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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2019-120

Les réseaux d’intérêts de Hunter Biden

Par Aime Williams, Sun Yu, Roman Olearchyk et Adrienne Klasa, traduit par Jocelyne le Boulicaut

vendredi 8 novembre 2019, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT enseignante universitaire d’anglais retraitée pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Les réseaux d’intérêts de Hunter Biden

Ses liens à travers le monde soulèvent des questions sur le mélange des genres entre affaires et politique.

Le 8 octobre 2019, Aime Williams à Washington, Sun Yu à Pékin et Roman Olearchyk à Kiev. Reportage et publication additionnels par Adrienne Klasa

Les intérêts économiques de Hunter Biden se manifestent souvent dans des lieux inattendus. Ils se trouvent aujourd’hui au centre de la plus grande crise politique de la présidence Trump et de la quatrième enquête de destitution de l’histoire américaine.

Les liens d’affaires de Hunter Biden, fils de Joe Biden, ancien vice-président et actuel candidat à l’élection présidentielle de 2020, font l’objet d’une enquête après que Donald Trump ait fait pression sur le président ukrainien pour qu’une enquête soit ouverte sur les activités de Hunter Biden dans le pays. M.Trump a aussi fait officiellement appel à la Chine pour enquêter sur les Biden.

Les révélations ukrainiennes ont conduit les parlementaires Démocrates à lancer une procédure de destitution contre le président, mais la nature des relations commerciales de Hunter Biden en Ukraine, en Chine et dans d’autres pays soulève des questions sur les conflits d’intérêts potentiels à l’époque où son père assurait la vice-présidence. Les Biden ont réfuté tout acte répréhensible.

Hunter Biden, à droite, en 2010 avec le président Barack Obama et son père, le vice-président Joe Biden © AP

Outre ses liens avec l’Ukraine par l’intermédiaire de Burisma - la société gazière secouée par des scandales - et ses activités lucratives liées au pouvoir politique Étasunien, des archives publiques montrent que Hunter Biden siège toujours au conseil de BHR Partners, un fonds d’investissement privé soutenu par plusieurs entités publiques chinoises dont la Bank of China, China Postal Savings Bank et China Development Bank. Le Financial Times examine ici les relations d’affaires tissées par Hunter Biden dans le pays et à l’étranger :

Burisma Holdings
GAZ NATUREL | UKRAINE
Rôle de Hunter : Administrateur de 2014 à avril 2019
Rémunération :Serait de 50 000 dollars par mois

Burisma, principal producteur privé de gaz naturel en Ukraine, a obtenu certaines de ses ressources productives les plus précieuses alors que son fondateur, Mykola Zlochevsky, dirigeait un ministère qui distribuait les droits d’exploiter les hydrocarbures dans le gouvernement kleptocratique du précédent président,Viktor Yanukovitch. Après que celui-ci se soit enfui en Russie en 2014, les enquêteurs ont commencé à enquêter sur cette entreprise.

Cette année-là, Burisma nomma à son conseil d’administration d’éminents occidentaux, dont Hunter Biden, pour une rémunération estimée à 50 000 $ par mois. C’est l’appel de M. Trump à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky en vue d’obtenir une enquête sur Burisma et plus précisément sur ses liens avec Joe Biden, son rival Démocrate potentiel pour la prochaine élection présidentielle, qui a déclenché une procédure de destitution.

L’homme d’affaires ukrainien Mykola Zlochevsky, fondateur de Burisma, en 2012 © EPA/Shutterstock

Lors de tweets et d’un appel téléphonique en juillet à M. Zelensky, M. Trump et Rudy Giuliani, son avocat personnel, ont affirmé que lorsqu’il était Vice-Président, Joe Biden avait protégé les intérêts de Burisma et ceux de son fils. Les appuis occidentaux de l’Ukraine réfutent ce scénario.

Paradigm Companies LLC
FONDS SPECULATIFS | US
Rôle de Hunter : 2006-2010
Rémunération : Serait de 1,2 million de dollars par an

En 2006, Hunter Biden a pris une participation dans Paradigm, un groupe de fonds spéculatifs, après avoir échoué à faire l’acquisition de la société dans son intégralité via LBB, une SARL créée en association avec son oncle James Biden. Hunter Biden a récemment déclaré au New Yorker que, bien que l’acquisition projetée qui a échouée ait été "super tentante", tout était tombé à l’eau quand son oncle et lui ont appris que la valeur de la société avait été surévaluée.

James et Hunter Biden ont tous deux été poursuivis en justice par Anthony Lotito Jr, un de leurs anciens associés, qui les a accusés de l’avoir escroqué lors de la transaction ratée. Les Biden ont contre-attaqué en poursuivant M. Lotito en justice, l’accusant d’avoir masqué l’endettement de la société et d’avoir menti en faisant croire qu’il détenait des valeurs mobilières. Un audit indépendant du fonds réalisé en 2008 a révélé des problèmes comptables au sein de l’entreprise, notamment le "retard de préparation des états financiers" et le "défaut d’affectation des remboursements de frais des conseillers en placement du fonds".

