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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2024-030

Elections américaines : on parle démocratie ? immigration ?

Par Chris Walker, traduction par Jocelyne Le Boulicaut

jeudi 21 mars 2024, par JMT

Elections américaines : on parle démocratie ? immigration ?

Le 28 février 2024 par Chris Walker, TRUTHOUT

Chris Walker est rédacteur à Truthout, il vit à Madison, dans le Wisconsin. Depuis le début des années 2000, il se focalise sur des sujets nationaux et locaux et a publié des milliers d’articles analysant les questions d’actualité et leur impact sur le peuple américain. On peut le suivre sur la plupart des plateformes de médias sociaux sous le nom de @thatchriswalker.

L’ex président Donald Trump s’adresse à ses partisans lors d’une soirée électorale au State Fairgrounds, le 24 février 2024, à Columbia, en Caroline du Sud (Win MCNamee / Getty Images)

Selon un sondage, ce sont la démocratie et l’extrémisme qui sont les thèmes majeurs, non l’immigration.Dans le cadre de la campagne de 2024, il est quasiment certain que Joe Biden insistera sur les menaces que Trump fait peser sur la démocratie.

Un récent sondage montre que les électeurs américains considèrent l’extrémisme politique et les menaces pesant sur la démocratie comme le problème le plus important auquel le pays est confronté à l’approche des élections de 2024.

Ce sondage, réalisé par Reuters/Ispos, était l’un des seuls à inclure l’« extrémisme politique » comme option .

Plusieurs sites d’information ont rapidement publié les résultats d’un autre sondage (https://www.politico.com/news/2024/02/27/gallup-poll-immigration-americans-important-issues-00143576) , selon lequel l’immigration est le principal sujet de préoccupation des Américains à l’heure actuelle.

Un sondage Gallup par exemple, a révélé que près de 3 Américains sur 10, soit 28%, considéraient l’immigration comme le sujet le plus important, à seulement huit mois des élections de 2024.

La question ambiguë de la « gouvernance » arrive en deuxième position, avec 20% des électeurs qui la considèrent comme la plus importante, et l’économie arrive en troisième position, avec 12%.

Barbara McClorin inspecte les drapeaux américains fabriqués dans l’usine de Valley Forge Flag à Lane, en Caroline du Sud, aux États-Unis, le 22 février 2024 (REUTERS/Evelyn Hockstein/File Photo Achat de droits de licence)

À lire uniquement ce sondage et les sites d’information qui l’ont relayé, on pourrait croire que la question de l’immigration — thématique pour laquelle l’ancien président Donald Trump, le favori pour l’investiture présidentielle du parti républicain, obtient de meilleurs résultats que le président sortant Joe Biden — sera le principal sujet de l’année électorale en cours.

Mais le sondage Reuters publié à la même date, qui a été moins remarqué que celui de Gallup, semble indiquer le contraire.

Dans le cadre de ce sondage, l’option supplémentaire « extrémisme politique ou menaces pour la démocratie » a été ajoutée aux thèmes classiques proposés aux personnes interrogées pour leur permettre de choisir la question qui pour elles était la plus importante.

Vingt-et-un pour cent des électeurs américains ont déclaré que cette question était la plus importante pour eux à l’heure actuelle, arrivant en tête de l’enquête.

L’économie arrive en deuxième position, avec 19% des personnes interrogées, et l’immigration arrive en troisième position, avec 19% des électeurs.

Aucun autre sondage de ces dernières semaines n’a inclus la question de l’extrémisme et de la démocratie dans sa liste de questions. Et en fait, Reuters a fait observer que c’était la première fois qu’elle ajoutait cette option dans ses propres sondages.

Ce thème est probablement un de ceux sur lesquels Biden sera le plus brillant, car il pourra l’utiliser à son avantage au cours de la prochaine session électorale, en soulignant la tentative de Trump de renverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020 et les autres efforts déployés par les Républicains pour décourager la participation de la population au processus démocratique américain.

D’ailleurs, l’agence Reuters elle-même a reconnu ce point, le rapport sur ce sondage de l’agence de presse notant que les chiffres « montrent à quel point la candidature de Biden à sa réélection pourrait dépendre des électeurs mobilisés dans leur opposition à Trump plutôt que par l’enthousiasme suscité par la candidature de Biden ».

Rudy Giuliani sort après s’être adressé à la presse au sujet de diverses poursuites liées à l’élection de 2020, le 19 novembre 2020, à Washington, D.C. (Drew Angerer / Getty Images)

Le découpage partidaire du sondage sur cette question renforce l’idée que Biden l’utilisera à son avantage, car les électeurs qu’il doit courtiser la considèrent comme une priorité encore plus importante que ne le laissent supposer les grandes lignes de l’enquête.

Parmi les électeurs démocrates, par exemple, 44% ont déclaré que l’extrémisme et les menaces pesant sur la démocratie constituaient leur principale préoccupation, et Reuters a rapporté que près d’un tiers des électeurs indépendants l’avaient également cité comme leur principale préoccupation, soit le plus important de tous les sujets.

Dans le même temps, 38% des Républicains ont, comme on pouvait s’y attendre, cité l’immigration comme leur inquiétude majeure, 13% seulement ayant choisi l’extrémisme et la démocratie.

Le clivage démographique sur la question — en particulier quand il s’agit des Démocrates et des électeurs indécis qui citent le sujet comme étant le plus important pour eux —pousse encore davantage l’équipe de campagne de Joe Biden à accorder une place prépondérante à cette question dans son message politique au cours des prochains mois.

Par exemple, Biden peut capitaliser en rappelant aux électeurs la façon dont Trump a réagi à sa défaite électorale en 2020, en soulignant lestratagème élaboré par ses partisans pour renverser le collège électoral et son discours incendiaire du 6 janvier 2021, encourageant ses sympathisants à désorganiser le Congrès pendant que ce dernier procédait à la certification des résultats de l’élection.

Il se peut également que Biden souligne l’insistance de Trump à déclarer vouloir se comporter comme un dictateur dès le premier jour de sa présidence, une promesse que 60% des personnes interrogées partout aux États-Unis dans le cadre d’un sondage UMass/Amherst réalisé en janvier ont jugée funeste pour le pays.

La campagne mettra également très certainement l’accent sur les affaires judiciaires de Trump, en particulier les quatre chefs d’inculpation fédéraux dont il fait l’objet pour avoir tenté de confisquer le processus politique américain en 2020.

Le candidat républicain à la présidence et ex-président Donald Trump s’exprime lors du Florida Freedom Summit à Kissimmee, en Floride, le 4 novembre 2023 (Joe Raedele / Getty Images)

Il est important de noter que si beaucoup de gens sont au courant de l’affaire, une grande partie des Américains en ont peu ou pas du tout entendu parler.

Le fait d’attirer l’attention sur les inculpations pour atteinte à la démocratie dont fait l’objet Trump tout au long de la campagne présidentielle de cette année pourrait permettre à la question de « l’extrémisme et des menaces pour la démocratie » d’être encore plus présente dans l’esprit des électeurs.

Chris Walker

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