et de l’absence de discours structuré. Mais parfois il faut plus s’attacher aux signes et aux paroles éparses qu’aux grandes tirades de quelques porte-parole autoproclamé. Le malaise est palpable. La souffrance ne l’est pas moins. On a clairement affaire à une indignation sociale face au monde confortable et prospère mis en scène par les médias de masse. Ces gens là en ont marre. Et ça devait bien finir par exploser.

Après dix années de lente macération, l’accumulation des coups finit par pousser hors de chez elle une multitude qui jusque là avait bien pris garde de se tenir à l’écart du jeu politique. Chômage, précarité, stagnation voire baisse des revenus alors que les charges fixes ne cessent de croître ont eu raison de la résignation des plus prudents. Ce week-end ils ont passé le pas en recourant à une forme d’action qu’ils pouvaient dénoncer hier, le blocage.

Mais un blocage qui n’a rien à voir avec ce que les mouvements sociaux pouvaient mettre en oeuvre. Tous les codes ont en effet volé en éclat emporté par une rage qu’atteste le maintien encore ce soir d’un nombre conséquent de rassemblements. Même si les participants sont moins nombreux, ce ne sont pas les soutiens politiques mis en scène qui galvanisent le peuple du 17 novembre mais quelque chose d’autre. Quelque chose qui laisse penser que la vague n’est pas prête de retomber.

Les réformes déjà annoncées (retraites, prélèvements à la source, etc.) par un gouvernement aux abois n’ont rien de d’enthousiasmant, il faut l’avouer. Ce sont bien des nuages noirs qui arrivent sur la France périphérique qui n’en peut déjà plus et qui n’a donc plus grand chose à perdre...

Le paradoxe dans tout ça est que la fronde survient lorsque le pouvoir propose pour la première fois une mesure qui n’est pas trop déconante. Taxer l’essence à l’heure où la France ne tient ni ses objectifs de qualité de l’air ni ses objectifs climatiques n’est pas totalement absurde. Pour la première fois depuis le vote de la Loi de transition, on a même un gouvernement qui ose aborder la question épineuse du financement de la transition énergétique. Transition que bien évidemment aucune entreprise ne veut financer. Au mieux elles pensent pouvoir en profiter. Mais d’ici à rogner sur leurs profits pour contribuer à l’adaptation au changement climatique, vous pensez bien qu’il y a un monde !

Parce que c’est bien là à mon sens que se niche le cœur du problème. On en peut pas comprendre ce qui se passe sans avoir en tête que la crise écologique ne se mesure en tonnes de CO2 ou en millions d’ha artificialisés. Cette crise a des conséquences immédiatement sociales et économiques dont bien peu parlent depuis trois décennies. Non seulement elle a entraîné une baisse tendancielle des taux de profits mais elle a plongé dans une chute vertigineuse les sociétés qui n’ont pas accès directement à des ressources de plus en plus rares. La casse des services publics et la liquidation des droits sociaux ont pu un temps servir d’expédients pour cacher la crise. Reste qu’aujourd’hui elle éclate à la face de tous, pauvres et puissants.

Il n’y a plus de grain à moudre et c’est insupportable de le constater

La multitude du 17 novembre tels les Jacques des campagnes du XIVe siècle se prennent cette crise de plein fouet alors que toutes les protections dressées tout au long des 30 Glorieuses ont fondu comme neige au soleil. Faute d’avoir été entendus, ils s’emparent à présent de l’espace publique pour se rappeler au bon souvenir de ceux qui gouvernent.

Vaut mieux ça que de porter au pouvoir un Trump ou un Bolsonaro. En tout cas une chose est certaine, nous ne sommes pas là en face d’un surgissement conjoncturel. La colère des Gilets jaune touche à quelque chose de structurel. Ils éclairent de leur émotion le crépuscule de la société industrielle fondée sur le mythe de la croissance et du confort bourgeois.

La réponse ne peut tenir dans un simple appel au financement d’une transition écologique qui s’impose. Ce sont des mesures d’une toute autre ampleur qui s’imposent non pas tant pour "redonner" du pouvoir d’achat mais pour permettre aux gens de retrouver une dignité que 40 ans de libéralisme leur a retiré.

