60 jours après les élections législatives, Emmanuel Macron vient enfin de nommer un Premier ministre. Michel Barnier, ancien ministre de l’Environnement et plusieurs fois commissaire européen prend les rênes de Matignon. Si même ses opposants lui reconnaissent un “intérêt sincère” pour les problématiques environnementales et l’héritage précieux qu’il a laissé sur ces sujets, ses positions très à droite sur l’immigration sont décriées… sauf au sein du Rassemblement national. Fumée blanche au-dessus de l’Elysée. Le jeudi 5 septembre, près de deux mois après les élections législatives dont le Nouveau front populaire est arrivé en tête, Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier Premier ministre. Depuis plusieurs jours déjà, le Président de la République cherchait un nom pour « rassembler le plus largement ». Comprendre : éviter une motion de censure devant une Assemblée nationale très divisée.
Accueil > Economie
Economie
-
Michel Barnier, un ancien ministre de l’Environnement à Matignon
30 septembre, par JMT -
Les credos droitiers de Michel Barnier
27 septembre, par JMTLe nouveau Premier ministre Michel Barnier prônait en 2021 des mesures drastiques sur le travail, les retraites et l’immigration. De quoi le rendre compatible avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen. « Emmanuel Macron a échoué » parce qu’il y a chez lui « trop d’arrogance, trop de mépris ». Donc, « il faut changer de politique, et s’il faut changer de politique, il faut changer de président ». Souvenons-nous, il n’y a pas si longtemps, en 2021, lors de l’un des débats des primaires de la droite qui l’opposait à Eric Ciotti, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Philippe Juvin, Michel Barnier taillait un beau costume pour l’hiver au président de la République. Ni l’un, ni l’autre ne semblent rancuniers puisque le second vient d’appeler le premier à Matignon. Ces passes d’armes télévisées ont été l’occasion pour Michel Barnier d’affirmer ses lignes de force économiques. Un passage rapide sur ces différents débats – majoritairement consacrés aux questions de sécurité et d’immigration – fait ressortir quelques credos. Qui n’ont rien de rassurant. L’ancien commissaire européen et négociateur du Brexit salue le diagnostic de Laurent Wauquiez lorsqu’il promeut « le travail plutôt que l’assistanat ». Le durcissement des règles de l’assurance chômage risque de revenir sur la table.
-
Macron veut changer de Premier ministre pour que rien ne change
13 septembre, par JMTAu 58e jour sans gouvernement officiel – car il y a bien un gouvernement officieux, dit « démissionnaire » –, les Français se demandent sans doute ce qu’attend encore Emmanuel Macron pour nommer un Premier ministre à Matignon. On peut certes avancer l’explication psychologique – la difficulté pour Jupiter d’abdiquer son pouvoir –, l’excuse d’actualité – les Jeux olympiques puis paralympiques à Paris –, ou encore l’argument politicien – laisser aux partis politiques le temps de « décanter » les résultats des élections législatives du 7 juillet. Aucun ne satisfait réellement l’analyse. D’abord, parce qu’en refusant sèchement de nommer Lucie Castets à la tête d’un gouvernement NFP, le président de la République a fait un acte politique : exclure toute hypothèse de rupture nette avec la politique économique et sociale qu’il a menée depuis maintenant dix ans. Dès le mois de juillet, le locataire de l’Elysée faisait savoir qu’il ne voudrait pas que l’on « défasse » ce qui avait été fait, ce qui désignerait en particulier la politique de l’offre…
-
L’anti-wokisme d’Elon Musk, une gouvernance à la dérive
26 août, par JMTLe patron de Space X et Twitter a décidé de déplacer les sièges de ses entreprises au Texas en raison de la culture woke en Californie. Il a pris pour cible une loi protégeant les élèves transgenres, accusant cette éducation d’avoir poussé un de ses enfants à changer de genre. En toile de fond, c’est aussi la fiscalité et son soutien à Donald Trump qui l’ont motivé. C’est un patron pas comme les autres. Un patron dont l’idéologie anti-woke a des conséquences pour le moins importantes sur ses entreprises. Le 16 juillet dernier Elon Musk, à la tête de l’entreprise aérospatiale SpaceX et du réseau social X (ex-Twitter), a annoncé déplacer le siège social de ses deux sociétés au Texas. La raison : un texte, promulgué la veille par Gavin Newsom, le gouverneur démocrate de Californie, visant à protéger les droits des élèves transgenres et à lutter contre la discrimination. Il interdit au personnel scolaire de divulguer à qui que ce soit des informations sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’un élève sans son consentement préalable. Cette interdiction concerne également les parents de l’élève. « Il y a un an, j’ai expliqué clairement au gouverneur (Gavin) Newsom que les lois de cette nature allaient forcer les familles et les entreprises à quitter la Californie pour protéger leurs enfants », a expliqué Elon Musk.
