AID Association Initiatives Dionysiennes

Ouv zot zié !

Accueil > Chroniques de la Macronésie > CM48-Le Royaume-Uni renationalise une partie de ses lignes ferroviaires

Quand le privé se plante lamentablement, à qui fait-on appel ?

CM48-Le Royaume-Uni renationalise une partie de ses lignes ferroviaires

par Dr Bruno Bourgeon, président d’AID

vendredi 18 mai 2018, par JMT

Et si on s’adonnait aux "circuits courts" ? depuis qu’on sait que le secteur privé a toujours été incapable de gérer un vrai réseau de trains (les grandes lignes ont toujours été financées grâce à l’argent public même si ce sont des opérateurs privés qui les ont construites et exploitées...jusqu’à leur précédente faillite qui vit en France la naissance en 1937 de la SNCF) MEME quand ils étaient en état de monopole sur des liaisons rentables, cf la découpe de la France en "parts de camembert" jusqu’en 1937 qui permettait à chaque réseau d’avoir au moins une "grosse" ligne Paris-Pétaouchnock, ce qui, du fait de la centralisation française était un cadeau royal. Sans compter les juteux contrats avec les administrations et les armées :-). Et voilà que la perfide Albion vient torpiller le joli scénario de Philippe y Macron : on se souvient du film de Ken Loach, the Navigators,décrivant la privatisation abomifreuse au point de vue technique et social de British Rails. 30ans après, ça ne marche toujours pas et c’est encore plus cher qu’avant pour la collectivité ! Car c’est cela le gros piège : on vous dira qu’il faudra toujours que l’Etat soit responsable des infrastructures et paie pour leur remise en état avant qu’il puisse exiger des péages pour les trains circulant sur ses voies, afin qu’il y ait des trains de plusieurs compagnies en plus de la SNCF. Mais la gestion de ce monstre administratico-économique sera d’un tel poids qu’elle obligera, avec la rémunération des actionnaires à augmenter les prix à service égal, voire inférieur, et à vous faire travailler de plus en plus (comptez-vous les heures de gestion de vos voyages désormais ?)

On peut ajouter que si la grève échoue et que la réforme macronésienne se fait, je rigolerai bien quand nous aurons nous aussi les 30% d’augmentation, sans aide publique vu qu’il y aura encore moins de sous en caisse vu qu’il faudra payer les dividendes des actionnaires. Ce jour-là, j’espère qu’on pointera au hall d’infamie les crétins d’usagés râleurs (non ils ne méritent pas de r :-) dont les chaînes de télé, y compris du "sévice public", étalent complaisamment les jérémiades à chaque séquence de grève, tristes individus inconscients que leur sort dépend des autres comme pour tout le monde, uniquement capables de contempler leur nombril, de pleurer sur leur triste sort sans jamais rien faire,sans jamais rien penser plus loin que le bout de leur nez, et toujours prêts à jalouser d’autres prolétaires qui eux se défendent plutôt que de béer gloire et bling-bling, ignorants qu’ils sont qu’ils peuvent mettre fin à la grève en étant solidaires : pour commencer, demander à leurs entreprises et faire eux-mêmes des poursuites juridiques contre la SNCF et contre l’Etat qui jouent le pourrissement de la grêve et sont donc bien les vrais responsables de la durée du conflit. Eventuellement, si on avait encore des syndicats dignes de ce nom, ils devraient mettre en grève toutes les entreprises atteintes par la grève du train pour réclamer sur leurs propres revendications (il y en a toujours) et sur la fin de la grève ou sur des journées payées à rien faire chez soi. Du coup les entreprises auraient plus de raisons de se retourner juridiquement contre la SNCF et l’Etat. Peut-être alors que quelqu’un comprendrait que tout ce bordel déclenché pour vouloir aller plus vite que la musique et pondre dans l’urgence par ordonnances, une réforme bâclée juste pour tuer le chien prétendument enragé SNCF, c’est vraiment une ânerie de plus à porter au crédit des comptables qui prétendent régenter le monde dont ils ignorent tout hors de leurs chiffres monétaires !

