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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2019-51

Un triomphe démocratique pour les séparatistes Catalans

par Craig Murray, traduit par Jocelyne le Boulicaut

vendredi 31 mai 2019, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Un triomphe démocratique pour les séparatistes Catalans

1er mai 2019 par Craig Murray (CraigMurray.org.uk)

Craig Murray est auteur, radiodiffuseur et militant des droits de la personne. Il a été ambassadeur de Grande-Bretagne en Ouzbékistan d’août 2002 à octobre 2004 et recteur de l’Université de Dundee de 2007 à 2010. Cet article a d’abord été publié sur son site Web.

Craig Murray souligne l’importance de leur victoire aux élections législatives espagnoles, étant donné ce à quoi ils ont dû se mesurer.

L’élection générale espagnole a été marquée en Catalogne par une victoire éclatante des séparatistes catalans, leur meilleur résultat électoral, obtenu bien que leurs dirigeants se trouvent soit en exil soit prisonniers politiques et malgré une déferlante de propagande hostile de la part des médias grand public.

Quatre des élus sont en prison. La réponse de l’’État espagnol a été de déclarer inéligibles aux élections européennes les deux principaux candidats séparatistes - Clara Ponsati et Carles Puigdemont -.

Au soir des élections, le graphique à la télévision montre la Catalogne en jaune. (Twitter)

La gauche républicaine catalane a remporté la majorité des votes, ce qui contredit la propagande fallacieuse, continuant de présenter l’indépendance catalane comme mouvement de droite. Plus de 60 pour cent des voix en Catalogne sont allées à des partis de gauche.

Il convient en outre de noter qu’il existe une corrélation très nette entre la situation géographique des 3,6 % de voix que les néo-fascistes de Vox ont obtenus en Catalogne et les garnisons espagnoles d’occupation dans le pays. Vous aurez beaucoup de mal à découvrir les informations qui précèdent dans les médias grand public britanniques ; j’ai dû tous les obtenir de sources catalanes.

La carte des municipalités catalanes montre la victoire des partis indépendantistes, en jaune et en rose. (@IND_LOC Twitter)

Au cours des trois dernières années le Guardian a publié 55 articles sur Inès Arrimadas, leader de la branche catalane du parti de droite des Citoyens "espagnols", parmi lesquels au moins trois éditoriaux écrits par Inès Arrimadas elle-même. Le Guardian a cherché sans relâche à dépeindre l’opinion publique en Catalogne comme anti-indépendantiste, et Arrimadas comme sa véritable représentante.

Et pourtant, lors des élections législatives espagnoles, le parti d’Arrimadas n’a obtenu que 11,6 % des voix en Catalogne. Les partis nationalistes espagnols de droite, le fasciste Vox, le PP franquiste et le parti d’Arrimadas Citoyens, pourtant soutenu par un service de sécurité étrangère, ont obtenu un pitoyable score de 20,1% à eux trois, marquant un impressionnant rejet du nationalisme espagnol par les catalans .

Citoyens [le parti D’Arrimadas NdT] a démarré dans une manœuvre astroturf pour aider à contrer le populisme de gauche et anti-UE de Podemos [technique de propagande utilisée à des fins politiques, qui a pour but de donner une fausse impression d’une opinion populaire sur Internet. Cette tentative de manipulation fait référence à la pelouse artificielle de marque AstroTurf utilisée dans les stades.
Elle consiste à simuler un mouvement citoyen, venu de la base NdT].

A cette fin, il a été financé et soutenu par le service de renseignement étranger allemand, le BND. Il reste un outil privilégié des services de renseignement étrangers, en particulier du MI6 [ service de renseignement britannique NdT] qui voit bien sûr les passerelles entre le nationalisme catalan et le nationalisme écossais. D’où le lien particulièrement étroit entre Ciudadanos et le porte-parole de la presse écrite du MI6, le Guardian.

Marche de protestation à Barcelone en faveur de l’homme politique nationaliste Carlès Puigdemont, 15 avril 2018. (Òmnium Cultural, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons)

Il n’est pas possible d’établir une corrélation directe entre les résultats des partis et les résultats potentiels d’un référendum, car un certain nombre de partis, dont Podemos et les Verts, ont des positions ambivalentes sur l’indépendance, et un pourcentage des électeurs ont une opinion différente de celle du parti qu’ils soutiennent. Par exemple, un petit nombre, mais cependant non négligeable, de partisans du parti socialiste du Premier ministre Pedro Sanchez, soutiennent également l’indépendance catalane.

Étant donnée la violence brutale des forces paramilitaires franquistes face aux électeurs ordinaires lors du référendum en Catalogne, compte tenu de l’emprisonnement et de l’exil de ses dirigeants pacifiques, compte tenu du barrage extraordinaire de la propagande des médias grand public dictée par Madrid, la victoire nationaliste catalane aux élections générales est un magnifique triomphe sur le plan de l’esprit humain. Bien sûr, ce n’est pas ce que vous entendrez dans les médias grand public.

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