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Traduction d’AID pour Les-crises.fr n° 2024-028

Mensonges d’Israël lors du procès pour génocide

Par Sharon Zhang, traduction par Jocelyne Le Boulicaut

samedi 16 mars 2024, par JMT

AID soutient financièrement le très intéressant site "Les-crises.fr" depuis plusieurs années. Nous avons fait un pas de plus en participant aux traductions des textes anglais quand le site fait appel à la solidarité de ses adhérents. Nous avons donc mandaté une de nos adhérentes, Jocelyne LE BOULICAUT, enseignante universitaire d’anglais retraitée, pour y participer en notre nom et nous indemnisons son temps passé avec notre monnaie interne

Mensonges d’Israël lors du procès pour génocide

Le 28 février 2024 par Sharon Zhang, TRUTHOUT

Sharon Zhang est rédactrice à Truthout et ses sujets de prédilection sont la politique, le climat et l’emploi. Avant de rejoindre Truthout, Sharon a écrit des articles pour Pacific Standard, The New Republic, etc. Elle est titulaire d’un master en études environnementales. On peut la suivre sur Twitter : @zhang_sharon.

Camp de réfugiés palestiniens de Maghazi : Enfants au milieu des décombres d’un immeuble gravement endommagé par les bombardements israéliens, dans le centre de la bande de Gaza, le 27 février 2024 (AFP via Getty Images)

Israël a menti au sujet des éléments de preuve présentés lors de sa défense devant la Cour Internationale de Justice, analyse de Forensic architecture (Université de Londres).

Dans un de ses exemples à l’appui, Israël a prétendu qu’une image montrait des camions d’aide entrant dans la bande de Gaza alors qu’ils étaient en fait en train de la quitter.

Une analyse approfondie des arguments présentés par les avocats d’Israël dans le cadre de sa défense lors du procès pour génocide intenté par l’Afrique du Sud montre que l’équipe juridique d’Israël a formulé des affirmations fallacieuses ou induisant en erreur concernant les preuves présentées à la Cour, ce qui affaiblit sa thèse quant au bien-fondé du massacre perpétré dans la bande de Gaza.

Ainsi, selon les avocats, Israël avait de bonnes raisons de lancer des raids sur les hôpitaux de Gaza, comme Al-Shifa dans la ville de Gaza, et qu’une quantité suffisante d’aide humanitaire avait été autorisée dans la région.

Au contraire, une analyse plus minutieuse effectuée par Forensic Architecture, un groupe de recherche de Goldsmiths, l’université de Londres, conclut dans son rapport publié cette semaine que les avocats d’Israël ont dénaturé les éléments de preuve qu’ils ont soumis à la Cour internationale de justice (CIJ). [suivre le lien vers le rapport pour voir les photos mensongères présentées par Israël pour sa défense, NdT]

Dans un des cas, le groupe a constaté que la photo d’une file de camions transportant de l’aide humanitaire qui, selon les avocats israéliens, entraient dans Gaza, était en fait une image de camions s’éloignant de Gaza en direction de la frontière égypto-israélienne afin d’être « contrôlés » et probablement rejetés par les forces israéliennes et les manifestants.

Les familles palestiniennes qui ont fui leurs maisons se rassemblent dans les locaux de l’hôpital al-Quds dans la ville de Gaza [Photo : Mohammed Saber/EPA].

À l’aide d’images satellites, de vidéos et de vues en 3D provenant de source libre, le groupe a constaté qu’au total, l’équipe de défense d’Israël a incorrectement identifié, annoté ou témoigné à propos de neuf éléments de preuves visuelles qu’elle a soumis à la CIJ dans le cadre de son plaidoyer le mois dernier afin de soutenir ses affirmations.

L’une des photos présentées par l’équipe juridique israélienne montrait ce qu’elle prétendait être un site d’essai de lancement de roquettes pour les forces palestiniennes proche d’une usine de dessalement de l’eau.

Or, selon Forensic Architecture, ce que les avocats israéliens ont désigné sur la photo comme étant le site de lancement correspond en fait aux cratères laissés par les types de bombes qu’Israël a larguées sur Gaza.