Et ce conflit est éminemment utile : outre en diffusant un maximum d ’information dont l’Etat ne divulgue que des parts tronquées, on a vu que, quand le groupe parlementaire de la France Insoumise au début des travaux à l’Assemblée Nationale présente un amendement stipulant que les actions des sociétés publiques du groupe SNCF seront incessibles (ce qui met un énorme frein à sa privatisation), LREM, aussi godillots que l’UDR gaullienne des années 60 vote comme un seul homme NON. Mais après 14 journées de grève, après la "Fête à Macron", le délégué général de LREM ,la gueule enfarinée vient s’exclamer : "mais nous avons proposé l’incessibilité des titres".... Ben oui, ça sert la grève, quand le pouvoir des très riches se sent légitime mais morveux, comme un gamin qui a fait une saloperie pour se faire bien voir et qui sait que ses copains vont lui faire sa fête dès qu’il quittera la maison familiale :-)

Le Royaume-Uni renationalise une partie de ses lignes ferroviaires

Voilà de quoi conforter les cheminots français en lutte. De l’autre côté de la Manche, le gouvernement britannique annonce, le 16 mai, la renationalisation d’une partie de ses lignes de train, dans l’est du pays. Décision prise en raison de l’incapacité de l’exploitant privé à rentabiliser la ligne.

La ligne Londres-Edimbourg, qui dessert aussi Leeds et Newcastle, sera à nouveau contrôlée par l’Etat britannique à la fin du mois prochain. La société privée qui l’exploitait depuis trois ans et demi n’a pas été en mesure de payer la franchise qu’elle devait à l’Etat. Motif invoqué : des infrastructures vieillissantes.

En huit années, c’est la troisième entreprise privée qui échoue à exploiter de manière rentable cette liaison de plus de 600 kilomètres.

Le rail britannique a été privatisé par les conservateurs dans les années 1990. Depuis, les trains sont bondés, les retards sont très fréquents et le prix des billets a explosé. En moyenne, les tarifs sont supérieurs de 30% à ceux pratiqués en France.

En termes de fonctionnement, le chemin de fer britannique coûte 40% plus cher que dans le reste de l’Europe. Et cela en dépit des subventions publiques que le gouvernement britannique continue de verser aux opérateurs privés : plus de 4 milliards et demi d’euros chaque année.

Syndicats et opposition travailliste demandent la renationalisation totale du chemin de fer. Selon les sondages, près de 60% des Britanniques y sont également favorable.

Quand on pense que le gouvernement de M. Macron cherche à tout prix à privatiser tout ou partie de la SNCF, avec le chantage au statut des cheminots : mais où va-t-on, à faire l’inverse de ce que le bon sens nous indique outre-Manche !

Dr Bruno Bourgeon, président d’AID

Repris d’une info de RFI (voir plus loin)

Version imprimable :

PUBLICATION DANS LES MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du Mardi 22 Mai 2018 - 13:00

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien de la Réunion du 23 Mai 2018

* Courrier des lecteurs dans Imaz Press Reunion


Liaisons ferroviaires britanniques

La CGT cheminots a publié un rapport sur le transport ferroviaire en France, qui contrebalance le rapport Spinetta.

Télécharger Ensemble pour le Fer (46 pages) :

Ecoutez la différence : Alors que la CGT fait remonter l’expertise des travailleurs de tous niveaux qui vivent l’entreprise depuis des décennies, J-C Spinetta n’est pas le Messie malgré ses initiales mais juste une potiche surpayée toute sa vie qui a failli ruiner Air France et fait également pas mal de dégâts chez Areva , ce qui fait quand même une belle collection de casseroles à trimbaler ! .

