AID Association Initiatives Dionysiennes

Ouv zot zié !

Accueil > Politique > La crise climatique et les enfants

Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2023-132

La crise climatique et les enfants

Par Julia Conley, traduction par Jocelyne Le Boulicaut

mardi 12 décembre 2023, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT, enseignante universitaire d’anglais retraitée, pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

La crise climatique et les enfants

Le 6 octobre 2023 par Julia Conley, COMMONDREAMS

Julia Conley est rédactrice pour Common Dreams.

Un groupe d’enfants déplacés, qui ont été contraints de quitter leurs maisons en raison des fortes pluies et des inondations dans la région, se rassemblent tout en participant à des activités pour les enfants dans une tente des Nations Unies dans un camp de personnes déplacées pour les familles touchées par les inondations situé à Beledweyne, en Somalie, le 14 décembre 2019 (LUIS TATO / AFP VIA GETTY IMAGES)

Sur la base des données climatiques actuelles, les inondations pourraient entraîner le déplacement de près de 96 millions d’enfants au cours des 30 prochaines années.

L’agence des Nations unies pour le bien-être des enfants (UNICEF) a publié vendredi un nouveau rapport qui plaide pour que la priorité soit donnée à la protection des enfants en cas de catastrophes climatiques dues aux combustibles fossiles.

En six ans, plus de 43 millions d’enfants ont été déplacés à l’intérieur de leur pays en raison de sécheresses, inondations, incendies de forêt et autres phénomènes extrêmes.

Dans le rapport Children Displaced in a Changing Climate (https://www.unicef.org/media/145951/file/Climate%20displacement%20report%20(English).pdf), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) précise que 95 % des déplacements d’enfants dans 44 pays entre 2016-21 ont été causés par des inondations et des tempêtes, et que 40,9 millions d’enfants ont été contraints de quitter leur foyer dans des pays tels que le Guatemala, le Soudan du Sud et la Somalie.

« Pour tout enfant il est terrifiant d’être témoin d’un feu de forêt dévastateur, une tempête ou une inondation qui frappe sa communauté », a déclaré (https://www.unicef.org/press-releases/weather-related-disasters-led-431-million-displacements-children-over-six-years) la directrice générale de l’UNICEF, Catherine Russell.

« Pour ceux qui sont obligés de fuir, la peur et les conséquences peuvent en être particulièrement dévastateurs, s’y ajoute l’inquiétude de savoir s’ils vont rentrer chez eux, reprendre l’école, ou être obligés de déménager à nouveau. Partir leur a peut-être sauvé la vie, mais c’est aussi quelque chose de très perturbant ».

Enfant réfugié climatique (UNICEF/UN0372375/Ocon/AFP-Services)

Le Sud-Soudan et la Somalie ont enregistré le plus grand nombre de déplacements d’enfants dus aux inondations, avec respectivement 11,8% et 10,7% de leur population infantile obligée d’évacuer leur domicile en raison de ces catastrophes.

// TWEET

Mais comme dans la plupart des pays du Sud, la menace climatique qui pèse sur les Somaliens est multiforme, et au cours de cette période de six ans, c’est en Somalie qu’ont été enregistrés plus de la moitié des déplacements d’enfants dus à la sécheresse dans le monde.

Dans le rapport on peut lire l’histoire d’une fillette de 10 ans, Hibo, dont la famille a dû de quitter sa maison à Guriel pour rechercher de la nourriture et de l’eau. Ils ont voyagé pendant 10 jours pour atteindre un camp de personnes déplacées.

« Nous sommes arrivés dans ce camp il y a sept jours, en espérant que les choses s’amélioreraient », a déclaré à l’UNICEF Ayesha, une jeune mère de 18 ans, qui vit également dans le camp. Ma famille a perdu tout son bétail et ses chameaux. Ils sont tous morts parce que nous n’avions pas d’eau à leur donner. Nous n’avons plus rien ».

Les enfants vivant dans des pays confrontés à de nombreuses crises qui se superposent, notamment des conflits violents et une pauvreté persistante, courent un risque accru de déplacement, car ils sont confrontés à des « investissements limités en matière d’atténuation des risques et sur le plan de la planification préalable ».

« Par exemple, Haïti présente un risque élevé et doit faire face à des conflits, à la violence, à la pauvreté [et] à des tremblements de terre », peut-on lire dans le rapport, qui constitue la première analyse mondiale concernant la crise des déplacements d’enfants.

« Au Mozambique, les communautés pauvres subissent des conséquences disproportionnées et n’ont que peu de moyens de se relever des catastrophes répétées ».

