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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2024-053

Gaza « pourrait bien être le Vietnam de Biden »

Par Sharon Zhank, traduction par Jocelyne Le Boulicaut

jeudi 23 mai 2024, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT, enseignante universitaire d’anglais retraitée, pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Gaza « pourrait bien être le Vietnam de Biden »

Le 3 mai 2024 par Sharon Zhang , Truthout

Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et ses sujets de prédilection sont la politique, le climat et l’emploi. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard,The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la suivre sur Twitter : @zhang_sharon.

Le sénateur Bernie Sanders s’exprime lors d’une conférence de presse au Capitole, le 8 octobre 2021, à Washington, D.C. (Anna Moneymaker / Getty Images)

Le président Joe Biden a prononcé jeudi un discours glacial demandant aux étudiants manifestants en faveur de la Palestine de se calmer.

Le sénateur Bernie Sanders (Indépendant-Vermont) a averti que le président risquait de se mettre à dos une grande partie de sa propre base alors qu’il est confronté à une situation qui fait écho aux manifestations massives de 1968 pour protester contre la guerre du Viêt-Nam.

Affirmant que les étudiants pro-palestiniens de l’université de Columbia et de plus de 100 autres campus du pays manifestent pour des « raisons légitimes », le sénateur a déclaré que Biden se dressait contre sa propre base politique et, en fait, à la majorité du pays en continuant de soutenir l’assaut génocidaire d’Israël contre Gaza.

« Lorsque j’étais jeune, j’ai participé à des manifestations en faveur des droits civiques. J’ai été arrêté alors que j’occupais le bureau de l’administration de l’université de Chicago, parce qu’il y avait du racisme et de la ségrégation à l’époque », a déclaré Sanders lors d’une interview accordée à Christiane Amanpour sur CNN.

« La vérité, c’est que s’il n’y avait pas eu de protestations, de sit-in et de manifestations, nous n’aurions pas fait les progrès que nous avons accomplis dans ce pays ». Il a poursuivi en critiquant, de manière indirecte semble-t-il, les propos tenus jeudi par Biden qui fustigeait les étudiants en raison de leur contestation.

Dans un bref discours destiné aux manifestants, Biden a déclaré que « la dissidence ne doit jamais conduire au désordre » et que « l’ordre doit prévaloir » sur les manifestations visant à perturber la vie normale pour exiger la fin du génocide de Gaza.

Ce discours a été prononcé après une semaine de violente répression policière des manifestations, entaînant l’hospitalisation de dizaines d’étudiants à travers le pays pour leur soutien aux droits des Palestiniens.

Une Palestinienne devant les décombres de bâtiments détruits lors de bombardements israéliens, à Rafah, le 30 avril 2024, AFP Via Getty Images

« Le droit à la dissidence, le droit de manifester, c’est exactement ce que prévoit le premier amendement de la Constitution des États-Unis », a déclaré Sanders. « C’est ce qui fait que nous sommes un pays libre.

Être un pays libre signifie que quelqu’un sort et manifeste, vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec lui. Il en a le droit. C’est la différence entre autocratie, dictature et un pays libre ».

Il a ajouté que cette situation constituait un test crucial pour Biden, de la même manière que les révoltes contre la guerre du Viêt Nam en 1968 avaient constitué un test pour les responsables politiques.

À l’époque, le mouvement anti-guerre avait suivi le président Lyndon B. Johnson lors de ses déplacements de campagne - de la même manière que les défenseurs des droits des Palestiniens protestent aujourd’hui contre Biden et son administration lors d’événements publics - en raison de l’escalade de la guerre , et Johnson avait fini par abandonner sa campagne de réélection.

« En termes de campagne, on pourrait bien vivre le Vietnam de Biden, a déclaré Sanders. Lyndon Johnson, à bien des égards, a été un très, très bon président, qui a proposé des lois importantes sur le plan intérieur.

Il a choisi de ne pas se présenter en 68en raison de l’opposition à ses positions concernant le Viêt Nam ».

« Je crains fort que le président Biden ne se mette dans une position où il s’est aliéné non seulement les jeunes, mais aussi une grande partie de la base du parti démocrate, en raison de ses opinions sur Israël, a poursuivi le sénateur ».

« J’espère vraiment que, d’un point de vue politique et moral, le président cessera de donner un chèque en blanc au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Et j’espère qu’ils comprendront que d’un point de vue politique, cela n’a pas été utile, bien au contraire ».

Les défenseurs des droits des Palestiniens affirment depuis longtemps que Biden met en péril sa propre présidence en soutenant le génocide à Gaza, qui a tué ou blessé au moins 5 % de la population de Gaza jusqu’à présent et menace la vie de centaines de milliers d’autres personnes.

Les sondages montrent que l’opinion publique a spectaculairement basculé en défaveur d’Israël depuis octobre, alors que les forces israéliennes ont tué plus de 34000 Palestiniens en utilisant intensivement des armes américaines .

Selon une enquête Gallup publiée le mois dernier, seuls 18% des Démocrates approuvent le siège israélien de Gaza et 75% le désapprouvent. Les jeunes électeurs, en particulier, sont opposés au massacre conduit par Israël.

Un sondage réalisé en janvier a révélé qu’une majorité de personnes âgées de 18 à 29 ans estiment qu’Israël commet un génocide à Gaza, 24% seulement étant d’un avis contraire.

Le désaccord quant à la politique américaine au Moyen-Orient a éloigné les électeurs de Biden, contribuant à la chute de sa cote de popularité auprès des jeunes électeurs dans le contexte de l’agression.

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SHARON ZHANG

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