Donc s’adresser à quelqu’un qui ne doit même pas depuis pas mal d’années avoir vu l’intérieur d’un train, d’une gare, d’un atelier ou d’un dispatching, mais dont on comptait sur le libéralisme à tous crins était juste une aimable farce digne de la Macronésie qui blablate beaucoup mais peine à pondre des idées pour RESOUDRE les problèmes et pas pour TORPILLER ce qui existe selon la méthode : l’ascenseur ne marche pas ? on dynamite l’immeuble et on en construit un autre :-)

à noter (et Merci à Colin de l’envoi du rapport et de cette synthèse) :

* la référence aux enjeux climatiques ;

* le choix préférentiel fait par l’Etat du soutien à la route et notamment la suppression de la taxe poids lourds ;

* la revendication d’une revalorisation de la dotation aux régions. La gestion décentralisée en région est privilégiée, à condition qu’elles bénéficient d’un financement spécifiquement dédié à l’exploitation ferroviaire. (Versement Transport additionnel)

* l’exemple du fiasco de la privatisation du fret

* l’affectation des recettes de la taxe sur les énergies TICPE (dont pétrole) au financement du transport ferroviaire.

Et tout un tas de références au service public national et aux intérêts antagoniques du capital avec ceux des salariés et de l’environnement (bon c’est quand même la CGT, hein !)

Bref beaucoup de choses que tout-e écolo connait et défend déjà j’imagine. À se remémorer quand nos collègues et ami-e-s râleront d’être bloqué-e-s à cause des grèves.

Source RFI : Le Royaume-Uni renationalise une partie de ses lignes ferroviaires

Par RFI
Publié le 16-05-2018 Modifié le 16-05-2018 à 20:40


Des passagers de la Southern Railway, dans la gare Victoria à Londres, le 8 août 2016.REUTERS/Neil Hall

Voilà de quoi conforter les cheminots français en lutte. De l’autre côté de la Manche, le gouvernement britannique annonce, ce mercredi 16 mai, la renationalisation d’une partie de ses lignes de train, dans l’est du pays. Décision prise en raison de l’incapacité de l’exploitant privé à rentabiliser la ligne.

La ligne Londres-Edimbourg, qui dessert aussi Leeds et Newcastle, sera à nouveau contrôlée par l’Etat britannique à la fin du mois prochain. La société privée qui l’exploitait depuis trois ans et demi n’a pas été en mesure de payer la franchise qu’elle devait à l’Etat. Motif invoqué : des infrastructures vieillissantes.

En huit années, c’est la troisième entreprise privée qui échoue à exploiter de manière rentable cette liaison de plus de 600 kilomètres.

Le rail britannique a été privatisé par les conservateurs dans les années 1990. Depuis, les trains sont bondés, les retards sont très fréquents et le prix des billets a explosé. En moyenne, les tarifs sont supérieurs de 30% à ceux pratiqués en France.

En termes de fonctionnement, le chemin de fer britannique coûte 40% plus cher que dans le reste de l’Europe. Et cela en dépit des subventions publiques que le gouvernement britannique continue de verser aux opérateurs privés : plus de 4 milliards et demi d’euros chaque année.

Syndicats et opposition travailliste demandent la renationalisation totale du chemin de fer. Selon les sondages, près de 60% des Britanniques y sont également favorables

Le rapport Spinetta est signé par une élite qui ne connaît pas la France

Gaël Brustier — 26 février 2018 à 11h26 — mis à jour le 26 février 2018 à 11h51

Le rapport Spinetta rend plus évident le divorce entre deux France, celle des métropoles et celle des bourgs, petites et moyennes villes. Le Premier ministre doit annoncer ce lundi les mesures retenues. Il n’exclut pas d’avoir recours aux ordonnances pour couper court à toute contestation.

Pendant que les paysages de la France défilent, certains trinquent dans la voiture-bar | Jack Catterall via Unsplash License by

Il y a plusieurs lectures du rapport de Jean-Cyril Spinetta. On peut y voir les jalons de l’adaptation à la France des orientations fixées au niveau de l’Union européenne en matière de transport ferroviaire. Le marché et la concurrence sont les horizons radieux promis à notre système ferroviaire.

On peut aussi s’intéresser à la dimension mêlant concret et symbolique et, finalement, contribuant à l’évolution de la vision du monde d’un grand nombre de Français habitant dans les régions concernées par les fermetures de lignes –suggérées, annoncées, voire louées par des gens qui, manifestement, les ont encore moins empruntées que les usagers potentiels.

La gare, comme la mairie et l’école, fait partie de l’univers des Français

Pendant des décennies suivant sa fondation en 1936, la SNCF a symbolisé la promesse par la République d’une maitrise de son territoire assurant une égalité de traitement entre citoyens. Particularismes locaux et principe d’égalité faisaient alors bon ménage.

