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D’après Novéthic du 03 novembre 2021

COP26 : les bons et les mauvais élèves

Par Bruno Bourgeon

vendredi 26 novembre 2021, par JMT

COP26 : les bons et les mauvais élèves

Boris Johnson, le premier ministre britannique, hôte de la COP26, rappelle l’objectif 1,5°C avec ses doigts. EVAN VUCCI / POOL AFP

Six ans après l’Accord de Paris, malgré des progrès notables, les engagements climatiques des États nous mènent toujours vers un réchauffement supérieur à +1,5°C. La COP26, qui se tient à Glasgow, au Royaume-Uni, fixait la première échéance pour la relève de l’ambition, mais de nombreux pays ne sont pas au rendez-vous. Parmi eux, la Russie, le Brésil ou encore la Chine dont l’absence à Glasgow est remarquée et critiquée. En cette première semaine de négociations, la dynamique semble toujours enrayée.

Boris Johnson, le premier ministre britannique, hôte de la COP26, rappelle l’objectif 1,5°C avec ses doigts. On peut décider de voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Commençons par les avancées. Depuis l’Accord de Paris, adopté en à la COP21 en 2015, et ratifié depuis par tous les pays du monde – à l’exception de cinq d’entre eux (Érythrée, Iraq, Iran, Libye et Yémen), de nombreux engagements ont émané de la part des États, mais pas seulement. Les collectivités locales, les régions, les villes, les entreprises et les institutions financières se sont emparées de la question du climat.

"L’accord de Paris est devenu une référence. Cette première phase a vraiment permis une appropriation collective par tous les acteurs", souligne Henri Waisman, chercheur à l’Iddri. "L’Indonésie, par exemple, a établi une stratégie climatique de long terme et s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2060. Cela peut paraître banal aujourd’hui mais en 2015, on ne l’aurait même pas imaginé. C’est un progrès très notable", ajoute le spécialiste. "Il faut désormais que la deuxième phase soit celle de l’accélération de l’ambition". Si de nombreux États ont pris des engagements pour la neutralité carbone – ils représentent 90 % des émissions mondiales – certains comme l’Australie, le Brésil ou la Russie n’ont pas détaillé de feuille de route crédible pour y parvenir. L’Inde ratiocine avec une neutralité carbone en 2070…

Quand on regarde dans le détail les fameuses NDC (contributions nationales déterminées), que les États avaient promis de revoir à la hausse avant la COP26, on s’aperçoit que le chemin à parcourir est encore long. Si 145 pays ont déposé une nouvelle NDC, 45 n’ont tout simplement pas respecté les règles et n’ont pas soumis de nouveaux objectifs. Pire : 64 pays ont déposé des NDC moins ambitieuses ou égales à celles de 2015. Parmi eux, on retrouve les mêmes cancres : l’Australie, le Brésil, la Russie.

Selon l’ONU, les engagements actuels vont entraîner une augmentation des émissions de GES de 16 % d’ici 2030, alors qu’il faudrait les réduire de 45 % pour l’objectif 1,5°C. Cela nous mène vers un réchauffement de 2,7°C. Si on prend en compte les engagements récents, notamment ceux de l’Inde et de la Chine, nous pourrions être autour de 1,9°C de réchauffement, dans le meilleur des scénarii, selon Climate Resource. C’est mieux mais c’est toujours au-dessus de ce qu’il faudrait pour éviter les effets les plus dévastateurs.

"Le dépassement de l’objectif 1,5°C conduira à un monde déstabilisé et à des souffrances sans fin" a dit Patricia Espinosa, la secrétaire exécutive de la CCNUCC. "Lors de la COP26, les gouvernements devraient convenir que les principaux émetteurs dont les objectifs 2030 ne sont pas alignés sur 1,5°C les améliorent au plus tard en 2023, lorsque les pays auront fini de prendre bilan de leurs progrès collectifs dans le cadre du Bilan mondial de l’Accord de Paris" suggère Helen Mountford, du World Resources Institute. "Cela peut être une pilule difficile à avaler pour les décideurs politiques - et les pays soumettront toujours de nouveaux plans en 2025 dans le cadre du cycle régulier de l’Accord de Paris - mais le fait est qu’ils n’ont pas le choix" ajoute-t-elle.

En cette première semaine de négociations, la dynamique semble enrayée et aucun leadership ne se dégage. Les chefs d’États des plus grandes économies se sont succédé à la tribune sans aucune nouvelle annonce, comme indifférents à la souffrance dont les pays les moins avancés ont tous témoigné. L’absence des présidents chinois, russe et brésilien, très critiquée, ne permet pas non plus d’apaiser les tensions.

Bruno Bourgeon http://www.aid97400.re

D’après Novéthic du 03 novembre 2021

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