Cela ne se fera pas sans grincements de dents parce que le problème est que pour entamer la transformation qui s’impose, il va falloir désapprendre. Désapprendre la voiture individuelle, désapprendre la grande distribution, désapprendre à vivre séparé d’une nature qui est notre ultime alliée face à la catastrophe qu’on construit les fanatiques de la puissance et de la richesse.

Face au vertige d’une décroissance subie, l’issue ne serait-elle pas d’avancer ensemble vers une décroissance choisie ?

#Ilestencoretemps

Gilets jaunes : Le soulèvement de la France d’en-bas

Par Marion Beauvalet - 19 novembre 2018

Le mouvement des gilets jaunes se résumerait-il à une « grogne » des Français moyens, qui regardent Auto-Moto et Téléfoot le week-end en attendant le retour de la saison des barbecues ? C’est l’image qu’en donne la majorité des médias et des commentateurs politiques. Cette « grogne » n’est en réalité que la partie émergée d’un iceberg : celui d’une crise profonde qui fracture la société et le territoire français.

Lorsque les journalistes de C’est à Vous ont demandé à Jacline Mouraud ce qui pouvait apaiser la colère dont elle s’était faite la porte-parole, celle-ci avait répondu qu’il fallait que le président « rétablisse l’ISF ». Dès lors, les médias, commentateurs et analystes qui n’avaient vu dans la journée du 17 novembre que la manifestation d’une révolte contre la hausse du prix du diesel ont soit feint de ne pas comprendre ce qui se passait réellement, soit témoigné une fois de plus de la déconnexion entre le peuple et ses élites – alors même que Benjamin Griveaux s’illustrait dans la maladresse en voulant réconcilier le « pays légal » et le « pays réel », pensant paraphraser Marc Bloch alors qu’il citait en réalité Charles Maurras.

Tout d’abord, le prix du gasoil à la pompe a bien augmenté de 23% et le prix de l’essence de 14% à cause de l’envolée du prix du baril de pétrole cette année ; cela est indéniable. Que les Français se préparent, l’essence et le gasoil verront encore leur prix augmenter au 1er janvier 2019 (la première sera taxée 4 centimes de plus au litre et 7 centimes pour le second). Le tout pour prétendument financer l’écologie et la transition énergétique comme se sont plu à le marteler les membres du gouvernement.

Premier problème, Libération a montré que dans le prochain budget, 1 milliard d’euros supplémentaires viendraient financer des mesures écologiques : sauf que cela demeure quatre fois moins important que les hausses de taxes prévues par le gouvernement. Les Français seraient donc taxés sans savoir à quoi sert leur argent ? Pire : le gouvernement se servirait de la question de la transition énergétique pour prélever davantage d’argent à une population qui paye toujours plus, sans faire preuve de la moindre transparence.

L’essence n’est pourtant que « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », comme l’ont martelé les gilets jaunes et les soutiens du mouvement pour tenter de se légitimer dans un débat où le simple fait de n’être issu d’aucune organisation politique, de vouloir bloquer un village ou un segment de route, suffisait à jeter l’opprobre sur le bien-fondé du mouvement et donnait l’autorisation aux commentateurs d’user des termes de « beauf » ou de « Français moyen » encore et encore.

Le carburant n’est que l’élément déclencheur de la colère d’un peuple qui subit depuis 20 à 30 ans des réformes économiques désastreuses.

Injustice et incompréhension : les piliers du 17 novembre

Non, mesdames et messieurs les commentateurs, alliés du pouvoir, les gilets jaunes ne sont pas uniquement des beaufs qui se promenaient une canette de bière à la main dès samedi matin sur leur rond-point communal comme certains ont tenté de le faire croire sur les réseaux sociaux. Le problème est bien plus profond.

Oui, mesdames et messieurs les commentateurs, les Françaises et les Français sont pour la plupart dépendants de leur voiture et ont besoin de rouler. La faute à qui ? A quoi ? A ceux qui ont encouragé par des politiques urbaines insensées et polluantes la déconnexion du lieu de vie et du lieu de travail. A ceux qui ont pensé que dévitaliser les métropoles pour construire des supermarchés en-dehors des villes était une idée viable et pérenne.

