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Une polémique séculaire

Surpopulation : facteur de surconsommation planétaire ?

par Dr Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID

lundi 27 avril 2020, par JMT

Entre 100 et 300 millions de Terriens il y a 2000 ans, le milliard franchi entre 1810 et 1830, 7.5 milliards en 2017, 7.7 milliards en 2019, 9.7 milliards en 2050, 11 milliards en 2100 : la surpopulation serait le dernier fléau écologique. Vraiment ?

Surpopulation : facteur de surconsommation planétaire ?

Entre 100 et 300 millions de Terriens il y a 2000 ans, le milliard franchi entre 1810 et 1830, 7.5 milliards en 2017, 7.7 milliards en 2019, 9.7 milliards en 2050, 11 milliards en 2100 : la surpopulation serait le dernier fléau écologique. Vraiment ?

Le jour du dépassement 2019

En 1798, un pasteur anglican économiste du nom de Thomas Malthus, publie : « Essai sur les principes de la population ». Il montre que la population anglaise croît de manière géométrique quand les ressources alimentaires croissent de manière arithmétique. Le chaos par la famine guette la couronne.

Malthus a la solution : contrôle des naissances partout où elles sont le plus problématiques, i.e. chez les pauvres. Il écrit avec tact : « nous devons rendre les rues plus étroites, entasser plus de gens dans les maisons, et encourager le retour de la peste. » La mortalité des plus démunis comme facteur de régulation de la démographie.

En 1968, Anne et Paul Ehrlich publient : « The Population Bomb ». Remake hollywoodien de Malthus : trop de voitures, trop d’usines, trop de détergents, trop de pesticides, la cause en est toujours la même : trop de monde sur Terre.

Prenons ces théoriciens à la lettre. Le Jour du Dépassement (JD) est la date à partir de laquelle l’Homme consomme plus de ressources naturelles que la Terre ne peut en fournir en une année : en 1970, c’est le 29/12, en 1990, le 11/10, en 2019, le 21/07 : nous avons consommé 1.75 planètes pour 2019. Mais qui est ce « nous » ? Dans les 30 prochaines années, la moitié des 2 milliards à naître seront issus de 9 pays : Inde, Pakistan, Nigéria, République Démocratique du Congo, Ethiopie, Tanzanie, Indonésie, Egypte, et Etats-Unis. 5 sont situés en Afrique, laquelle quadruplera sa population d’ici 2100.

Revenons sur le JD. Si l’Humanité consommait comme le Qatar, le JD serait le 11/02 ; les USA, le 15/03 ; l’Allemagne, le 03/05 ; la France, le 14/05 ; le Royaume-Uni, le 17/05 ; Pour les champions de la démographie galopante : l’Egypte, le 25/11 ; l’Indonésie, le 18/12, les 6 autres n’ont pas de JD.

Pour autant, pourra-t-on nourrir tout le monde ? la production céréale annuelle est de 2.5 milliards de t, de quoi nourrir 10 à 12 milliards d’Humains : 43% pour les Hommes, 36% pour le bétail (chiffres de 2015), bétail racheté par une minorité assez riche pour s’offrir de la viande. Le problème est la répartition.

La peur est tenace, Malthus revient à la mode. En 1950, les USA vantent le contrôle des naissances pour le tiers monde, par peur du communisme rampant dans un monde empli d’inégalités sociales. D’autres pointent les mères africaines. Et si nous inversions la logique ?

Si l’Inde exhortait les USA à lancer des politiques de contrôle du poids ? En 2012, une étude montre que l’obésité représente l’équivalent d’un demi-milliard de personnes à nourrir en plus.

Si l’Ethiopie exigeait de la France un contrôle du vieillissement ? En 2050, un quart de la population française aura plus de 65 ans. Qui dit vie plus longue dit empreinte écologique plus lourde.

On continue dans l’absurde ? En 2050, quoi qu’il advienne, nous serons deux ou trois milliards de plus. Même avec une politique de l’enfant unique, une pandémie, ou une guerre meurtrière. Cependant la fécondité évolue : de 5 enfants par femme en 1950, on est passé à 2.5 enfants en 2020. A l’échelle mondiale. Il y a 50 ans, la croissance démographique était de 2%/an. Aujourd’hui, elle est de 1.1%/an. Ce n’est pas la démographie qui est incontrôlable, mais la peur qu’on en a.

