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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2019-100

Continuer de débattre sur le temps qu’il nous reste si nous voulons éviter la catastrophe climatique est une perte de temps

Par Arn Menconi, traduit par Jocelyne le Boulicaut

lundi 30 septembre 2019, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Continuer de débattre sur le temps qu’il nous reste si nous voulons éviter la catastrophe climatique est une perte de temps

Le 27 août 2019, Par Arn Menconi, Exclusif pour Consortium News

Arn Menconi, ancien commissaire du comté du Colorado, a été candidat au Sénat et au Congrès américains pour le Colorado. C’est un militant pour la paix et le changement climatique. Suivez-le sur Twitter @arnmenconi.

Les avertissements de l’ONU sont alarmistes, mais ils surestiment pourtant probablement le temps dont nous disposons pour agir, écrit Arn Menconi.

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU a publié au début de ce mois un rapport concernant les effets de la hausse des températures dans le monde tant sur les terres que sur l’agriculture et a constaté que 25 % de l’augmentation des émissions de CO2 proviennent de la déforestation et de l’agriculture.

Quelque 700 scientifiques du monde entier se sont entendus pour dire que 1,5 degré Celsius est déjà intégré dans les prévisions. Ils ont précisé que la terre se réchauffe dangereusement et la raison en est que nous nous nourrissons de la façon la plus inefficace qui soit (gaspillant 25 pour cent de la nourriture produite).

Le GIEC devrait publier un autre rapport en septembre sur les effets sur les océans des émissions de CO2 d’origine humaine. 50 pour cent de notre oxygène provient des océans, et ces derniers ont absorbé jusqu’à présent 93 pour cent des émissions de CO2 d’origine humaine. En octobre 2018, le GIEC a indiqué que pour éviter des changements irréversibles dans l’environnement, " les émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’origine humaine devraient d’ici 2030 avoir chuté de quelque 45 % par rapport aux niveaux de 2010 et atteindre un " zéro net " vers 2050.

Cela signifie que toutes les émissions restantes devraient être compensées par l’élimination du CO2 de l’air." La Conférence de Paris sur le climat de 2016 reposait sur le principe d’une augmentation de la température de la planète ne dépassant pas 2 degrés Celsius, mais le rapport de 2018 a montré que nous devions limiter cette augmentation à 1,5 degré Celsius.

Facteurs faisant défaut

Ces conclusions du GIEC, bien qu’alarmantes, ne prennent toujours pas tout en considération. Par exemple, aucune des études du GIEC ne tient compte de la quantité de méthane libérée par les sites de fracturation aux États-Unis et ailleurs. Et le méthane est 30 fois plus puissant que le dioxyde de carbone en tant que piège à chaleur.

Les scientifiques signalent que la glace de l’Arctique fond à un rythme plus rapide que prévu et nous pouvons nous attendre à la disparition des glaces arctiques au cours des prochaines années. Le résultat se traduira par le rejet de quantités massives de CO2 et de méthane de la sous-couche glaciaire, or celles-ci ne sont pas prises en compte dans l’objectif de 1,5 degré Celsius, ce qui aura pour effet de réduire les délais du GIEC.

La Chine s’est lancée dans la construction de 300 centrales au charbon en Turquie, au Vietnam, en Indonésie, au Bangladesh, en Égypte et aux Philippines.

Pour relativiser ce qui précède, 175 centrales au charbon ont été mises hors service aux États-Unis entre 2011 et 2017.

Alors que la population mondiale passera de 7,53 milliards d’habitants aujourd’hui à 10 milliards en 2050, nous enregistrerons de plus en plus de gaz à effet de serre qui émaneront des combustibles fossiles, de la déforestation et de l’agriculture, mais dont les prévisions du GIEC ne tiennent pas encore compte.

Selon un échange que j’ai eu sur Twitter avec le climatologue Michael Mann, aucune de ces nouvelles données n’a été prise en compte dans les estimations du GIEC.

Ce n’est pas de 45 % avant 2030 que nous devons réduire les émissions, comme le conclut pourtant le rapport 2018 du GIEC. Mark Jacobson, directeur du programme atmosphère/énergie de l’Université Stanford, demande une réduction de 80 % des émissions de CO2 d’ici 2030. De nombreux scientifiques et économistes affirment que nous avons moins de cinq ans ou même que nous avons déjà dépassé le point de non-retour.

Paul Hawken, l’auteur très respecté de "Drawdown ; The Most Comprehensive Plan Ever Proposed to Reverse Global Warming" [Drawdown, comment inverser le cours du réchauffement planétaire (livre dans lequel il propose 100 solutions, hiérarchisées, étudiées par des scientifiques pour leur efficacité) NdT], a déclaré devant un auditoire de l’Aspen Institute cet été : "Même si nous cessions d’utiliser des combustibles fossiles aujourd’hui, nous dépasserions la barre des 1,5 degré Celsius" [Les instituts Aspen forment un réseau international d’échanges et de réflexion à but non lucratif fondé en 1950 à Aspen dans le Colorado aux États-Unis. Ils se donnent pour but d’« encourager l’ouverture sur le monde, la prise d’initiative et l’exercice des responsabilités au service du bien commun NdT].