Oui, mesdames et messieurs, il serait bien que l’usage de la voiture diminue en France. Proposez d’abord aux Françaises et aux Français des moyens de transport alternatifs : nationalisez la SNCF au lieu de la démanteler, re-densifiez le réseau du rail français, développez les transports en commun sur de larges amplitudes horaires…

Tant que nous y sommes, si vraiment vous tenez à l’avenir de la planète, interdisez les vols intérieurs, puisque 20% des vols quotidiens sont des vols métropolitains et qu’un trajet en avion émet quarante fois plus qu’un trajet en train. Somme toute, permettez à ceux que vous vous plaisez à mépriser de se déplacer autrement, ensuite nous discuterons des taxes sur l’essence.

Un révélateur des fractures françaises

Surtout, c’est ce qui reste du consentement à l’impôt qu’Emmanuel Macron est en train de briser, il est le principal responsable du ras-le-bol fiscal actuel. Contrairement à ce que prétendent ceux qui font une analogie rapide avec le poujadisme, ce n’est pas pour moins d’Etat que se battent les gilets jaunes. Au contraire. A refuser de comprendre cela, les élites refusent de voir la dislocation de la société qui se prépare. Alexis Spire, directeur de recherche au CNRS et auteur de Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat a mené une enquête sur 2 700 contribuables.

Il démontre que c’est le rapport à l’Etat et aux services publics qui traverse aujourd’hui une crise profonde. Ceux qui se situent « en bas de l’échelle » ne voient en effet plus la contrepartie de ce qu’ils payent. Ce n’est donc pas par hasard que le mouvement a pris forme dans les villes moyennes et les zones rurales. Ce sont ces territoires qui ont pâti de la dégradation des services publics organisée par les gouvernements successifs depuis maintenant plus d’une décennie. A fermer les hôpitaux, les tribunaux, les gares, c’est la contrepartie même de l’impôt qui n’est plus tangible et donc le sentiment de redevabilité qui s’estompe.

Des disparités territoriales d’accès aux services – Temps d’accès médian au panier d’équipements de vie courante par commune en France métropolitaine. Source : Insee

Avec la disparition des services publics de proximité, la crise de confiance qui est placée en ces derniers, les politiques de dérégulation, c’est cette redevabilité qui s’effrite : pourquoi payer si on ne sait pas où va l’argent ?

C’est un type de relation sociale qui est en danger. Mauss fondait son contrat social sur la logique de don/contre-don, c’est pour lui le principe de réciprocité qui fonde l’appartenance à une société : « une prestation obligeant mutuellement donneur et receveur et qui, de fait, les unit par une forme de contrat social ».

Ce n’est pas de l’altruisme, il rend en fait redevable celui qui reçoit. Mauss écrit ainsi que « le travailleur a donné sa vie et son labeur à la collectivité d’une part, à ses patrons d’autre part. (…) L’Etat lui-même, représentant la communauté, lui doit, avec ses patrons et avec son concours à lui, une certaine sécurité dans la vie, contre le chômage, contre la maladie, contre la vieillesse, la mort » (Essai sur le don).

La collecte de l’impôt par l’Etat nourrit un monopole : si un citoyen accepte de donner, c’est en attente d’une protection et de services. L’Etat est redevable. Avec la disparition des services publics de proximité, la crise de confiance qui est placée en ces derniers, les politiques de dérégulation, c’est cette redevabilité qui s’effrite : pourquoi payer si on ne sait pas où va l’argent ?

La France des déserts médicaux. Source : Le Monde

A cette injustice s’ajoute un sentiment de décalage sur fond de scandales fiscaux qui creusent la fracture entre le peuple et une élite privilégiée, chouchoutée par le gouvernement. Rappelons-nous : en musique de fond de la vie politique, l’affaire Bettencourt, l’affaire Thévenoud, l’affaire Cahuzac. Plus grave encore : la suppression de l’ISF et la baisse des cotisations sociales.

