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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2024-025

Deux textes pour la Journée Internationale des Droits des Femmes

Traductions par Jocelyne Le Boulicaut

jeudi 7 mars 2024, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT, enseignante universitaire d’anglais retraitée, pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

8 mars 2024 : où en est le combat pour les droits des femmes ?

Le 14 Mars 2022 par Parti Vert Européen

Adriana Bertran Anía dans Parlons Argent

Adriana Bertran Anía, championne de poésie slam, connue pour ses poèmes féministes et politiques en direct, publie son dernier ouvrage intitulé "Let’s talk money" (Parlons argent).

Elle y aborde le thème des soins non rémunérés prodigués par les femmes dans nos familles et pose la question suivant : à quel prix ? Dans un monde qui a été conçu par les hommes pour les hommes, les femmes ne sont souvent ni entendues, ni reconnues, et de plus elles ne sont pas appréciées à leur juste valeur, alors qu’elles apportent une contribution considérable à la société.

Au sein de l’Union européenne, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes ne s’est que légèrement réduit au cours de cette dernière décennie, les femmes gagnant en moyenne 14,1% de moins que les hommes. Les inégalités se retrouvent également à la maison, où les femmes assurent souvent une plus grande part des tâches domestiques et des soins.

Selon les Nations unies, l’égalité des sexes est essentielle dans la lutte contre la pauvreté, les épidémies et les conflits armés. Mais à cause de la pandémie que nous avons connue, les progrès réalisés au cours des dernières décennies en matière d’égalité des sexes risquent d’être réduits à néant.

Dans le cadre du projet « Green Screen » (Ecran vert), qui vise à sensibiliser les citoyens aux questions contemporaines par le biais de films et de débats, les progrès réalisés en matière de droits des femmes, de leur impact sur les femmes et les jeunes filles d’aujourd’hui ont été mises au débat et la question des défis qu’il reste à relever a été soulevée.

Comment la pandémie a-t-elle modifié notre conception de l’équité entre les sexes ? Et comment une relance verte peut-elle faire progresser les droits et les chances pour les femmes ?

Ce mois-ci, le documentaire "Woman" a été présenté et dans ce cadre un débat a été organisé concernant les progrès accomplis en matière de droits des femmes, leur impact sur les femmes et les filles d’aujourd’hui et les défis qu’il nous reste à relever.

"Woman" est un projet mondial qui donne la parole à 2000 femmes dans 50 pays différents. Il met en lumière les injustices dont les femmes sont victimes dans le monde entier, ainsi que la force intérieure dont elles font preuve et leur capacité à changer le monde malgré toutes les difficultés auxquelles elles sont confrontées.

Le projet aborde des sujets tels que la maternité, l’éducation, le mariage et l’indépendance financière, mais aussi les menstruations et la sexualité.

S’épanouir en tant que femme : aujourd’hui, hier, demain

Lors du débat, c’est l’histoire des droits des femmes et la situation actuelle qui ont été explorés, mais aussi de quel type d’alliés nous avons besoin et qui nous manquent encore pour relever les défis d’aujourd’hui. Le débat était animé par Mar Garcia, secrétaire générale des Verts européens.

Elle est revenue sur plusieurs des étapes importantes de la conquête des droits des femmes : 1) le droit au divorce, 2) le mariage pour personnes de même sexe, et 3) les droits reproductifs et l’avortement.

Les intervenants ont évoqué la nécessité de poursuivre la lutte quotidienne pour les droits des femmes : droit de vote, droit à l’avortement et droit à un salaire égal pour un travail égal.

Lors du débat, une des questions abordées consistait à comprendre quelles barrières les femmes rencontraient lorsqu’il s’agit d’entrer dans le monde de la politique. Mélanie Vogel, sénatrice des Français de l’étranger, explique que le maintien d’un environnement favorable à la candidature des femmes nécessite un effort constant.

Elle évoque ce qu’elle a ressenti lors de sa candidature au Sénat français : « Une jeune lesbienne a été élue dans une institution où plus de 70 % des membres sont de vieux hommes blancs hétérosexuels. (...) Le simple fait que j’aie été élue a envoyé un signal à beaucoup de gens qui ont pu soudainement imaginer ’Moi aussi je pourrais le faire’ ».

Points forts du débat

- Amelia Womack, vice-présidente du Parti vert d’Angleterre et du Pays de Galles  : La politique continue de prendre des décisions importantes concernant nos vies et nos corps, et nous ne pouvons pas simplement nous reposer sur nos lauriers après les batailles que nous avons remportées.

Il nous faut continuer de défendre ces droits, qui semblent être si facilement remis en cause en temps de crise. (…) Mon expérience de femme en politique est que nous devons parler deux fois plus souvent, deux fois plus fort, deux fois plus pour nous faire entendre une fois sur deux.

C’est une triste réalité. En outre, il y a tous les obstacles auxquels les femmes sont confrontées lorsqu’elles se présentent comme candidates. On leur demande au moins trois fois si elles souhaitent faire acte de candidature. Les femmes ne se projettent tout simplement pas en politique aussi souvent que les hommes ».

- Iva Marković, directrice de programme de Polekol et fondatrice de Right to Water : Bien sûr, lorsque l’on regarde ce qui se passe sur le plan officiel, il semble que tout soit égal et parfait dans certains pays.

Même là où cela semble tout à fait possible, les femmes [en politique] ne sont pas si nombreuses et les partenaires des hommes politiques sont nombreuses à assumer toutes les tâches liées aux soins.