-
La Loi PACTE échoue à judiciariser la RSE
14 août, par JMTCinq ans après son entrée en vigueur, la loi Pacte n’a pas permis de marier économie et transition écologique et sociale. Pierre Janot, avocat au Barreau de Grenoble et président d’Actionnaires pour le Climat, explique les failles à l’origine des échecs en matière de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Le 22 mai 2019, il y a cinq ans, était promulguée l’ambitieuse loi Pacte avec un double objectif aux accents d’oxymore : lever les obstacles à la croissance des entreprises et mieux prendre en considération les enjeux sociaux et environnementaux. Car si d’après les promoteurs de la loi, le volontarisme entrepreneurial devait permettre de dépasser cet antagonisme, sur le terrain, les résistances étaient nombreuses à l’idée de repenser le projet d’entreprise en intégrant des enjeux environnementaux. Car la fin du monde, dans les priorités du chef d’entreprise, peut aussi être reléguée après la fin du mois. Comment pourrait-il en être autrement ? Deux ans après son vote, le rapport Rocher remis à Bruno Le Maire constatait déjà le faible succès de la loi Pacte sur son volet responsabilité environnementale, tout en reconnaissant que si le monde économique détient une responsabilité majeure dans les dégradations écologiques, il peut également jouer un rôle clé dans les solutions à apporter pour réorienter l’économie vers la conservation de la nature.
-
Le programme pour déstabiliser l’économie mondiale porte un nom, le Trumponomics
2 août, par JMTEntre protectionnisme, concurrence fiscale et promotion des hydrocarbures, le programme économique du candidat Trump, qu’il a détaillé dans une interview à Businessweek, annonce une grande instabilité globale. On ne savait pas trop ce que seraient les piliers de la politique économique de Donald Trump en cas de retour au pouvoir. Bloomberg Businessweek permet de s’en faire une idée. Et cauchemarder, tant les pistes proposées par l’ancien président des Etats-Unis sont susceptibles de secouer l’économie mondiale. Premier axe, le protectionnisme. Trump annonce des tarifs douaniers de l’ordre de 60 à 100% sur les produits chinois et de 10% sur toutes les importations américaines, y compris celles venant du Canada, du Mexique ou de l’Union européenne. De quoi attiser les tensions commerciales internationales. Son modèle ? L’ancien parlementaire et président américain William McKinley (1843 -1901). Ce dernier a passé une première Loi protectionniste en 1890 portant sur 1500 produits. Et durant la campagne pour la présidentielle de 1896, qu’il a gagnée, il s’est autoproclamé « Tariff Man » (« homme des droits de douane », en anglais) !
-
La Cour des comptes torpille Bruno Le Maire
31 juillet, par JMTLe ton est policé, le langage factuel, technique, mais nul besoin de surinterpréter le contenu de la dernière publication de la Cour des comptes, pour y lire un réquisitoire contre la gestion des finances publiques 2017-2023. Bien entendu, l’institution répète à longueur de pages que pour maîtriser ses déficits budgétaires et réduire sa dette, la France devrait s’attaquer à la baisse de ses dépenses publiques. Mais calée sur sa fonction d’expert-qui-ne-fait-pas-de-politique, elle ne nous dit pas lesquelles il faudrait réduire ni ne mesure les conséquences macroéconomiques et sociales de ce choix. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs… Plus intéressant est le bilan de la politique fiscale que propose le document. On sait que le déficit budgétaire a dérapé l’an dernier pour s’établir à 5,5% du PIB. Le manque de recettes y a joué pour beaucoup. En partie car le lien entre progression du PIB et progression des recettes fiscales est redevenu plus normal, après avoir été extraordinairement élevé en 2022.
-
Qui va gagner ou perdre avec les programmes...