Souvenons-nous encore : en octobre 2017, c’était « la fin d’un totem vieux de 35 ans, qui était devenu inefficace et complexe » selon Bruno Le Maire ; c’était la fin de l’Impôt sur la Fortune, originellement appelé impôt de solidarité sur la fortune. Cet impôt progressif puisait ses fondements dans l’impôt de solidarité nationale assis sur le capital crée en 1945 pour ensuite voir renaître l’impôt sur les grandes fortunes en 1982 sous l’égide du gouvernement Mauroy. Crée en 1989, l’ISF avait pour finalité de financer le revenu minimum d’insertion (RMI). Il était basé chaque année sur la valeur du patrimoine des personnes imposées et avait par exemple rapporté 4,2 milliards d’euros en 2008, c’est-à-dire 1,5% des recettes de l’Etat.

Quand François Ruffin avait déclaré à l’Assemblée nationale que le gouvernement prenait « aux pauvres pour donner aux riches » et que c’était « eux les violents, la classe des riches », Amélie de Montchalin, députée LREM indiquait que cette mesure n’était « pas un cadeau » mais « un pacte pour l’investissement, que les entreprises trouvent des capitaux quand elles veulent grandir, exporter et surtout embaucher ».

Ce vœu pieu de voir un retour positif de la part des entreprises à chaque cadeau qui leur est fait est souvent plein de déception : rappelons-nous du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en 2012 et du pacte de responsabilité. Pierre Gattaz avait à l’époque promis que les baisses des cotisations permettraient de donner naissance à « 1 million d’emploi ». En 2017, France Stratégie évoquait une « fourchette large de 10 000 à 200 000 emplois » sauvegardés ou créés sur le quinquennat. A 800 000 ou 990 000 emplois près, la promesse était donc tenue !

Le retour de Jacques Bonhomme paysan ?

L’existence même de cette révolte populaire s’inscrit dans une filiation. Ceux qui souhaitent la discréditer limiteront la comparaison avec le poujadisme. Avec un peu de bonne volonté ou quitte à assumer la comparaison, il est possible de remonter aux jacqueries paysannes du Moyen-Age, la Grande Jacquerie de 1358 en premier lieu. Les Jacques se sont insurgés contre la noblesse et le régime seigneurial dans les campagnes.

Ces mouvements insurrectionnels durement réprimés s’opposaient notamment aux hausses d’impôt qui avaient pour objectif de financer la libération du roi Jean II qui avait été fait prisonnier par les Anglais et remettaient plus largement en cause de le fonctionnement du système seigneurial.

Le tiers état supportant la noblesse et le clergé

« On peut voir une parenté avec les jacqueries dans le sens où elles étaient des explosions populaires qui rassemblaient dans les campagnes bien au-delà des seuls travailleurs agricoles et qui n’avaient pas de représentant mandaté ni de vision cohérente de l’émancipation. Autre point commun, ces mouvements étaient dirigés contre la noblesse qui était vue comme une caste sourde aux difficultés rencontrées par le peuple », indique le sociologue Alexis Spire.

Cet épisode n’est pas le seul à puiser son origine dans les campagnes françaises. Avant la Révolution française, ces dernières sont secouées par la guerre des farines, des insurrections paysannes après de mauvaises récoles successives entre 1773 et 1774 qui avaient engendré une hausse du prix du blé. Les « jacques » avaient été réprimés. Cette question de prix demeura néanmoins la cause structurelle d’un malaise profond : pendant la Révolution, la baisse du prix du pain figurait de nouveau parmi les revendications d’une partie des révolutionnaires. Aux origines de la Révolution française, on trouve déjà les questions fiscales. Le tiers état est le seul à payer l’impôt. Il revient à la classe la plus nombreuse de nourrir et financer les extravagances de la noblesse et du clergé. Si Louis XVI convoque les Etats généraux, c’est pour obtenir le consentement à l’impôt dans un royaume accablé par sa dette.

