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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2024-068
Tuerie sans fin
Par Nick Turse, traduction par Jocelyne Le Boulicaut
mardi 2 juillet 2024, par
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Tuerie sans fin
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Nick Turse est le directeur de rédaction de TomDispatch, il est aussi membre du Type Media Center. Il a récemment écrit Next Time They’ll Come to Count the Dead : War and Survival in South Sudan (La prochaine fois ils viendront pour compter les morts : guerre et survie au Sud-Soudan) et du best-seller Kill Anything That Moves (Tuez tout ce qui bouge).
Le Pentagone par Thomas Hawk / Flickr
Le Pentagone a beau avoir du sang sur les mains, encore une fois, il refuse de faire amende honorable.Il existe des constantes dans ce monde, des événements dont on est sûr. Les levers et les couchers de soleil. Les marées.
Le fait que, jour après jour, des gens naissent et d’autres meurent. Certains d’entre eux mourront dans la paix, mais d’autres, bien sûr, dans la violence et la douleur. Depuis des centaines d’années, l’armée américaine tue des gens. C’est une constante de notre histoire.
Il y a une autre constante, le personnel militaire américain tue des civils, qu’il s’agisse d’Amérindiens, de Philippins, de Nicaraguayens, d’Haïtiens, de Japonais, de Coréens, de Vietnamiens, de Cambodgiens, de Laotiens, d’Afghans, d’Irakiens, de Syriens, de Yéménites, et j’en passe.
Et il y a quelque chose d’autre qui va de pair avec ces meurtres : l’absence totale de devoir rendre des comptes. À la fin du mois dernier, le ministère de la défense (DoD) a présenté au congrès son rapport annuel sur les pertes civiles causées par les opérations militaires américaines dans le monde.
"Le massacre de Sand Creek" de Robert Lindneaux dépeint sa conception de l’assaut de l’armée américaine sur le paisible village des Cheyennes et des Arapahos (Avec l’aimable autorisation de History Colorado H.6130.37)
Le rapport est attendu chaque année le 1er mai et, dans ce dernier cas, le Pentagone a même devancé cette échéance d’une semaine. Un seul petit problème : c’était le rapport 2022. Vous savez bien, celui qui était censé être rendu public le 1er mai 2023.
Et non seulement ce rapport est sorti avec un an de retard, mais l’édition 2023, prévue pour le 1er mai 2024, se fait toujours attendre. Il n’est d’ailleurs pas certain que le rapport de 2023, lorsqu’il arrivera enfin, fasse état des principaux aspects de la situation.
Dans l’édition 2022, le Pentagone se disculpe d’avoir causé du tort à des non-combattants.
« Le ministère de la défense a estimé que les opérations militaires américaines menées en 2022 n’avaient, fait aucune victime civile », peut-on lire dans ce document de 12 pages.
Ce dernier fait suite à des centaines d’années de silence, de déni et de mépris délibéré concernant les civils tués intentionnellement ou accidentellement par l’armée américaine, mais aussi à un long passé de refus de réparer ou de faire amende honorable dans les rares cas où le Pentagone a admis avoir tué des innocents.
Exigences morales
« Le département reconnaît que nos efforts pour atténuer les dommages causés aux civils et y porter réparation répondent à des exigences tant stratégiques que morales », peut-on lire dans le nouveau rapport du Pentagone concernant les pertes civiles en 2022.
Et sa réponse la plus récente à ces « exigences morales » a été tout à fait révélatrice. Le ministère de la défense a indiqué qu’il n’avait effectué aucun paiement à titre gracieux - réparations offertes aux civils lésés dans le cadre de ses opérations - au cours de l’année 2022.
En 2021 , il n’y a eu qu’un seul paiement, et en 2020 , il n’y en a eu aucun.
« Tuez tout ce qui bouge ». La réalité de la guerre américaine au Vietnam
Le mystère reste entier quant à une éventuelle indemnisation en 2023. J’ai demandé à Lisa Lawrence, la porte-parole du Pentagone qui s’occupe des questions relatives aux dommages causés aux civils, les raisons pour lesquelles le rapport 2023 avait pris du retard et la date à laquelle on pouvait s’attendre à le recevoir. Un accusé de réception indique qu’elle a lu mon courriel, mais elle n’a pas donné de réponse.
Sa réaction reflète celle du Pentagone sur le sujet.