Agiter le fanion de la surpopulation nous évite de questionner nos modèles de société. Regardons la démographie en face : elle a d’autres choses plus essentielles à nous raconter. Elle n’est pas le seul facteur humain impactant l’environnement.

On dit que les Occidentaux redoutent l’enrichissement et la surconsommation du tiers monde : ne serait-ce pas plutôt ces mêmes Occidentaux qui veulent vendre leur système et générer plus d’argent pour leur propre profit ? Ne nous laissons pas leurrer par de sombres pasteurs anglicans, d’hier ou d’aujourd’hui. Et surtout ne raisonnons pas, en terme de population, de manière globale : il faut toujours contextualiser.

Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID
D’après #DataGueule du 10 février 2020

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SOURCE

* Surpopulation : La peur aux ventres - #DATAGUEULE 94
7 févr. 2020

En ces temps de crise environnementale et de surexploitation des ressources, un bien vieil argument revient en force : les humains pèseraient bien trop lourd sur la planète. La surpopulation serait le fléau qui risquerait de nous faire basculer dans le chaos. Vraiment ? Quand on agite frénétiquement le risque d’un excès de population, on oublie souvent de poser une question essentielle : de quelle population s’agit-il ? Comment s’organise-t-elle ? Comment occupe-t-elle cette Terre ? Et rapidement, on se rend compte qu’il n’existe pas "une" population mais des réalités multiples et complexes. En fonction de nos choix de société, nos impacts environnementaux peuvent varier considérablement. Comme beaucoup de grande peurs, le mythe de la surpopulation nous éloigne de l’enjeu principal : qui sont celles et ceux qui accèdent aux ressources et sont-elles réparties équitablement entre toutes et tous ?

PUBLICATION MEDIAS LOCAUX

* Courrier des lecteurs de Zinfos974 du

* Tribune libre sur Imaz-Press Réunion du Mercredi 29 Avril à 18H16

* Courrier des lecteurs de Témoignages du 30 avril 2020

* Courrier des lecteurs sur clicanoo.com du Mercredi 29 avril 2020, 19h11

* Courrier des lecteurs dans Le Quotidien du 29 Mai 2020

Quelques compléments sur un débat très compliqué

Ce n’est pas parler de peur que de dire qu’ il reste une donnée incontournable : avec un taux de croissance positif de la population, aussi faible soit-il (ce n’est pas parce qu’un phénomène est lent donc peu "visible" qu’il ne finit pas par arriver au point de non-retour !) on augmentera chaque année l’empreinte écologique .

Or les capacités de la planète non seulement n’augmentent pas mais ont tendance à diminuer puisque l’humanité ne prélève pas que la production annuelle mais tire sur les stocks (poissons, bois, eau, terres fertiles, acidification des océans et hausse de leur température qui diminue leur capacité d’absorption de CO2 et bien évidemment toutes les ressources minières.)

Le Nigéria "n’a pas de jour du dépassement" parce qu’il importe une grande partie de sa nourriture sous forme de céréales qu’il paie en pétrole, ce qui de surcroît détruit l’agriculture locale incapable de produire au même prix rendu sur les marchés urbains. Si les pays producteurs de céréales baissent leur consommation de pétrole, et puisque la population du Nigeria continue de croître, il va y avoir un effet de ciseaux finissant mal !

La politique de Malthus existe de facto dans certains pays pauvres : j’ai deux copains égyptiens qui me tiennent au courant de ce qui se passe dans la vraie vie (n’oublions pas qu’une des sources d’importation du Covid en France a été par des touristes français infectés revenant d’Egypte ) et ils sont particulièrement affolés devant l’inaction gouvernementale hormis les habituels tabassages par la police .

Il y a régulièrement en Egypte des émeutes de la faim, un enseignant retraité arrive à peine à se payer les produits de première nécessité (ça me rappelle la Russie de 2005 !), les gens qui pour la plupart n’ont pas de voitures sont obligés de se déplacer en bus, tassés comme des sardines (bonjour le confinement et la distanciation sociale !) pour aller chercher à manger loin des villes où ils habitent, auprès de la famille ou d’amis qui ont la chance d’avoir un lopin de terre à cultiver, la police tabasse à tour de bras dans les quartiers populaires, les gens sont malades et il n’y a rien pour les soigner, ils meurent et comme dans d’autres pays on les enterre en masse !