« Une caste sourde aux difficultés rencontrées par le peuple »

Regarder plus en arrière permet de réhabiliter une démarche qui n’est pas une exception historique. Oui, les campagnes françaises, les territoires périphériques ont su à différents moments de l’histoire proposer des mobilisations.

Pendant les jacqueries, les insurgés percevaient la noblesse « comme une caste sourde aux difficultés rencontrées par le peuple » précise Alexis Spire. N’est-ce pas à un nouveau moment populiste de ce type que nous assistons aujourd’hui ?

Les 5% des ménages les plus riches paient proportionnellement moins d’impôts que les autres comme le rappellent Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez dans Pour une révolution fiscale, un impôt sur le revenu pour le XXIe siècle. A l’heure où l’impôt ne joue plus son rôle de gardien de la justice sociale. A l’heure où les plus hauts revenus sont toujours moins imposés alors que ceux d’en-bas subissent une injonction à toujours plus travailler et payer. Comment en effet justifier des taxes supplémentaires alors qu’il n’y a pas de taxe sur le capital et que l’ISF a été supprimé ? Comment donner confiance par exemple aux enseignants qui voient que leur point d’indice est gelé de manière presque continue depuis 2010 et que le jour de carence a été rétabli ?

Pour pallier ce mécontentement profond et légitime qui traverse également le pays, ce sont des mesures courageuses qui devraient être pensées. Au hasard, une revalorisation du SMIC et un plafonnement des revenus les plus élevés ? Au sein d’une entreprise, le salaire le plus élevé pourrait correspondre à 20 fois le salaire le plus bas, entraînant une hausse mécanique de ce dernier si le premier devait augmenter.

Pour l’impôt sur le revenu, pourquoi ne pas envisager un barème progressif avec davantage de tranches dont la dernière serait imposée à hauteur de 100%, instaurant de fait un revenu maximum là où le taux maximum d’imposition de l’impôt sur le revenu est de 45% ! L’héritage étant vecteur d’un accaparement des ressources sans aucune autre considération que la famille d’où l’on vient, pourquoi ne pas taxer davantage les héritages au-dessus d’un certain seuil ? Pourquoi ne pas moduler l’impôt sur les sociétés, alors qu’aujourd’hui les PME paient largement plus que les grandes entreprises ?

L’association Tax Justice Network mandatée en 2012 évaluait ce manque à gagner à hauteur de 200 milliards d’euros en additionnant fraude fiscale et fraude sociale.

Surtout, pourquoi faire peser davantage de taxes qui étouffent ceux qui ont à les supporter alors que l’évasion fiscale se fait de plus en plus importante chaque année ? Selon un rapport du syndicat Solidaires-Finances publiques la fraude fiscale atteint aujourd’hui 100 milliards d’euros, soit 20 milliards de plus que ce qui avait été montré lors de la précédente étude parue il y a cinq ans. L’association Tax Justice Network, mandatée en 2012, évaluait quant à elle ce manque à gagner à hauteur de 200 milliards d’euros en additionnant fraude fiscale et fraude sociale.

Ces 100 milliards d’euros représentent 1,5 fois ce que doivent payer les Français avec l’impôt sur le revenu. Il faut ajouter, car cela n’est pas suffisant, le patrimoine off-shore détenu par les ménages. Selon l’économiste Gabriel Zuckman, « 3 500 ménages français détiendraient 50 millions d’euros chacun en moyenne à l’étranger » et concentreraient à eux-seuls une fraude de 5 milliards d’euros chaque année. Rappelons-nous ici de Patrick Mulliez qui n’avait payé en 2012 que 135 euros d’impôt à l’Etat français sur 1,68 million d’actifs qu’il possédait car il résidait dans la charmante bourgade de Néchin en Belgique.

Si Uber, Apple, la famille Mulliez (groupe Auchan) peuvent user de montages fiscaux pourtant connus de tous, les Françaises et les Français qui sont à l’origine de leurs bénéfices payent, eux. Pourquoi ne pas prendre à ces derniers ?

Les gilets jaunes, jacquerie ou révolution ?