Une étude réalisée en 2020 par le Center for Civilians in Conflict et le Human Rights Institute de la Columbia Law School au sujet des incidents ayant fait des victimes civiles après le 11 septembre a révélé que la plupart d’entre eux n’avaient fait l’objet d’aucune enquête.
Lorsque, toutefois, ils ont fait l’objet de vérifications officielles, si les témoins militaires américains ont été interrogés, il n’en a pas été de même pour les civils - victimes, survivants, membres de la famille - qui ont été quasiment mis à l’écart, ce qui selon le rapport, a « gravement compromis les chances d’efficacité des enquêtes ».
Suite de ces défaillances persistantes, les journalistes d’investigation et les groupes de défense des droits humains documentent de plus en plus les meurtres de civils commis par les États-Unis, font état de la sous-déclaration du nombre des victimes non combattantes et des manquements à l’obligation de rendre des comptes en Afghanistan, en Libye, en Somalie, en Syrie, au Yémen et dans d’autres régions du monde.
Au cours des 20 premières années de la guerre contre le terrorisme, les États-Unis ont mené plus de 91 000 frappes aériennes dans sept zones de conflit majeures et tué jusqu’à 48 308 civils, selon une analyse réalisée en 2021 par Airwars, un groupe de surveillance des frappes aériennes basé au Royaume-Uni.
[Airwars est une ONG composée de journalistes et de chercheurs. Elle a été fondée à Londres à l’été 2014. Au cours de la guerre civile syrienne et de la seconde guerre civile irakienne, elle tient le compte du nombre de victimes civiles causées par les frappes aériennes menées par la coalition internationale et la Russie, NdT].
Entre 2013 et 2020, par exemple, les États-Unis ont mené sept attaques distinctes au Yémen - six frappes de drones et un raid - qui ont tué 36 membres des familles Al Ameri et Al Taisy, lesquelles sont liées par des liens de parenté.
Le quart de ces victimes étaient des enfants âgés de trois mois à 14 ans. Les survivants attendent depuis des années qu’on leur explique pourquoi ils ont été pris pour cible à plusieurs reprises.
En 2018, Adel Al Manthari, fonctionnaire du gouvernement yéménite, et quatre de ses cousins - tous civils - circulaient en camion lorsqu’un missile américain a frappé leur véhicule. Trois des hommes ont été tués sur le coup.
Un autre est décédé quelques jours plus tard dans un hôpital local. Al Manthari a été grièvement blessé. Les complications résultant de ses blessures ont failli le tuer en 2022.
Il a supplié le gouvernement américain de puiser dans les millions de dollars alloués par le Congrès pour indemniser les victimes des attaques américaines, mais les autorités ont ignoré ses demandes.
Ses membres et sa vie ont finalement été sauvés grâce à la générosité d’inconnus dans le cadre d’unecampagne solidaire GoFundMe.
La même année où Al Manthari a été mutilé au Yémen, une attaque de drone américain en Somalie a tué au moins trois, voire cinq civils, dont Luul Dahir Mohamed, 22 ans, et sa fille de quatre ans Mariam Shilow Muse.
L’année suivante, une enquête de l’armée américaine a reconnu qu’une femme et un enfant avaient été tués lors de cette attaque, mais a conclu que leur identité ne serait peut-être jamais connue.
L’année dernière, je me suis rendu en Somalie et j’ai parlé à leurs proches. Depuis six ans, la famille tente de contacter le gouvernement américain, notamment par l’intermédiaire du portail de signalement en ligne des victimes civiles du Commandement des États-Unis pour l’Afrique, sans jamais recevoir de réponse.
En décembre 2023, à la suite d’une enquête menée par The Intercept, plusieurs dizaines d’organisations de défense des droits humains - 14 groupes somaliens et 10 groupes internationaux - ont demandé au secrétaire à la défense Lloyd Austin d’indemniser la famille de Luul et Mariam.
Cette année, la sénatrice Elizabeth Warren (Massachussetts) et les représentants Sara Jacobs (Californie), Ilhan Omar (Minnesota), Barbara Lee (Californie) et Jim McGovern (Massachusetts) tous Démocrates ont également demandé au ministère de la défense de faire amende honorable.
Une enquête menée en 2021 par la journaliste du New York Times Azmat Khan a révélé que la guerre aérienne américaine en Irak et en Syrie a été jalonnée de renseignements erronés et d’un ciblage imprécis, entraînant la mort de nombreux innocents.
