Happy Collapse

Chanson de mauvaise foi écologique

Les Goguettes (en trio mais à quatre) (chansonniers),

sur l’air de "La Parisienne" de Marie-Paule Belle.

vidéo youtube

Happy Collapse ! (tribulations d’un apprenti écolo)

Lorsque je suis arrivé sur cette planète
L’écologie était encore une idée abstraite
Et mes parents des gens charmants au demeurant
Et de gauche sans complexe
N’avaient pas encore acquis tous les réflexes

Ils ne triaient les déchets
Qu’à moitié, qu’à moitié
Et arrosaient le gazon
Sans se poser de questions
Etaient contre le nucléaire
Mais zappaient d’éteindre les lumières
Etaient anti-OGM
Mais on en mangeait quand même

Ils disaient : les marées noires,
Yen a marre, yen a marre,
Mais ne voulaient pas savoir
Ce qu’ils mettaient dans le réservoir
Mon père m’avait dit pourtant
J’arrête le rhum au printemps
Je vais voter pour les Verts
Me dit à Noël, ma mère, Noël, ma mère

Lorsque j’ai débarqué à Paris un peu plus tard
J’ai pu mesurer combien j’étais en retard
Et mes potes qui eux étaient à la pointe
En furent, à tel point, perplexes
Que j’ai vite adopté tous leurs réflexes

Je fais mes courses à la Biocoop,
C’est le top, c’est le top,
Je limite mes emballages,
C’est plus sage, c’est plus sage,
J’ai sept bacs de tri chez moi,
Mais ça va, mais ça va,
Faut juste que je cogite trente minutes
Avant d’oser jeter un truc
J’ai arrêté le shampooing,
Ça me va bien, ça me va bien,
Encore mieux que les toilettes sèches
Je me suis installé une douche sèche,
J’allume mes clopes au silex,
C’est complexe, c’est complexe,
Et je garde mes épluchures
Pour en faire des confitures

Je me déplace qu’à bicyclette
Que c’est chouette, que c’est chouette,
Même si je mets deux semaines et demie
Quand je veux aller en Normandie
Mon chauffage et mon frigo
Fonctionnent à la dynamo
Et je récupère l’eau de mon bain
Pour me faire un café le matin, café le matin

Depuis que j’ai lu un traité de collapsologie
J’ai reconnu qu’à nouveau j’avais rien compris
Puisque de toutes façons tout va s’effondrer
Autant ne pas trop se creuser le cortex
J’ai vite abandonné tous mes réflexes

Désormais j’ai pris le pli,
Je fais plus le tri, je fais plus le tri,
C’est un peu dur au début,
Mais peu à peu on s’habitue
J’ai racheté une vieille 4L,
Une diesel, une diesel,
Je fais rien que pour le kiff
Plein de petits tours de périph
Je laisse le robinet couler,
C’est le pied, c’est le pied,
Et crie vive Bolsonaro
Et à mort Yannick Jadot,
Le week-end je vais en forêt,
Et discret, et discret,
Je disperse mes emballages,
Ça soulage, ça soulage,

Et la biodiversité,
Rien à secouer, rien à secouer,
Tant pis pour les ours polaires,
J’ai des barbecues à faire,
Je laisse allumé le radiateur,
L’aspirateur, l’autocuiseur,
L’ordinateur, le téléviseur,
Ouvert le réfrigérateur

J’achète tout plein de smartphones,
Je me bidonne, je me bidonne,
Et je cuis pendant la nuit
Dans une casserole mes batteries
J’imprime en mille exemplaires
Sur des feuilles intercalaires
L’œuvre intégrale de Balzac
Que j’avais chargée sur mon Mac

Et puis pour la pollution
Je prends l’avion, je prends l’avion,
Je fais des Orly-Roissy
Avec escale à Bali
A la mer je branche un tuyau
Pour faire remonter les eaux
Dans deux ans si j’ai de la chance
J’aurai noyé toute la France

Je me parfume au glyphosate,
Ça m’éclate, à m’éclate,
Je passe mes week-ends à Rouen,
En ce moment c’est très charmant,
Comme tout va péter sous peu
Autant se marrer comme on peut
S’peut qu’aux prochaines élections, j’aille jusqu’à voter Macron (ter),
Que c’est bon, que c’est bon, que c’est bon !

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