AID Association Initiatives Dionysiennes

Ouv zot zié !

Accueil > Politique > EXCLUSIF : Boris Johnson n’est pas raciste. Il est probablement "la personne (...)

Traduction Hors Les-Crises

EXCLUSIF : Boris Johnson n’est pas raciste. Il est probablement "la personne la moins raciste" sur Terre (source : Rod Liddle)

Par Nafeez Ahmed, traduit par Jocelyne le Boulicaut

lundi 8 juillet 2019, par JMT

Boris Johnson, ancien ministre des Affaires étrangères et souvent considéré comme " architecte du Brexit ", a décrit les femmes musulmanes qui portent la " burka " et le " niqab " comme des " boîtes aux lettres " et des " pilleuses de banque ".

Mais de toute évidence il n’est pas raciste.

L’examen superficiel de ses antécédents en matière de déclarations relatives à l’origine ethnique, au pays d’origine et/ou à la religion de diverses personnes jette la lumière sur cette question.

EXCLUSIF : Boris Johnson n’est pas raciste. Il est probablement "la personne la moins raciste" sur Terre (source : Rod Liddle)

par Nafeez Ahmed, 13 août 2018

Cet article a été financé à 100 % par les lecteurs. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, c’est un peu satirique. S’il vous plaît, soutenez notre journalisme indépendant et partagez largement.

Source : Publication indépendante d’ INSURGE intelligence, plate forme de journalisme d’investigation pour les gens et la planète soutenue financièrement par souscription populaire. Aidez-nous à traiter des questions que les autres craignent d’aborder.

Nafeez Ahmed est le rédacteur fondateur d’INSURGE Intelligence. Nafeez est journaliste d’investigation depuis 16 ans, anciennement pour le journal The Guardian, où son domaine était la géopolitique des crises sociales, économiques et environnementales.

Nafeez a fait un reportage sur le ’changement global du système’ pour VICE, et sur la géopolitique régionale pour Middle East Eye. Il écrit des articles dans The Independent on Sunday, The Independent, The Scotsman, Sydney Morning Herald, The Age, Foreign Policy, The Atlantic, Quartz, New York Observer, The New Statesman, Prospect, Le Monde diplomatique, etc.

Il a remporté à deux reprises le Project Censored Award pour ses reportages d’investigation, a figuré deux fois dans la liste des 1000 personnes les plus influentes de Londres dans le classement du Evening Standard et a obtenu le prix Naples, le prix littéraire le plus prestigieux d’Italie créé par le Président de la République. Nafeez est également un universitaire interdisciplinaire largement publié et cité qui applique l’analyse de systèmes complexes à la violence écologique et politique.


Source:Independent

Boris Johnson, ancien ministre des Affaires étrangères et souvent considéré comme " architecte du Brexit ", a décrit les femmes musulmanes qui portent la " burka " et le " niqab " comme des " boîtes aux lettres " et des " pilleuses de banque ".

Mais de toute évidence il n’est pas raciste.

L’examen superficiel de ses antécédents en matière de déclarations relatives à l’origine ethnique, au pays d’origine et/ou à la religion de diverses personnes jette la lumière sur cette question.

Dans ces déclarations antérieures, le schéma est clair : Johnson fait référence à plusieurs reprises à ce qu’il considère comme les caractéristiques culturelles et/ou biologiques figées de grands groupes de personnes, en particulier les Noirs (" Africains ") et les musulmans. Mais cela ne prouve pas qu’il possède les dispositions intrinsèques d’un " raciste ".

En 2002, Johnson a écrit dans The Telegraph : "Quel soulagement pour Blair de quitter l’Angleterre. On dit que la Reine en est venue à aimer le Commonwealth, en partie parce qu’il lui fournit régulièrement des foules enthousiastes de piccaninnies brandissant des drapeaux... Nul doute que les AK47 vont se taire, les pangas vont cesser de boulotter la chair humaine, et les guerriers tribaux vont tous sortir leur sourire en pastèque pour voir le grand chef blanc atterrir dans son grand oiseau blanc financé par les contribuables britanniques ".

Piccaninny est un mot péjoratif pour désigner les enfants noirs. En fait, selon le Jim Crow Museum of Racist Memorabilia de l’Université d’État de Ferris, cela représentait "la caricature raciale dominante des enfants noirs" pendant une grande partie de l’histoire des États-Unis.

Cela ne veut pas dire que l’utilisation par Johnson du mot piccaninny comme une blague est un signe de racisme. Ça prouve simplement qu’il plaisantait sur les Noirs.