Capture d’écran d’une vidéo enregistrée par un militant et avocat local montre les conséquences de la frappe de drone américain du 29 mars 2018 qui a tué quatre civils et grièvement blessé Adel Al Manthari près d’Al Uqla, au Yémen (Image : Mohammed Hailan via Reprieve)
Sur les 1 311 rapports militaires analysés par Khan, un seul faisait état d’une « violation potentielle » des règles d’engagement. Aucun ne mentionnait d’acte répréhensible ou ne suggérait la nécessité d’une action disciplinaire, tandis que moins d’une douzaine de paiements à titre compensatoires étaient versés.
La coalition dirigée par les États-Unis a finalement admis avoir tué 1 410 civils pendant la guerre en Irak et en Syrie. Airwars avance le chiffre de 2 024 .
Luul Dahir Mohamed (Photo illustration : Elise Swain/The Intercept ; Photos : Omar Faruk ; Getty Images)
Plusieurs des attaques décrites par Khan ont été portées à l’attention du ministère de la défense en 2022 mais, selon le nouveau rapport du Pentagone, aucune mesure n’a été prise.
Joanna Naples-Mitchell, directrice du programme de réparation du centre à but non lucratif Zomia, qui aide les survivants des frappes aériennes américaines à introduire des demandes d’indemnisation, et Annie Shiel, directrice du plaidoyer aux États-Unis pour le Centre pour les civils dans les conflits, ont mis en lumière plusieurs de ces cas dans un article récent de Just Security .
En juin 2022, par exemple, le programme de réparation Redress a soumis des demandes de réparation au Pentagone au nom de deux familles de Mossoul, en Irak, qui ont été blessées lors d’une frappe aérienne le 29 avril 2016, visant semble-t-il un militant de l’État islamique qui est sorti indemne de l’attaque.
Khan a rapporté en revanche que Ziad Kallaf Awad, professeur d’université, a été tué et Hassan Aleiwi Muhammad Sultan, alors âgé de 10 ans, s’est retrouvé cloué sur un fauteuil roulant.
Dans un communiqué de presse de 2016, le Pentagone a cependant admis que la frappe avait fait des victimes civiles.
En septembre 2022, le programme de réparation Redress a également soumis des demandes de compensations à titre gracieux au nom de six familles de Mossoul, toutes touchées par une frappe aérienne le 15 juin 2016 sur laquelle Khan a également enquêté.
Naples-Mitchel et Shiel notent qu’Iliyas Ali Abd Ali, qui tenait alors un stand de fruits près du site de l’attaque, a perdu sa jambe droite et l’audition d’une oreille. Deux frères travaillant dans un magasin de glaces ont également été blessés, tandis qu’un homme se trouvant près de ce magasin a été tué. La même année, le Pentagone a confirmé que la frappe avait fait des victimes civiles.
Et pourtant, près de huit ans après avoir reconnu que des civils avaient subi des dommages dans ces dossiers de Mossoul et près de deux ans après que le programme de réparation a soumis des demandes auprès du ministère de la défense, le Pentagone n’a toujours pas fait amende honorable.
Obtenir un « oui »
Alors que l’armée américaine tue depuis longtemps des civils - lors de massacres perpétrés par des troupes terrestres, des frappes aériennes et même, en août 1945, des attaques nucléaires - l’indemnisation des victimes n’a jamais été une véritable priorité.
Le général John "Black Jack" Pershing a fait pression pour que soit adopté un système de compensation des dommages subis par les civils français au cours de la Première Guerre mondiale, et l’armée a constaté au cours de la Seconde Guerre mondiale que le versement d’une compensation pour les dommages subis par les civils « avait un effet stabilisateur très net ».
Une famille cambodgienne dans les ruines de leur maison près de Neak Luong, le 7 août 1973 (Photo : AP)
Le système moderne de réparations militaires ne date toutefois que des années 1960. Pendant la guerre du Viêt Nam, la « solatia » était un moyen pour l’armée d’offrir des réparations pour les blessures ou les décès de civils causés par les opérations américaines sans avoir à admettre une quelconque culpabilité.
En 1968, le prix courant pour une vie d’adulte était de 33 dollars. Les enfants ne méritaient que la moitié de cette somme.
En 1973, un B-52 Stratofortress a largué 30 tonnes de bombes sur la ville cambodgienne de Neak Luong, tuant des centaines de civils et en blessant des centaines d’autres.
