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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2022-117

La production en Allemagne n’est plus compétitive

Par John Cody, traduction par Jocelyne Le Boulicaut

vendredi 30 septembre 2022, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT, enseignante universitaire d’anglais retraitée, pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne.

La production en Allemagne n’est plus compétitive

Le 12 septembre 2022 par John Cody

Sidérurgie (AP Photo/Sven Kaestner)

« La production en Allemagne n’est actuellement plus compétitive », a déclaré Reiner Blaschek, le PDG d’ArcelorMittal Allemagne, qui a récemment fermé deux usines dans le pays. Il appelle à une intervention politique rapide, affirmant : « Les prix de l’énergie doivent être compétitifs dans le secteur de l’industrie ».

Les prix du gaz et de l’électricité, qui ont grimpé en flèche ces derniers mois en raison des sanctions et de la décision de la Russie de couper les flux de gaz, ont entraîné des coûts d’intrants trop élevés pour que de nombreuses entreprises industrielles restent rentables, et de nombreux experts économiques prévoient de nouvelles difficultés pour le secteur industriel de l’Allemagne, ce qui aurait des répercussions sur le reste de l’économie allemande.

Sur le site sidérurgique d’ArcelorMittal situé dans le port de Hambourg, les travailleurs coordonnent la production pour s’assurer qu’elle n’interfère pas avec les pics de consommation électrique – observés le matin et le soir – des résidents de la ville de Hambourg.

L’aciérie de Hambourg consomme une énorme quantité d’énergie. Ainsi, dans l’une des fonderies qui fabrique de l’acier brut, elle utilise 76 000 kilowattheures d’électricité en une seule heure, soit l’équivalent d’un demi-million de téléviseurs, selon le journal allemand Die Welt. « Nous avons les besoins en gaz de la ville de Lübeck et les besoins en électricité de Kiel », a déclaré Ansgar Jüchter, un ingénieur de l’usine.

Avec la montée en flèche des prix de l’électricité, la centrale est soudain à la merci des marchés. Il ne s’agit pas seulement de s’adapter aux pics de consommation d’électricité, mais aussi aux conditions météorologiques. L’usine ne peut désormais se permettre de produire de l’acier que lorsqu’il y a suffisamment d’énergie solaire et éolienne en circulation sur le réseau.

Cependant, l’usine consomme également d’énormes quantités de gaz naturel, et à cet égard, la situation est encore pire. L’usine produit du fer pré réduit [Le minerai de fer pré réduit est un demi-produit sidérurgique, correspondant à du minerai de fer traité par réduction directe.

C’est un mélange de fer métallique et de gangue issue du minerai, NdT] à l’intérieur d’une tour de 60 mètres, et les ingrédients clés de sa production sont le minerai de fer et le gaz. À partir du 1er octobre, l’usine cessera de produire cet ingrédient clé de l’industrie sidérurgique jusqu’à nouvel ordre.

Des tuyaux dans les installations du gazoduc "Nord Stream 2" sont photographiés à Lubmin, dans le nord de l’Allemagne, le 15 février 2022. (AP Photo/Michael Sohn, Dossier)

Outre les réductions d’activité à Hambourg, ArcelorMittal fermera un haut fourneau sur son site de Brême à la fin du mois, une mesure qui a fait la une des journaux, car le géant de l’acier est le premier grand groupe industriel à arrêter sa production en Allemagne en raison de la crise énergétique.

Cette affaire montre à quel point les problèmes d’une entreprise clé peuvent rapidement ébranler des chaînes d’approvisionnement entières. L’acier de l’usine de Hambourg est utilisé dans la production de machines, de voitures et de navires, mais aussi de ponts, de bâtiments, de centrales électriques et de pipelines.

Avec des prix qui continuent de grimper, ce n’est pas seulement l’industrie de l’acier qui est en danger, mais un effet domino pourrait mettre hors service de grandes parties de l’industrie allemande, selon Blaschek. « D’autres secteurs industriels connaissent également de gros problèmes », a déclaré le PDG d’ArcelorMittal Allemagne.

Pour sa production d’acier, ArcelorMittal a besoin de grandes quantités de gaz naturel à Hambourg. L’entreprise en tire désormais les conséquences Quelle : Bertold Fabricius

Les chiffres de l’Association de l’industrie sidérurgique montrent à quel point la situation est grave. Selon l’association, les coûts énergétiques supplémentaires de cette année dépasseront 10 milliards d’euros, ce qui équivaut à un quart du chiffre d’affaires annuel moyen de l’industrie sidérurgique allemande.

Remix News a signalé la semaine dernière que les entreprises allemandes sont de plus en plus souvent dans l’impossibilité de s’approvisionner en énergie sur le marché, l’Association des chambres de commerce et d’industrie allemandes (DIHK) a mis en garde sur le fait que l’économie allemande cessera tout simplement de fonctionner si les approvisionnements en énergie venaient à se tarir.

« De plus en plus d’entreprises nous disent qu’elles n’ont plus du tout de contrat d’approvisionnement en électricité ou en gaz. Le robinet est fermé au sens propre du terme », a déclaré Peter Adrian, président du DIHK, à la rédaction du RND. « Mais sans énergie, aucune économie ne peut fonctionner ».

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