Piccaninny est aussi un mot que Boris Johnson semble avoir utilisé d’autres fois en privé, comme le décrit Rod Liddle, personnification virtuelle même de l’antiracisme du journalisme britannique, dans un article important caractérisant Johnson de "personne la moins raciste que j’ai jamais rencontrée". C’était le verdict réfléchi de M. Liddle après avoir passé du temps avec Johnson lors d’une visite en Ouganda.

M.Liddle est un homme qui a beaucoup voyagé et qui est intimement familier avec les événements complexes de la politique et de la culture mondiales. On peut donc supposer que lorsqu’il décrit de Boris Johnson comme le "moins raciste" on peut élargir cela au monde entier.

En tant que journaliste, Boris Johnson a montré une nette tendance à parler affectueusement des Africains en termes désobligeants. Ce n’était pas du racisme, mais une expression authentique de la bienveillance paternelle envers les malheureux Africains.

En 2002, dans The Spectator (autre bastion de l’antiracisme très apprécié du journalisme britannique), Johnson décrit les "anciennes prérogatives" qui déterminent "l’homme africain" : "Presque chaque dollar d’aide occidentale semble lié à un programme d’émancipation féminine - élimination de la clitorectomie, de la polygamie, de la dot, etc.

Et si certains lecteurs peuvent avoir l’impression que l’homme africain ne doit pas être amené à abandonner ses anciennes prérogatives, on ne peut douter du dévouement - à la limite de l’obsession - avec lequel les travailleurs occidentaux poursuivent leurs fins."

Dans le même article, Johnson notait avec tendresse à propos de l’Afrique que " le continent est peut-être une tache, mais ce n’est pas une tache sur notre conscience. Le problème n’est pas que nous ayons été en responsabilité, mais que nous ne le soyons plus."

Le sous-entendu intellectuel de Johnson est évident : l’Afrique a fait mieux sous l’empire britannique, qui a comme on le sait été, pendant des centaines d’années, largement impliqué dans la traite négrière transatlantique qui a causé la mort de centaines de millions d’Africains.

Les Africains sont clairement inférieurs aux Britanniques dans la tâche complexe de la gouvernance, peut-être en raison de leurs "anciennes prérogatives". Rien à voir avec les effets dévastateurs de l’impérialisme britannique. Souvenez-vous de ça, les enfants.

Au sujet des effets du colonialisme en Ouganda, Johnson a ajouté : "Si on les laissait à eux-mêmes, les indigènes ne compteraient que sur la gratification instantanée en glucides du plantain".

L’article de Johnson est en effet truffé de ce qui ne peut être décrit que comme une puissante critique du chauvinisme suprémaciste blanc. Bravo, Johnson !

Il convient de noter que la récente description que Johnson a faite de la tenue vestimentaire de certaines femmes musulmanes comme s’apparentant à des "boîtes aux lettres" et à des "pilleuses de banque" n’est pas une première en termes de description à gros traits des maux de l’Islam et des musulmans.

En 2005, après les attentats à la bombe de Londres, Johnson a lancé un voile de soupçons non étayés contre " Eux " les musulmans britanniques, comme responsables de ces attentats : "Nous - non-musulmans - ne pouvons pas résoudre le problème ; nous ne pouvons pas leur laver le cerveau de leurs croyances fondamentalistes. La semaine dernière, les islamistes ont horriblement et irréfutablement affirmé l’importance suprême de cette foi, l’emportant sur toutes les considérations temporelles, et il faudra un immense effort de courage et de compétence pour convaincre des milliers de musulmans britanniques qui sont dans le même état d’aliénation, et pour leur faire comprendre que leur foi doit être compatible avec les valeurs britanniques et avec leur loyauté envers la Grande-Bretagne. Cela signifie qu’il faut se débarrasser du premier tabou et accepter que le problème est l’islam. L’Islam est le problème."

L’année suivante, dans le Telegraph journal superbement antiraciste, Johnson poursuit sa vaillante et toujours hilarante croisade antiraciste comme suit : "Depuis 10 ans, nous, du parti conservateur, sommes habitués aux orgies de cannibalisme et de meurtre de chefs de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et c’est donc avec un grand émerveillement que nous voyons la folie se propager au sein du parti travailliste."

En 2008, Johnson a recommencé à publier, sous sa direction, des articles dans The Spectator, qui ont répandu la sagesse antiraciste, comme " les Noirs ont un QI inférieur " ; un autre article qu’il a publié décrivait les joueurs afro-américains de la NBA comme ayant " des bras qui tombaient plus bas que les genoux et des langues qui dépassaient ".