Un petit fait à avoir à l’esprit, surtout pour ceux qui ne sont jamais sortis de leur cocon de pays riche : quand l’Egypte sous César et Cléopâtre était "le grenier à blé de Rome", il y avait 3 millions d’habitants sur le même territoire agricole que maintenant qui doit en supporter près de 100 millions !

Quelques millions de morts arrangeraient bien le régime qui ne survit que par l’aide militaire et économique états-unienne car le pays importe la majorité de sa chiche nourriture depuis des décennies. Or avec la crise les recettes du canal de Suez se sont effondrées et les hydrocarbures se vendent moins et leur prix aussi s’est effondré. Même squizz qu’au Nigeria qui a lui aussi des "frères musulmans" encore plus extrémistes avec Boko Aram.

Il en sera de même avec le Niger (7,6 enfants par femme en 2018) dont l’uranium ne suffira plus longtemps à payer les importations de nourriture. Il n’y a que les démographes de l’ONU qui peuvent sans sourciller écrire des conneries comme "D’après une étude des Nations unies, la population du Niger devrait atteindre 79 millions d’habitants en 2050 puis 209 millions en 2100."

Le Niger c’est comme l’Egypte , en pire , parce qu’à Niamey certaines années il n’y a pas assez d’eau en saison sèche dans le fleuve Niger (seule source d’eau pérenne) pour pouvoir y pomper pour l’usine d’eau potable ! A 17 millions d’hab il y a déjà une densité de 100 dans la ridiculement petite "zone utile". Qui peut croire qu’on pourra y avoir 5 fois plus d’habitants en 2050 ou 12 fois plus en 2100. Même s’il y a beaucoup d’énergie solaire la mer la plus proche est à plus de 1000 km et il n’est pas sûr que les pays voisins soient très coopératifs !

Le reste du pays utile, la zone sahélienne, le long de la frontière nigériane survit en asséchant les nappes phréatiques fossiles. Ca ne date pas d’hier : j’ai eu en afrique centrale une amie française nèe à Agadez en 1955 dont le père, Monsieur Sylvain, forait déjà à l’époque dans la région des puits pour l’Organisation Commune des Régions Sahariennes, avant même le boom démographique induit par la mise en production des mines d’uranium par le CEA puis AREVA !.

L’autre fait incontournable est que le sens normal des choses veut que l’immense majorité des pauvres cherche à s’enrichir pour vivre mieux et personne ne pourra leur interdire ni les en priver sans émeutes ou guerres.

Actuellement, sur près de 8 milliards de terriens il y a 5 milliards qui ne sont qu’au niveau de la survie. Régler le problème de l’obésité chez le milliard de riches permettra peut-être de NOURRIR mieux 1 ou 2 milliards de pauvres mais pour une grosse minorité ce n’est pas cela qu’ils recherchent. Beaucoup de pauvres se satisfont de la malbouffe qui existera tant qu’il y aura du pétrole à prix abordable, mais ils rêvent de maisons, de voitures, de smartphones, de beaux vêtements, de loisirs, .... dans des tas de sociétés on est riche quand on peut gaspiller et "jeter l’argent par les fenêtres" est littéralement l’expression de la plus grande richesse.

Et le milliard de riches, en Occident mais aussi dans beaucoup d’autres pays n’est PAS DU TOUT PRET à voir son niveau de vie baisser sérieusement pour "partager" et il se trouve qu’il détient tous les leviers de pouvoir.

Solde démographique annuel de l’Europe en milliers

Par ailleurs combien de ces milliards de terriens auront fait suffisamment d’études pour être capables de comprendre les enjeux qui sont tout sauf "naturels" ni de sagesse populaire.