Une grande partie des éléments de preuve que les chercheurs ont analysés et réfutés étaient liés aux affirmations de responsables israéliens selon lesquelles les forces du Hamas utilisent, à des fins militaires, des installations civiles, telles que des écoles ou bâtiments de l’ONU - des affirmations que les autorités israéliennes et pro-israéliennes ont maintes fois répétées sans jamais réussir à les prouver.

Ces allégations ont ensuite été utilisées par les avocats d’Israël pour affirmer que les attaques d’Israël contre ces installations étaient justifiées et n’étaient pas simplement des attaques contre des civils.

Les affirmations d’Israël concernant les tunnels sous Al-Shifa, par exemple, qui ont été largement rapportées par les médias et les responsables occidentaux, étaient « équivoques et n’étaient étayées par aucune preuve ».

« Les hôpitaux n’ont pas été bombardés ; bien au contraire, les FDI [Forces de Défense Israélienne ; NdT] envoient des soldats pour fouiller et démanteler les infrastructures militaires, réduisant ainsi les dommages et les perturbations », a déclaré l’équipe juridique d’Israël en montrant une photo de ce qu’elle prétend être une cheminée de tunnel utilisé par les forces du Hamas.

« En réalité, on a fait exploser le tunnel qui se trouvait directement sous le bâtiment principal de l’hôpital Shifa sans endommager le bâtiment lui-même. Tsahal s’est alors retiré de l’hôpital ».

Il existe de nombreuses preuves démontrant qu’Israël a bombardé des hôpitaux, et l’armée israélienne est même directement responsable d’attaques de ce type ; elle a perquisitionné plusieurs hôpitaux de Gaza et de Cisjordanie au cours des derniers mois ; Forensic Architecture a découvert que par le seul hôpital Al-Shifa, les forces israéliennes ont mené 11 attaques.

Des Palestiniens poussent une ambulance après qu’un convoi d’ambulances a été touché près de l’entrée de l’hôpital Al-Shifa dans la ville de Gaza (Anas al-Shareef/Reuters)

En outre, Forensic Architecture n’a pas trouvé de preuves étayant les affirmations d’Israël concernant les tunnels et leur relation avec les hôpitaux, soulignant qu’un grand nombre d’articles de presse et de sources israéliennes affirmant l’existence des tunnels sous les hôpitaux ont été réfutés.

Sur l’une des images, les avocats israéliens désignent un bâtiment comme étant un hôpital, en l’occurrence l’hôpital Al-Quds dans la ville de Gaza, et marquent d’un cercle un « terroriste » sur l’image à côté du bâtiment.

« Sur la diapositive qui vous est présentée, on voit un militant entrer dans l’hôpital Al-Quds avec un lance-roquettes. Le Hamas a tiré sur les forces de l’armée israélienne depuis l’intérieur de l’hôpital Al-Qud, mais aussi depuis les alentours », a déclaré l’équipe juridique d’Israël.

Mais Forensic Architecture a découvert que le bâtiment figurant sur l’image est en fait un immeuble résidentiel situé à un pâté de maisons de l’hôpital.

Le groupe n’a en outre trouvé aucune preuve d’opérations militaires palestiniennes à l’intérieur d’Al-Quds, comme l’affirmait un communiqué de presse à l’origine de l’image, et a trouvé des preuves contredisant l’affirmation de l’armée israélienne selon laquelle un projectile lancé depuis l’hôpital provenait en fait de l’intérieur de l’hôpital ou de ses environs.

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Et pourtant, alors qu’il s’agit de l’argument soi-disant le plus solide de la défense d’Israël pour prouver qu’il ne commet pas de génocide, c’est la preuve qui a été utilisée pour justifier les attaques violentes et terrifiantes d’Israël contre l’hôpital en octobre et en novembre.

Les forces israéliennes ont lourdement bombardé la zone entourant l’hôpital et l’ont finalement rendu non opérationnel en raison d’une pénurie de carburant causée par un blocus instauré par les forces israéliennes.

Si ses conclusions sont vraies, le rapport montre que les arguments d’Israël pour se défendre contre les allégations de génocide sont fondés sur des relectures tendancieuses de l’assaut sur Gaza, dont les experts affirment qu’il s’agit clairement d’un génocide .

Sharon Zhang

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