Il a plus tard dû s’excuser, insistant sur le fait que ces articles ne reflétaient pas ce qui était dans son "cœur". Peut-être juste dans son esprit, alors ? Quel type intelligent.

En parlant d’esprit, ce genre de commentaires semblent faire partie d’une vision plus large du monde que Johnson exprime parfois d’une manière quelque peu maladroite. En novembre 2013,dans un discours public, Johnson a fait référence au rôle du QI dans l’explication de l’enracinement des inégalités.

Son discours a introduit de nombreuses nuances complexes que les personnes à faible QI ne comprendront probablement jamais, y compris le fait qu’il est convaincu que la raison pour laquelle certaines personnes sont pauvres est simplement à cause de leur manque inhérent d’intelligence et de capacité : "Quelle que soit votre opinion sur les tests de QI, il est certainement pertinent de constater que quand on parle d’égalité, pas moins de 16 pour cent de nos espèces ont un QI inférieur à 85, alors qu’environ 2 pour cent ont un QI supérieur à 130... Je ne crois pas que l’égalité économique soit possible ; en effet, une certaine dose d’inégalités est essentielle pour susciter l’envie et suivre les Joneses et ainsi de suite pour que cela soit une incitation précieuse pour servir d’aiguillon aux activités économiques ". [Suivre les Jones est un idiome dans de nombreuses régions du monde anglophone, faisant de la comparaison avec son voisin une référence pour la classe sociale ou l’accumulation de biens matériels. Ne pas suivre le rythme des Jones est perçu comme une preuve d’infériorité socio-économique ou culturelle. NdT]

Bien sûr, il ne s’agit nullement d’un commentaire raciste ou intolérant, car les pauvres ne sont pas une race, et ce n’est pas leur faute s’ils appartiennent dans notre espèce à des membres biologiquement inadaptés qui ne sont pas forcément intelligents. Ça veut juste dire que s’ils ne sont pas riches, c’est qu’ils sont probablement idiots.

L’un des moments les plus embarrassants fût lorsque Johnson a décrit la décision de Barack Obama en mars 2016 de retirer un buste de Winston Churchill du Bureau ovale. Dans The Sun, sans doute le journal le moins raciste du Royaume-Uni, Johnson a émis l’hypothèse que c’était là un signe de l’aversion ancestrale d’Obama pour les Britanniques : "Personne n’a la certitude que le Président ait lui-même pris part à cette décision. Certains ont dit que c’était un affront à la Grande-Bretagne. Certains ont dit que c’était un symbole de l’aversion ancestrale du président partiellement kenyan pour l’empire britannique - dont Churchill avait été un si fervent défenseur."

Malgré la référence désobligeante à l’héritage noir d’Obama dû à son appartenance ethnique partiellement kenyane, Johnson n’est manifestement pas un véritable raciste, comme en témoigne sa carrière exemplaire d’opposant au racisme et à l’intolérance.

Néanmoins, le petit-fils de Winston Churchill a tristement qualifié les commentaires de Johnson d’"idiots" et de "profondément offensants".

Mais que peut bien y comprendre le petit-fils de Churchill ? Il n’a probablement pas un QI aussi élevé que son grand-père. Pas de chance, mon vieux.

Alors. Boris Johnson est-il raciste ? Revenons aux propos du chroniqueur de renommée mondiale M. Liddle, dont les écrits prolifiques et réfléchis fournissent un riche réservoir d’enseignements pour quiconque s’intéresse à la lutte contre le racisme et le sectarisme sous toutes ses formes.

Si on prend au sérieux les propos de M. Liddle, Johnson pourrait bien être la personne la moins raciste qui existe dans un monde selon M. Liddle. Ipso facto, on peut supposer qu’il est la personne la moins raciste de la planète Terre.

Dans ce contexte, nous sommes obligés de conclure que, dans tous les propos qu’il a tenus dans le passé, Johnson jette les bases de l’élimination triomphante du racisme, grâce à l’articulation sophistiquée d’une vision du monde à laquelle seuls quelques hommes blancs chanceux qui sont allés à Eton ont accès : une vision du monde dans laquelle de larges parties du monde - Africains, musulmans, pauvres et ouvriers - sont naturellement et intrinsèquement inférieurs, barbares et sujets à la violence : contrairement aux hommes blancs drôles, intelligents et riches comme Boris Johnson.

Si seulement les antiracistes libéraux s’éveillaient à cette réalité, leur cause pourrait en être mieux servie.

Version imprimable :