On n’a jamais entendu un homme dans une réunion dire "je dois y aller, mon bébé pleure" ou "je dois y aller, ma mère a besoin de moi", ce qui retombe systématiquement sur les femmes. (...) La prochaine étape serait de faire en sorte que les hommes en fassent plus sur ce plan.

- Mélanie Vogel, Sénatrice des Français de l’étranger et membre du Comité du Parti Vert Européen : Les droits des femmes sont toujours menacés - il ne sont jamais acquis ; ils ne sont jamais garantis.

Nous devons toujours être conscientes qu’ils peuvent être réduits ou supprimés en cas de crise, et c’est ce dont témoigne la pandémie.Les femmes ont souffert plus que les hommes des conséquences économiques de la crise.

Tout d’un coup, même dans les couples où la répartition des tâches domestiques était relativement équitable, du jour au lendemain, lorsque la crise est survenue, cette répartition a cessé de l’être.

Je pense donc personnellement, que l’on ne peut jamais considérer que ne serait-ce qu’un seul des ces droits acquis au travers de la lutte contre le patriarcat est acquis.

- Özgecan Kara, Secrétaire générale, Fédération des jeunes Verts européens : Fini les alliances avec les hommes cis. Désolée, mais non, finalement pas désolée - allez lire vos livres, allez voir vos films, instruisez-vous et surtout pas la peine de me demander de vous expliquer parce que je suis trop occupée pour vous expliquer les choses. Les alliances dont nous avons besoin sont des alliances intersectionnelles de sororité - alors construisons ce lien et ces alliances au sein de notre propre communauté.

En tant que Verts, nous avons demandé à l’UE et à tous les États membres de ratifier et de mettre réellement en œuvre la Convention d’Istanbul. Nous pensons également que la Commission européenne ne peut plus retarder l’adoption de la directive concernant l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes et l’amélioration des dispositions sur le congé parental.

Nous nous sommes également mobilisés pour garantir l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale, pour lutter contre les violences sexistes qui se multiplient pendant les pandémies, et pour garantir l’accès aux soins de santé génésique et à l’avortement.

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La France est devenue le premier pays au monde à garantir explicitement le droit à l’avortement dans sa constitution

Le 06 Mars 2024 par Chris Walker, Truthout

Des manifestants, tenant des banderoles, rassemblés pour une manifestation en faveur des droits des femmes devant un écran géant pour suivre le débat sur le projet de modification de la constitution près de la Tour Eiffel au Trocadéro, Paris, France, le 4 mars 2024 (Mohamad Salaheldin Abdelg Alsayed / Anadolu via Getty Images)

Lundi soir, la France est devenue le premier pays au monde à garantir explicitement le droit à l’avortement dans sa constitution.

Les législateurs ont été convoqués par le président Emmanuel Macron au château de Versailles, l’ancien palais royal qui est souvent utilisé pour l’adoption de lois historiques au lieu du Palais Bourbon à Paris, où l’Assemblée nationale tient habituellement ses séances.

Pour qu’une modification devienne partie intégrante de la Constitution française, les trois cinquièmes des parlementaires doivent l’approuver, ce qui signifie que la mesure devait recueillir au moins 512 voix pour devenir un article de la constitution.

Aucun des principaux partis représentés au Parlement ne s’y étant opposé, la mesure a recueilli 780 voix en sa faveur et seulement 72 voix contre.

Cette modification de la constitution, qui comporte des clauses d’exclusion, stipule l’inscription de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ».

En France, l’avortement est légal depuis 1975. Jusqu’à récemment, une personne était limitée aux 12 premières semaines de sa grossesse pour obtenir un avortement en toute liberté. En 2022, la loi a été modifiée et le délai est maintenant de14 semainesde grossesse .

Le nouveau texte de l’article de la constitution ne rallonge pas le nombre de semaines pendant lesquelles une personne peut obtenir un avortement en toute liberté, ce qui rend le droit à l’avortement plus restrictif qu’environ la moitié des lois des États américains.

Il est important de noter que, même avec la modification de la constitution, les législateurs français pourraient à l’avenir imposer de nouvelles restrictions au droit à l’avortement tout en restant dans le cadre de la "garantie" qui a été inscrite dans le plus haut document de gouvernance du pays.

Sur cette photo, un flacon de comprimés de Misoprostol [Le misoprostol peut être utilisé pour l’interruption volontaire de grossesse (IVG), NdT] est présenté dans une clinique de planning familial le 13 avril 2023, à Rockville, Maryland (Actualités | Droits Reproductifs)

Les partisans du droit à l’avortement dans le pays se félicitent toutefois de cette mesure. Ils font remarquer que les protections fédérales en matière d’avortement aux États-Unis ont été remises en cause par la Cour suprême en 2022 et que, grâce à la consécration formelle de ce droit dans la constitution nationale, l’avortement est désormais mieux protégé en France que dans la plupart des autres pays du monde, y compris dans plusieurs États des États-Unis où l’avortement est interdit.

En outre, le régime national d’assurance maladie de la France couvre intégralement les coûts liés aux interventions abortives.

Selon le Washington Post, une foule de partisans qui s’étaient rassemblés près du château de Versailles « ont explosé de joie » alors que la tour Eiffel s’illuminait « de lumières scintillantes » lorsque la mesure a été officiellement adoptée. La place située devant le bâtiment « s’est immédiatement transformée en une gigantesque fête de rue », ajoute le journal.

Après l’adoption de la mesure, M. Macron a fait savoir que la modification ne serait officiellement inscrite dans la Constitution que le vendredi 8 mars, pour accompagner la Journée internationale des droits des femmes.

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