Par Vincent Feré., Un article de Trop Libre
Scénario de l’essence en 2018 : une jacquerie comme en 1548 ? Une révolution comme en 1789 ? Ou bien encore, pourquoi pas, la convocation des États généraux sans la Révolution ?

Mouvement des gilets jaunes, Belfort, 17 Nov 2018 By : Thomas Bresson - CC BY 2.0

En 1996, dans le magazine l’Histoire, l’économiste Alain Cotta constatait : « nous sommes dans une économie parfaitement mixte puisque la moitié du produit marchand est redistribuée par l’État1 ». Vingt ans après et quelques alternances plus tard, en 2016, la France a dépassé ce chiffre avec un taux de redistribution de 56,4%. Et Alain Cotta de prophétiser alors : « il est vraisemblable que la pression fiscale sur l’automobile ne fléchira pas. Nous sommes là dans un scénario comparable à celui de la gabelle sous l’Ancien Régime ».

Reste à savoir quelle sera l’issue du scénario de l’essence en 2018 : une jacquerie comme en 1548 ? Une révolution comme en 1789 ? Ou bien encore, pourquoi pas, la convocation des États généraux sans la Révolution ?

Efficacité économique/danger social et politique

Sous l’Ancien Régime comme à l’époque contemporaine, l’État résiste difficilement à la tentation d’augmenter la fiscalité indirecte. L’avantage est connu : c’est le seul moyen de faire contribuer tous les Français alors que 50% des foyers fiscaux aujourd’hui comme jadis les privilégiés de la société d’ordres, clergé et noblesse, sont exemptés de l’impôt direct.

Mais en réalité, dans tous les cas, il s’agit surtout de faire payer les pauvres. La gabelle coûte moins cher à la noblesse et au clergé qu’aux paysans et la hausse du prix du gasoil affecte moins les habitants des grandes métropoles bien équipées en transports en commun que les populations modestes de la « France périphérique » (C Guilluy), condamnées à l’usage de la voiture. Économiquement rentable, l’impôt indirect est donc socialement et politiquement dangereux.

L’Ancien Régime a connu nombre de jacqueries contre la gabelle comme celle des pays charentais et bordelais en 1548. Il est mort un siècle et demi plus tard de la révolte d’un peuple qui réclamait au début « le roi sans la gabelle ». Et la Cinquième République en 2018 ?

Les apparences d’une jacquerie…

Aux origines du soulèvement de 1548, l’extension du régime des gabelles dans une région qui produit alors beaucoup des sels du royaume. Dans un premier temps, François Ier, soucieux de montrer sa clémence, pardonne aux Rochelais insurgés sans revenir sur sa décision. Mais les conflits se multiplient entre gardiens des gabelles et villageois et une immense jacquerie éclate en juillet 1548. Le souverain choisit alors la répression avant, l’année suivante, de promulguer un édit qui abolit l’extension de la gabelle au motif qu’elle est « incommode au roi et à la chose publique des pays » d’Aquitaine. L’État recule et reconnaît donc le privilège de la région.

Quels points communs entre les Aquitains de 1548 et les gilets jaunes de 2018 ? La révolte antifiscale d’abord dans les deux cas, le fond commun de toutes les jacqueries mais également la spontanéité du mouvement, l’absence de chef et de programme en dehors de la dénonciation de l’impôt. 2018 : une jacquerie d’un nouveau genre alors, sans la violence et avec les réseaux sociaux. Autre caractéristique : elle n’a pas de contenu politique. En 2018, les partis d’opposition tentés par la récupération ne sont pas les bienvenus.

Prudent, Xavier Bertrand parle d’un « mouvement civique de gens qui veulent se faire entendre ». De qui ? Dans les deux cas, du roi. Mais si au XVIe siècle, les Aquitains s’en prenaient davantage aux gabeleurs qu’à François Ier, ces gabeleurs accusés de s’enrichir indûment avec le recouvrement de la taxe, la cible des gilets jaunes, en 2018, c’est le président de la République d’autant que celui-ci s’est maladroitement mis en première ligne.