Paradigm a été fondée en 1991 par James Park, le gendre d’un des fondateurs de l’Église de l’Unification, que certains ont qualifiée de secte [l’Église de l’Unification est une organisation religieuse fondée en Corée du Sud en 1954 par Sun Myung Moon, également connue sous le nom de secte Moon NdT]. En 2009, un fonds géré par Paradigm s’est associé à Allen Stanford, un financier texan, qui a par la suite été reconnu coupable d’avoir géré une pyramide de Ponzi de 8 milliards de dollars [une pyramide de Ponzi est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants Ndt]. La société de Stanford a été responsable de la commercialisation de l’un des fonds spéculatifs de Paradigm, et y a également investi des millions de dollars. À l’époque, un avocat représentantParadigm a déclaré que ni Hunter, ni James Biden, n’avaient jamais rencontré Stanford.

Les Biden ont déposé une demande de liquidation volontaire de la société en 2010.

Seneca Global Advisors
CABINET DE CONSEIL | US
Rôle de Hunter : Fondateur, à partir de 2008
Rémunération : Non connue

Hunter Biden a lancé son cabinet de conseil en septembre 2008, quelques semaines après que son père Joe Biden ait été désigné comme le colistier de Barack Obama sur la liste des Démocrates pour l’élection présidentielle. M. Obama a été élu président en novembre 2008, avec Joe Biden comme vice-président.

Le cabinet de conseil s’est positionné comme une entreprise capable d’aider les petites et moyennes entreprises à se développer aux Etats-Unis et sur les marchés étrangers. Parmi ses clients figurent Achaogen, une société pharmaceutique spécialisée dans les traitements antibactériens qui a déposé son bilan en avril 2019, et GreatPoint Energy, une start-up de technologie énergétique.

En 2012, le conglomérat industriel China Wanxiang Holdings a investi 420 millions de dollars dans GreatPoint. Ce fut le plus gros investissement de capital-risque aux États-Unis cette année-là. Il n’est pas certain que Hunter Biden ait été directement impliqué dans le processus entourant cet investissement.

Rosemont Seneca Partners
FOND D’INVESTISSEMENT | US
Rôle de Hunter : Co-fondateur, depuis 2009
Rémunération : Non connue

Hunter Biden est co-fondateur de Rosemont Seneca Partners en 2009 avec Christopher Heinz, fils de l’épouse de John Kerry, ancien secrétaire d’État et héritier de Heinz, entreprise agroalimentaire, et Devon Archer, financier et ancien mannequin de Abercrombie & Fitch, qui a été étudiant à Yale en même temps que M. Heinz.

Selon un article du Wall Street Journal de l’époque, Rosemont Seneca a participé en 2014 à une tentative de levée de fonds de 1,5 milliard de dollars pour un nouveau fonds lancé parHarvest Fund Management et Bohai Industrial Group, le gestionnaire d’actifs chinois. La Bank of China International Holdings était l’une des principales parties prenantes de Bohai à l’époque.

Christopher Heinz, l’un des partenaires commerciaux de Hunter Biden

M. Archer s’est d’abord rapproché de Mykola Zlochevsky, cofondateur de la compagnie gazière ukrainienne Burisma, en 2014, à l’occasion d’un déplacement sur place pour lancer un fonds immobilier lié à Rosemont et qu’il dirigeait. M. Archer a rejoint le conseil d’administration de Burisma en 2014. Hunter l’y a rejoint peu après.

BHR Partners
INVESTISSEMENT | CHINE
Rôle de Hunter : Administrateur, depuis 2013
Rémunération : Non connue

BHR Partners, dont Hunter reste administrateur, est un fonds d’investissement privé adossé à certaines des plus grandes banques d’État chinoises, au gouvernement local et au fonds de pension national.Lors de sa création en 2014, BHR a fait entrer Rosemont Seneca Thornton LLC, société d’investissement co-fondée par Hunter Biden, dans son capital à hauteur de 30%.

Un an plus tard, les deux partenaires de Rosemont Seneca Thornton - un consortium formé d’une part de Rosemont Seneca et d’autre part de Thornton Group, une entreprise dont le siège social est au Massachusetts et qui entretient des liens avec des politiques locaux - chacun repris leurs parts dans BHR : 20% pour Rosemont Seneca et 10% pourThornton. Rosemont Seneca a revendu ses participations dans BHR en 2017, tandis que Thornton les a conservées.

BHR est connu pour avoir été l’un des premiers investisseurs dans certaines des start-ups technologiques qui connaissent la croissance la plus rapide, notamment Didi Chuxing, le groupe de réseaux numériques. BHR a également investi dans Megvii, une start-up de reconnaissance faciale dont la technologie a été utilisée par les autorités chinoises pour surveiller les populations ouïgours dans les provinces occidentales de Chine.