« C’est dans ces pays que l’atténuation des risques, l’adaptation et l’anticipation - y compris l’adoption de mesures pour prévoir des plans d’évacuations préventives et d’autres options de mobilité climatique pour sauver des vies et minimiser toute perturbation de l’accès des enfants aux services essentiels - sont les plus urgentes », a rapporté l’UNICEF.

Mais le rapport indique aussi que les habitants des pays riches ne devraient pas considérer les déplacements de familles et d’enfants liés au climat comme une crise qui n’affecterait que les pays du Sud.

Six ans après l’ouragan Maria, des Dominicains comme Margarite August, 70 ans, n’ont toujours pas pu reconstruire (Kirk Siegler/NPR)

Les incendies de forêt https://www.commondreams.org/tag/wildfires ont été à l’origine de 810.000 déplacements d’enfants, dont un tiers rien qu’en 2020. Les pays qui comptent le plus grand nombre d’enfants chassés de chez eux par des brasiers hors de contrôle sont les États-Unis, le Canada et Israël.

La plupart des déplacements déclenchés par les incendies de forêt étaient des évacuations préventives coordonnées par les autorités fédérales et étatiques, mais ils comportent des risques pour le bien-être des enfants, tout comme les déplacements d’enfants dans la Corne de l’Afrique et dans d’autres parties du monde.

« Alors que les incendies de forêt deviennent de plus en plus intenses, fréquents et étendus, de nombreux enfants qui en sont victimes subissent des traumatismes psychologiques durables tels que l’anxiété, la dépression et le syndrome de stress post-traumatique, peut-on lire dans le rapport ».

« Les enfants peuvent également développer des troubles du sommeil ou de l’attention ou éprouver des difficultés à l’école. S’il n’est pas pris en charge, leur traumatisme émotionnel peut affecter leur santé physique, pouvant conduire à des problèmes de santé chroniques, à des maladies mentales et à la consommation de stupéfiants ».

Les Philippines, l’Inde et la Chine ont enregistré le plus grand nombre de déplacements d’enfants en chiffres absolus, tandis que les petites nations comme la Dominique, Saint-Martin et les îles Mariannes du Nord ont enregistré le plus grand nombre de déplacements d’enfants relativement à leur population infantile.

Soixante-seize pour cent des enfants de la Dominique ont été déplacés au cours de la période de six ans étudiée en raison d’événements météorologiques tels que l’ouragan Maria, qui a endommagé ou détruit 95% du parc immobilier de l’île. À l’approche de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP28), l’UNICEF a appelé les gouvernements à :

Protéger les enfants et les jeunes des effets des catastrophes et des déplacements exacerbés par le changement climatique en veillant à ce que les services essentiels pour les enfants - notamment l’éducation, la santé, la nutrition, la protection sociale et les services de protection de l’enfance - soient en mesure de répondre aux bouleversements, soient mobiles et accessibles à tous, y compris à ceux qui ont déjà été déracinés ;

Préparer les enfants et les jeunes à vivre dans un monde en mutation climatique en améliorant leur capacité d’adaptation et leur résilience, et en leur permettant de participer à la recherche de solutions inclusives ;

Donner la priorité aux enfants et aux jeunes - y compris ceux qui ont déjà été déracinés - dans le cadre de l’action contre les catastrophes et le changement climatique mais aussi dans le cadre des politiques et des investissements financiers, humanitaires et de développement, afin de les préparer à un avenir qui est déjà en train de se jouer.

Le pont Bidwell Bar à Oroville, en Californie, est entouré de flammes lors de l’incendie Bear, le 9 septembre 2020 (Photo : Josh Edelson/AFP via Getty Images)

Selon les projections de l’UNICEF, sur la base des données climatiques actuelles, les inondations pourraient entraîner le déplacement de près de 96 millions d’enfants au cours des 30 prochaines années.

« Au fur et à mesure que les effets du changement climatique s’intensifient, les mouvements de populations liés au climat s’intensifient également, a déclaré Russell. Nous disposons des outils et des connaissances nécessaires pour répondre à ce défi croissant quand il s’agit des enfants, mais nous agissons beaucoup trop lentement. Nous devons redoubler d’efforts pour préparer les communautés, protéger les enfants qui risquent d’être déplacés et venir en aide à ceux qui sont déjà déracinés ».

Cet article a été reproduit par Truthout avec autorisation ou licence. Il ne peut être reproduit sous quelque forme que ce soit sans l’autorisation ou la licence de la source.

JULIA CONLEY

Version imprimable :