19 juillet, par JMTEn matière de redistribution, les choix politiques du RN et du NFP sont très différents. Là où le programme du RN, s’il était appliqué, augmenterait les inégalités de niveau de vie, celui du NFP les réduirait fortement. Mais qu’est-ce que cela implique, concrètement, pour le quotidien d’un célibataire, d’une mère isolée ou d’un couple avec deux enfants ? Les effets distributifs calculés mesurent la variation mensuelle attendue du revenu disponible « ajusté », c’est-à-dire que l’on compare l’augmentation (ou la baisse) du revenu des individus après application des mesures de politiques publiques annoncées dans les programmes, une fois les impôts prélevés et les prestations sociales versées (c’est-à-dire la redistribution monétaire) mais aussi une fois l’utilisation des services publics comptabilisée (ou « redistribution élargie », incluant l’ensemble des transferts monétaires et les services publics). On parle alors de revenu disponible « ajusté » de la consommation de services publics. Les analyses récentes des comptes nationaux distribués effectuées par l’Insee montrent que la réduction des inégalités en France est due pour moitié à l’existence des services publics, qui finalement comptent davantage que la redistribution purement monétaire.
-
Le programme du NFP n’est pas irréaliste
15 juillet, par JMTCible d’une cabale inédite, le programme de la gauche, dont le chiffrage a été dévoilé le 21 juin, fait primer l’urgence sociale et écologique sur la santé des affaires, avec des arguments rigoureux. Deux visions de l’économie s’affrontent, plus que jamais à couteaux tirés. Dans le rôle des artilleurs, un président de la République et un ministre de l’Économie en exercice squattent l’arène médiatique et n’ont pas de mots assez durs pour qualifier le programme du NFP. Bruno Le Maire a exhorté, fait inédit, les chefs d’entreprises à « se mouiller ». Ce qu’ont fait comme un seul homme les syndicats patronaux du Medef et de la CPME, rejoints par l’Afep, le club réunissant 117 des plus grosses entreprises françaises : la France ferait face à la menace d’un « décrochage durable de l’économie » si elle devait changer de politique économique, alerte leur missive. Pour leur répondre, les membres du Nouveau Front populaire ont publié le 21 juin un chiffrage détaillé de leur programme. « Nous avons travaillé jour et nuit et nous sommes le seul rassemblement à vous présenter un tel chiffrage », a soufflé Éric Coquerel, président La France insoumise (LFI) de la commission des finances de l’Assemblée, au milieu d’une brochette de représentants de partis aux traits tirés, à Paris.
-
Décroissance ou barbarie ?
24 juin, par JMTDepuis quelques années, il ne se passe pas une semaine sans qu’une personnalité politique de premier plan ne fasse une sortie médiatique pour s’attaquer de manière frontale à la décroissance. Jamais un droit de réponse n’est donné à un porte-parole ou penseur de cette idée toujours malmenée, distordue ou diabolisée. Le début de l’année n’a pas fait exception, notamment autour du mouvement des agriculteurs et dans la perspective des élections européennes. De manière amusante, Emmanuel Macron et Jordan Bardella s’accusent mutuellement d’être porteur de ce projet. Le 13 janvier, la tête de liste du Rassemblement national dans une interview dans le JDD d’attaquer : « Toute l’action de l’actuelle présidente de la Commission Européenne, avec le soutien d’Emmanuel Macron, se résume en un mot : Décroissance » (1). Un mois plus tard, le 24 février, en visite mouvementée au Salon de l’agriculture, le Président de la République lui répond : « L’agriculture française mérite mieux que leur projet de décroissance et de bêtise ». Si seulement…Naturellement, nulle part n’est précisé ce que l’on entend derrière le terme de décroissance, qui, pourtant, est l’objet depuis maintenant plus de deux décennies d’une quantité impressionnante de publications universitaires, de livres, de documentaires, de colloques sans même parler des initiatives citoyennes et politiques dans les tous les territoires. C’est d’autant plus dommageable qu’elle ressort de plus en plus comme incontournable afin de s’attaquer sérieusement à l’effondrement environnemental, aussi bien par les scientifiques travaillant sur ces sujets (2), que les citoyens. Une enquête menée auprès de 800 chercheurs en politique climatique dans le monde entier a révélé que 73% d’entre eux soutiennent les positions post-croissance (c’est-à-dire l’a-croissance et la décroissance).