Li Xiangsheng, PDG de BHR, a déclaré aux médias chinois que grâce au soutien de l’Etat, le fonds allait pouvoir réaliser des investissements massifs, indiquant que le fonds pourraitemprunter auprès de ses actionnaires comme la China Development Bank et Bank of China pour réaliser ses transactions.

Selon le New Yorker, Hunter et ses partenaires ont déclaré en juillet qu’ils n’avaient pas encore reçu de rémunération de la part de BHR.

Le portefeuille d’investissements de BHR Partners est composé de :

Didi Chuxing ( Transport, Chine) Opération soldée. Le plus grand service de VTC en Chine. BHR a investi dans Didi en 2015 et revendu ses parts deux ans plus tard.

Megvii (Reconnaissance d’image, Chine) Actifs détenus à ce jour. Entreprise de pointe dans le domaine de la reconnaissance faciale dont la technologie a été liée à la surveillance de masse, par Pékin, des Ouïghours du Xinjiang. BHRa investi dans la levée de fonds "série C" de Megvii en 2017.

Sinopec Petroleum Sales Co (Energie, Chine ) Actifs détenus à ce jour. Division de vente au détail de l’un des plus grands raffineurs de pétrole au monde. Sinopec a participé à la réforme de la propriété mixte du secteur public en Chine en vendant en 2014 des parts de ses activités de détail à un groupe d’investisseurs comprenant BHR. Le fonds a investi 6 milliards de yuan [environ 900 000 000 $] pour 1,7% des parts.

Yancoal Australia ( Energie, Australie ) Actifs détenus à ce jour. Filiale australienne du troisième producteur de charbon chinois. BHR s’est associé à deux banques chinoises en 2016 pour faire l’acquisition d’obligations à terme de neuf ans émise par Yancoal Australia et valorisées à hauteur de 950 millions de dollars.

Le vice-président Joe Biden descend de Air Force Two avec sa petite-fille Finnegan Biden et son fils Hunter Biden à l’aéroport de Pékin lors d’une visite officielle en 2012 © Getty

CGN Power Group ( Electricité, Chine ) Actifs détenus à ce jour. Une des plus grandes sociétés d’énergie nucléaire qui a été placée sur la liste noire des exportations américaines en août suite à d’accusations de vol de technologie américaine à des fins militaires. BHR a été un investisseur majeur dès l’introduction en bourse de CGN à Hong Kong en 2014.

Tuniu ( Agence de voyage en ligne, Chine ) Actifs détenus à ce jour. Importante agence de voyages en ligne. BHR a investi dans Tuniu en 2016.

Contemporary Amperex Technology (Batteries, Chine ) Actifs détenus à ce jour. Plus grand fabricant de batteries lithium-ion du monde. BHR a investi 100 millions de Rmb [14 millions $] dans Contemporary Amperex Technology en 2015 et a revendu des parts d’une valeur double [197 millions de yuan soit 28 millions $] trois ans plus tard.

3SBio (Société pharmaceutique Chine) Actifs détenus à ce jour. Société biopharmaceutique de premier plan dans laquelle BHR a investi.

Tenke copper mine ( Exploitation minière République du Congo) Opération soldée. BHR a acheté à la société canadienne Lunding Mining, pour 1,1 milliard de dollars, une participation à hauteur de 24% dans le capital de la mine de cuivre de Tenke en RDC, l’une des plus importantes au monde. BHR a joué le rôle d’intermédiaire dans l’opération,revendant ses parts à China Molybdenum, un conglomérat minier soutenu par l’Etat, qui a ainsi pu prendre le contrôle total de Tenke.

Henniges Automotive (Piéces automobiles, USA ) Actifs détenus à ce jour. En 2015, BHR s’est associé à la société d’État chinoise Avic Auto pour acquérir la société Henniges Automotive, du Michigan, qui fabrique des composants automobiles. L’opération, évaluée à 600 millions de dollars, a permis à BHR d’obtenir 49 % de Henniges. Un institut de recherche filiale de la société mère d’Avic Auto - le plus gros des sous-traitant chinois dans le domaine de la défense - a été ajouté à la liste noire des exportations américaines en 2014.

Gemini-Rosemont Realty (Immobilier, USA) Actifs détenus à ce jour. En 2015, Gemini Investments Limited, la société d’investissement de Sino-Ocean Land Holdings, une société d’État chinoise, a acquis une participation de 75 % dans Rosemont Realty, la société sœur de Devon Archer, dont Hunter Biden était partenaire. L’opération a donné lieu à une joint venture Gemini-Rosemont Realty, qui possède 135 immeubles dans 22 États américains.

Jilin Zhishi Dairy Co (Industrie alimentaire, Chine) Actifs détenus à ce jour. Fabricant de produits laitiers basé dans le nord-est de la Chine dans lesquel BHR a investi.

Chengdu Xijiao Rail Transportation Technology Co ( Transports, Chine) Actifs détenus à ce jour. Entreprise de pointe dans le domaine de la technologie ferroviaire, dans laquelle BHR détient une participation de 10%.

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