Selon la presse, les proches des victimes se sont vus promettre environ 400 dollars chacun. Si l’on considère que, dans de nombreux cas, la famille a perdu son principal soutien, la somme est dérisoire. Elle ne représentait que l’équivalent d’environ quatre années de revenus pour un Cambodgien vivant en milieu rural.
À titre de comparaison, le coût d’un vol pour un seul avion, comme celui qui a dévasté Neak Luong, est d’environ 48 000 dollars. Et le bombardier B-52 lui-même coûtait alors environ 8 millions de dollars.
Pire encore, une enquête récente a révélé que les survivants n’ont pas reçu les 400 dollars promis. En fin de compte, la valeur que les forces américaines ont accordée aux morts de Neak Luong a été de seulement 218 dollars par personne.
À l’époque, les États-Unis tenaient secret les paiements dérisoires versés au Cambodge. Des décennies plus tard, les États-Unis refusent toujours de faire preuve de transparence et de responsabilité quand il s’agit de vies civiles.
En juin 2023, j’ai demandé au Commandement pour l’Afrique de répondre à des questions détaillées quant à ses politiques en matière de droit de la guerre et de pertes civiles, et j’ai sollicité des entretiens avec des responsables au fait de ces questions.
En dépit de multiples relances, Courtney Dock, directeur adjoint des affaires publiques du commandement, n’a toujours pas répondu. Ce silence qui dure depuis un an tranche singulièrement avec les nouvelles politiques et initiatives annoncées à grand renfort de publicité par le ministère de la défense en matière de réparation pour les préjudices subis par les civils.
En 2022, le Pentagone a publié un plan d’action de 36 pages pour la mitigation des dommages causés aux civils et la réponse à apporter, rédigé sous la direction du secrétaire à la défense Lloyd Austin.
Ce plan fournit un schéma directeur pour améliorer la manière dont le Pentagone appréhende le sujet. Le plan exige que les militaires prennent en compte les dommages susceptibles d’être causés aux civils lors d’une frappe aérienne, d’un raid terrestre ou de tout autre type de combat.
À la fin de l’année dernière, le ministère de la Défense a également publié son « Instruction on Civilian Harm Mitigation and Response », attendu depuis longtemps, qui établit les « politiques, responsabilités et procédures du Pentagone en matière d’atténuation et de réponse aux préjudices civils ».
Le document, exigé en vertu de la loi d’autorisation de la défense nationale de 2019 et approuvé par Austin, ordonne à l’armée de « reconnaître les préjudices civils résultant des opérations militaires américaines et de répondre aux personnes et aux communautés affectées par les opérations militaires américaines », notamment en « exprimant des condoléances » et en fournissant des paiements à titre gracieux aux proches parents.
Mais malgré les 15 millions de dollars alloués par le Congrès depuis 2020 pour effectuer de tels paiements et en dépit des appels répétés des membres du Congrès au Pentagone pour qu’il répare les préjudices subis par les civils, ce dernier n’a annoncé qu’un seul paiement de ce type au cours des années qui ont suivi.
Un civil afghan hospitalisé après une frappe de l’armée américaine sur des positions terroristes de Daesh dans la province de Nangarhar, en Afghanistan, le 2 juillet 2018 (Photo : Zabihullah Ghazi/Anadolu Agency/Getty Images)
Naples-Mitchel et Shiel soulignent que le département de la défense a un budget prévisionnel de 849,8 milliards de dollars pour l’année fiscale 2025 et que les 3 millions de dollars mis de côté chaque année pour payer les demandes d’indemnisation des victimes civiles ne représentent que 0,00035 % de cette somme.
« Pourtant, pour les civils qui attendent depuis des années la reconnaissance du jour le plus douloureux de leur vie, c’est loin d’être négligeable, écrivent-ils. L’armée dispose de tout ce dont elle a besoin pour procéder aux paiements et reconnaître les préjudices passés, depuis la décision politique jusqu’au financement, en passant par les requêtes et les pièces justificatives soigneusement réunies par les victimes civiles. Il ne leur reste plus qu’à dire oui ».
Le 10 mai, j’ai demandé à Lisa Lawrence, porte-parole du Pentagone, si les États-Unis répondraient « oui » et, dans le cas contraire, quelle en serait la raison. « Merci de m’avoir contactée, a-t-elle répondu. Comptez sur moi dès que j’aurai davantage à vous offrir ». Lawrence n’a toujours rien "offert".
Nick Turse Copyright 2024
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