Étapes de la reforestation : La première photo montre des collines fortement érodées en Corée du Sud. La deuxième troisième est prise cinq ans après le début de la réhabilitation ; la troisième 20 ans après. (GIEC/Service forestier coréen)

Les scientifiques commencent à utiliser le terme adaptation au lieu de réduction. Comment allons-nous nous adapter à la nouvelle normalité de la catastrophe climatique mondiale ? Cela ne veut pas dire désespérance. Cela signifie qu’il faut agir. Nous devons parler de façon réaliste et adopter des solutions pour ralentir le processus et atténuer tous les effets du changement climatique. Et nous devons nous concentrer sur les mesures qui ont déjà fait leurs preuves dans le monde entier.

Solutions nécessaires

Nous avons besoin de solutions politiques, religieuses, économiques, sociales et individuelles. C’est la plus grande crise que l’humanité ait jamais connue et le climat change beaucoup plus rapidement que les modèles les plus agressifs ne l’avaient prévu.

Voici quelques-unes des mesures les plus efficaces qui pourraient être mises en œuvre :

  • Supprimer les subventions gouvernementales à destination de l’industrie des combustibles fossiles.
  • Préconiser plutôt des mesures incitatives en faveur des énergies renouvelables.
  • Mettre sur pied un groupe de travail pour élaborer des programmes d’énergies renouvelables.
  • Fixer une taxe carbone afin de lever des fonds pour investir dans les énergies renouvelables et ralentir la croissance des combustibles fossiles.
  • Mettre un terme à tout nouveau développement des combustibles fossiles en interdisant le forage, la fracturation et sortir progressivement du carbone noir d’ici 2030 et et atteindre zéro émissions nettes (Zen) d’ici 2050.
  • Exiger des services publics qu’ils produisent toute leur électricité à partir de sources zéro émission de carbone, telles que l’énergie éolienne et solaire.
  • Établir des normes d’efficacité énergétique pour les nouvelles constructions résidentielles et commerciales.
  • Mettre fin aux émissions de méthane provenant des activités pétrolières et gazières.
  • Mettre fin à l’utilisation des hydrofluorocarbures, puissants gaz à effet de serre utilisés dans les climatiseurs, les réfrigérateurs et les aérosols.
  • Aux États-Unis, un effort particulier doit être fait pour contrôler le monstre militaire, qui a mené des guerres sans fin pour le pétrole. Réduire d’un tiers les 800 bases militaires américaines et le budget annuel de 800 milliards de dollars et réorienter les dépenses vers les énergies renouvelables, les emplois propres, le transport électrique, la recherche et l’innovation.

Tout ceci n’est pas nouveau

La science du changement climatique remonte à des décennies, aux années 1950. Exxon Mobil et autres producteurs de pétrole ont, au cours des années qui ont suivi, fait de nombreux efforts pour dissimuler les effets des émissions de CO2 d’origine humaine. Les administrations américaines ont soit caché soit ignoré les mises en garde et ont continué à favoriser le développement des combustibles fossiles laissant se généraliser les pratiques destructrices de l’agriculture et la déforestation.

Ce qui est différent aujourd’hui, c’est que nous constatons les effets de la hausse des températures, cela se traduit par une augmentation catastrophique des inondations, des incendies, la fonte des calottes glaciaires, l’extinction de la biodiversité, le plus grand nombre de réfugiés climatiques, de sécheresses et de phénomènes de désertification.

En 2014, les méga-incendies qui ont ravagé les Territoires du Nord-Ouest du Canada ont détruit plus de 3 millions d’hectares de forêt, libérant dans l’atmosphère une quantité de carbone égale à la moitié de ce que toutes les plantes et tous les arbres du Canada absorbent habituellement en une année entière. (NASA/Peter Griffith)

Nous avons déjà été confrontés à d’énormes problèmes, mais cette fois-ci, l’histoire ne nous offre aucun guide. C’est à nous de développer de nouveaux paradigmes économiques et politiques. La vie sur notre planète entière en dépend.

Si nous voulons trouver des solutions qui n’ont jamais été expérimentées auparavant, nous devons être clairs en ce qui concerne le carbone. Les États-Unis, avec 4,29 % de la population mondiale, sont responsables de 14,75 % des émissions mondiales de CO2. La Chine, avec 18,20 pour cent de la population, produit 27,51 pour cent du total. De toute évidence, les États-Unis doivent jouer un rôle de chef de file dans la réduction des émissions de CO2 si nous voulons que le monde suive notre exemple.

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