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D’après Novéthic du 7 Mai 2024
Le nouveau plan Ecophyto
Par Bruno BOURGEON
mercredi 29 mai 2024, par
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Le nouveau plan Ecophyto
Epandage de pesticides
La France arrivera-t-elle à réduire son usage des pesticides ? Le gouvernement vient de dévoiler son nouveau plan Ecophyto 2030 mis en pause depuis la crise agricole. La FNSEA, principal syndicat agricole, s’en réjouit, mais ce nouvel indicateur, calqué sur celui de l’Union européenne, est fustigé par les associations environnementales, faisant croire à une réduction de cet usage.
C’est un plan destiné à réduire l’usage des pesticides qui était attendu depuis des mois. Mis en pause en raison de la crise agricole, le ministère de l’Agriculture l’a repoussé de quatre mois. Quatre mois pendant lesquels l’Elysée a tenté d’apaiser les tensions en recevant notamment jeudi 2 mai les représentants du monde agricole.
A première vue, l’objectif reste le même. « La France poursuit son objectif d’une réduction de 50% de l’utilisation et des risques globaux des produits phytosanitaires, tout en se plaçant dans le respect d’un principe : pas d’interdiction sans solution », rapporte le gouvernement dans un communiqué.
Mais pour les ONG, le diable se cache dans les détails. En l’occurrence, le diable se nomme HRI1 (indice de risque harmonisé). Cet indicateur européen, censé prendre en compte les quantités et la dangerosité des pesticides, vient remplacer le Nodu pour « nombre de doses unité » qui primait jusqu’ici et qui était dénoncé par la FNSEA.
Le Nodu, qui est calculé en hectares, divise les quantités de substances actives vendues par leur dose de référence. Le HRI1 est lui un indice obtenu en multipliant les volumes de pesticides vendus par des coefficients de risque. Il ne tient pas compte des doses d’application contrairement au Nodu.
Les membres du comité scientifique et technique Ecophyto ainsi que d’autres chercheurs ont déjà lancé des alertes mettant en doute le HRI1. Le 21 février, dans The Conversation, ils listaient de nombreuses problématiques rattachées à cet indicateur.
« Tout d’abord les masses ne sont pas rapportées aux doses d’usage », soulignent-ils. De plus, il y aurait également « un biais en cas d’interdiction de certains pesticides. Ainsi si un pesticide très toxique est interdit et remplacé par un pesticide tout aussi nocif, on considère qu’il s’agit d’une forte réduction des pesticides », écrit l’association Générations futures.
Le vendredi 3 mai, ces spécialistes ont à nouveau enfoncé le clou en publiant un article très critique sur le site scientifique HAL. Depuis plusieurs mois, les associations environnementales sont vent debout contre ce changement.
« Le gouvernement fait le choix d’un indicateur HRI1 trompeur puisqu’il affiche une baisse de 32% entre 2011 et 2021 alors que le NODU a, lui, augmenté de 3% l’usage des pesticides pendant la même période », écrit Générations futures dans un communiqué.
Il s’agit de « casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre », dénonce-t-elle. De la même manière, le collectif Justice pour le vivant, qui réunit plusieurs associations dont Notre Affaire à tous ou Pollinis, fustige un plan Ecophyto qui ne « limitera pas suffisamment l’impact des pesticides sur la biodiversité ». Le gouvernement défend, lui, un changement au nom de la « cohérence » européenne.
« Je ne dis pas que le HRI1 est parfait, mais il a le mérite d’exister », a expliqué la ministre déléguée à l’Agriculture Agnès Pannier-Runacher dans une interview à La Tribune Dimanche, confirmant avoir « demandé à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) de travailler avec ses homologues européens pour faire des propositions afin d’améliorer, le cas échéant, le HRI1 ». Le premier bilan sera fait à la fin de l’année.
Agnès Pannier-Runacher a annoncé qu’elle allait proposer un texte de loi début juillet sur les phytosanitaires (on va guetter çà attentivement), destiné notamment à supprimer l’obligation imposée aux agriculteurs de réaliser un Conseil Stratégique pour réfléchir à leurs pratiques en matière de produits phytosanitaires. Pour rappel, le premier plan Ecophyto a été lancé en 2008 à la suite du Grenelle de l’Environnement.
Il avait pour objectif de réduire de 50% les pesticides en dix ans. Mais face à l’échec de cette ambition, la date a été reportée en 2025 puis 2030 désormais. Depuis, les plans Ecophyto se succèdent sans jamais parvenir à des résultats concrets. Et Agnès Pannier-Runacher n’a jamais fait montre d’une grande assiduité écologique.
Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re
D’après Novéthic du 7 Mai 2024
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