Lisez bien cet article Démographie du Niger . Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, il n’y a pas de transition démographique dans les pays les plus pauvres parce qu’il n’y a pas de système de retraite fiable pour rassurer les vieux , pas d’économie formelle suffisante pour en payer les cotisations, qu’il faut donc que les enfants assistent les parents vieux (dès 50ans !) et que la plupart sont si pauvres qu’il leur faut plusieurs enfants pour espérer ne pas mourir de faim et avoir des bras pour pratiquer une agriculture chiche à cause des températures très élevées et de la rareté de l’eau qu’il faut parfois pomper à des dizaines de mètres de profondeur.

Certains états ont pu faire le saut qualitatif suffisant provoquant la transition démographique alors qu’ils avaient une très forte natalité : ce sont tous des dictatures "douces" comme le sultanat d’Oman, comme l’était l’Iran des années 50 et 60, comme Singapour,et comme ...pas beaucoup d’autres.

Les émirats pétroliers ne sont pas à l’équilibre démographique car leur population "nationale" aisée continue de croître fortement et ils ont un énorme volant de main d’oeuvre immigrée (pakistanaise, bengladaise, philippine, soudanaise, jadis égyptienne et palestinienne, ) quasi-esclave et dont ils se débarrassent sans le moindre état d’âme au moindre problème et qui n’ont aucun droit social (cf le Koweit qui a expulsé ses 300.000 palestiniens supposés pro irakiens après la 1 ère guerre du golfe !)

Donc même si on suit les scénarios Négawatt et Afterre (essayez seulement de rêver imposer ça aux USA, aux états du golfe, à l’Australie !!!!) en supprimant gaspillages, mauvais rendements de transformation, mauvaise organisation favorisée par des prix trop bas de l’énergie, le recours à la sous-traitance de gens mal payés et exploités et les dévastations écologiques, on va péniblement en 30ans arriver à réduire au 1/3 l’impact PAR TETE. Or si pendant ce temps la population augmente, l’effet global sera moins fort. Or en France il faut absolument diviser par 3 cet impact pour que le jour du dépassement revienne au 31/12.

Et ce n’est pas tout : le calcul des jours de dépassement ne tient compte que de ce qui se passe dans chaque pays. Or nous consommons des hectares brésiliens et argentins pour le soja et le mais de nos animaux d’élevage, nous consommons énormément d’énergie "grise" en important des objets de Chine ou d’ailleurs, nous y abandonnons une part importante de notre pollution, ce qui nous permet de paraître exemplaires alors qu’on triche honteusement.

Et même si une grande partie des gaspis et surconsommations en France vient des "très riches", les autre classes sociales pour la plupart voudraient elles aussi goûter au confort, aux loisirs coûteux etc.... Nous ne pourrons simultanément baisser l’empreinte globale en augmentant l’empreinte moyenne qu’en diminuant globalement la population, ce qui veut dire le moins possible de naissances, retarder l’âge des mères à la naissance et cesser les tentatives d’allongement de la durée de la vie pour se consacrer à l’amélioration de la santé tout au long de la vie. Il nous faut inventer d’autres manières de vivre, d’autres types de famille que les nôtres pour avoir deux fois moins d’enfants tout en les élevant le plus possible au contact les uns des autres pour les socialiser dès le plus jeune âge.

Pour clôre temporairement le débat, il suffit de revenir au Rapport Meadows de 1972 dont la mise à jour en 2011 a totalement confirmé la validité des hypothèses de l’époque et le fait que nous avons scrupuleusement fait toutes les conneries alors imaginées.

Or dans quasiment tous les scénarios , qu’ils soient "business as usual" ou avec contraintes "supportables" , il y a une constante : la diminution continue et importante de la population mondiale commençant entre 2020 et 2030, sans aucun besoin de guerres d’extermination, simplement de par les conséquences de nos actes et de l’épuisement de la planète.

Le covid-19 et d’autres pandémies semblables en sont un signe et vont sévir de plus en plus, et vont faire de plus en plus de mort, surtout dans des pays non préparés à y faire face ou n’ayant pas les moyens de le faire. Certains attribuent leur apparition au fait que nous sommes allés dévaster des zones forestières, surtout en Asie, qui jusqu’à il y a quelques décennies étaient encore quasiment inexplorées.

La Terre se venge. Finalement, Gaia existe peut-être réellement, sa maladie s’appelle "humanité grouillante envahissante" et elle va peut-être se soigner à sa façon ?

Jean-marc TAGLIAFERRI