Il a en effet d’abord assumé la hausse des taxes au nom d’une politique écologique – ce qui s’appelle mettre « à côté de la plaque », aurait dit de Gaulle —. Il a ensuite demandé aux régions, financièrement exsangues, d’aider les foyers modestes avec un « chèque carburant » avant de réunir les distributeurs pour leur demander de mieux répercuter les baisses de prix du baril à la pompe, ce que l’État refuse de faire. Le résultat est sans appel : la courbe de popularité d’Emmanuel Macron est désormais indexée, de manière inversement proportionnelle, sur le prix du gasoil ! Naturellement, le chef de l’État ne devrait pas envoyer la troupe contre les gilets jaunes à l’inverse de François Ier. Cédera-t-il alors, comme lui, pour échapper à une Révolution qui a emporté Louis XVI ?

… ou une menace révolutionnaire ?

La crise finale de l’Ancien Régime est budgétaire dans un État qui a vu sa dette s’envoler dans la seconde moitié du XVIIIe siècle – « bienheureux déficit, tu es devenu le trésor de la nation » dira Camille Desmoulins – mais aussi fiscale. La monarchie confrontée au mur des privilégiés ne se résout pas « à sacrifier, à humilier sa brave, antique et respectable noblesse », comme le craignaient les notables à l’automne 1788. Le roi leur cède et convoque les États généraux pour le printemps 1789. On connaît la suite : la proclamation de l’Assemblée nationale (17 juin 1789) et l’abolition des privilèges (4 août 1789). En moins d’un an, l’Ancien régime « usé, vermoulu dans tous ses appuis, pourri dans tous ses liens est tombé dès le premier choc pour ne se relever jamais » (Mirabeau). La France de 2018 est-elle à la veille de voir s’écrouler ainsi ses institutions et son organisation sociale ?

Rien n’est moins sûr. Certes en 2018 aussi les caisses de l’État sont vides, certes les Français se reconnaissent majoritairement dans le mouvement des gilets jaunes qui a été analysé par les commentateurs comme une opposition entre les élites et le peuple. Mais sa force vient surtout de ce qu’il se présente en dehors de ces clivages qui permettent habituellement au pouvoir de diviser pour régner : secteur public contre secteur privé, salariés contre patrons. Les gilets jaunes sont présents chez les uns et chez les autres.

Mauvaise nouvelle pour les autorités : comme Louis XVI en 1788, elles se retrouvent face à une contestation sociologiquement large même si elle est politiquement éclatée. Dans le fond, elle a deux dénominateurs communs : contrairement à 1788, le rejet d’emblée de la figure du roi qui n’est pas vu comme le père de la nation mais comme le « président des riches » et le représentant d’une élite discréditée et celui d’une fiscalité devenue insupportable. Cela suffit à affaiblir considérablement le chef de l’État, cela peut même entraîner une crise politique. Une révolution, c’est autre chose. Car la comparaison avec la fin de l’Ancien Régime s’arrête là dans la mesure où en 1788, la Révolution, fille du siècle des Lumières et de l’œuvre des philosophes, avait déjà gagné la bataille idéologique. Où sont les idées nouvelles en 2018 ?

Scénarios pour une sortie de crise

Quelques mesures technocratiques supplémentaires et inefficaces ne calmeront pas les esprits, il est trop tard. Une capitulation alors ? Après tout, l’écotaxe il y a deux ans n’a pas résisté aux bonnets rouges. Peut-être mais elle ne suffira pas non plus. Le pouvoir pourrait alors se saisir de l’occasion pour proposer, enfin, la grande réforme fiscale dont la France a besoin. Il devrait également tirer les leçons de l’épuisement d’un certain jacobinisme à la française. Dans les deux cas, cela suppose aussi de repenser la puissance publique.

Refonte de la fiscalité, réforme de l’État, girondisme ? Une révolution alors ? Sans doute mais le président de la République ferait bien de méditer le conseil de Malesherbes à Louis XVI en 1788 : « un roi qui subit une Constitution se croit dégradé, un roi qui propose une Constitution obtient la plus belle gloire (…) C’est ainsi que vous maîtriserez un grand événement en l’accomplissant vous-même ».

Emmanuel Macron en a-t-il encore les moyens ?