Après avoir célébré quelques décennies plus tôt l’arrivée de l’électricité, on s’attachait à développer un service public ferroviaire au maillage dense. Marqué par la centralisation mais aussi par le souci affiché de réduire le temps des voyages entre les régions ou entre les villes.

C’était la France de Raoul Dautry, d’élites mues par le dessein d’une organisation et d’un contrôle toujours plus étroit du territoire par la puissance publique. Localement, la gare faisait partie de l’univers quotidien de millions de Français, rejoignant ainsi la mairie et l’école qui, ensemble, disputaient un rôle dirigeant à l’église. Le chef de gare comptait.

Il est intéressant de constater qu’actuellement le maillage de la SNCF contribue encore à une vie sociale importante dans certaines villes ou certains bourgs. Il suffit de lire Le Bourg et l’atelier du sociologue Julian Mischi pour réaliser à quel point, localement, autour des infrastructures ferroviaires et de cheminots, ce sont des liens de sociabilité qui se tissent avec l’ensemble de la population locale. Une gare, ce n’est pas qu’un lieu où l’on prend le train, c’est aussi localement une idée du service public qui vit.
La fin de l’aménagement du territoire

L’un des fondamentaux, l’une des promesses de la Ve République fut « l’aménagement du territoire ». La puissance publique s’efforça de planifier, d’organiser le territoire, d’en dessiner l’avenir, d’en favoriser le développement.

L’un des malaises évidents qui frappe notre pays est l’immense désillusion à l’égard de cette promesse. Désillusion nourrie par l’évolution rapide de la géographie économique et sociale du pays à mesure qu’il s’est adapté à la globalisation.

Une vérité devient de plus en plus criante : les citoyens de Paris ou Lyon d’un côté et ceux de Montargis, Guéret ou Verdun de l’autre sont de moins en moins égaux. Les seconds ressentent durement une privation tendancielle de mobilité spatiale, certes, mais surtout sociale. Une gigantesque trappe s’est ouverte et a happé une partie du pays.

Les territoires riches ont les outils pour organiser, planifier leur propre développement. Les territoires pauvres ne les ont pas et subissent les conséquences des choix des autres. L’unité du territoire n’a pas besoin de beaucoup de Talamoni pour exploser, il lui suffit d’un ou deux Jean-Cyril Spinetta. Les élites organisatrices ont substitué le marché au plan.

Le rapport Spinetta consacre l’existence aux yeux des élites d’une France de deuxième, voire de troisième classe

Vu d’en haut la France à laquelle on supprime ses trains est dépourvue de légitimité. Que le rapport Spinetta recommande l’usage de la voiture en lieu et place du train est révélateur.

Alors que les métropoles du pays luttent contre l’automobile, la paradoxale recommandation du rapport Spinetta laisse entendre que les territoires périphériques dépouillés de leurs liaisons ferroviaires seraient exemptés de participation à l’effort de transition écologique. Le « tout-bagnole » est encore imposé à la « France périphérique », agrémenté d’une passion pour les cars émanant de gens qui ne les prennent jamais.

Macron et les deux sociétés

Emmanuel Macron est confronté à un problème majeur : les inégalités territoriales explosent. La promesse d’égalité républicaine est battue en brèche. Essayant de se défaire de l’image de président des métropoles, quelques-unes de ses incursions dans le monde rural ont laissé entrevoir quelques timides marques d’intérêts pour cette France-là.

Le président Macron peut-il enrayer la machine infernale qui fait exploser les inégalités et les fractures les plus béantes ? Plus important, le veut-il ?

Président d’une Ve République « restaurée », peut-il laisser la promesse d’égalité territoriale aussi spectaculairement trahie ? Ce serait risqué…

LIENS

*40 ème chronique de la Macronésie
CM40 - Pour sauver la SNCF, faisons dérailler le gouvernement
par Dr Bruno Bourgeon, président d’AID, publié le jeudi 5 avril 2018,

* Système ferroviaire britannique by Wikipédia

* Ken Loach by Wikipédia