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Trop n’est jamais assez

L’impossible pédagogie de la catastrophe

Par Bruno BOURGEON

lundi 3 juillet 2023, par JMT

L’impossible pédagogie de la catastrophe

Incendie en Alberta

C’était le mercredi 10 mai 2023. De l’immense forêt boréale de l’Alberta, on ne voit désormais que des arbres calcinés, des colonnes de fumées brunes dans le ciel, des familles qui fuient leurs maisons en panique : la province de l’Alberta, à l’ouest du Canada, connaît de graves incendies depuis le début du mois.

Les fumées sont si denses et intenses qu’elles ont traversé tout le pays. 30 000 personnes ont dû être déplacées. Au bout de trois jours, 375 000 hectares étaient partis en fumée. Une fois et demie La Réunion : une paille !

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith (Parti conservateur), a dû déclarer l’état d’urgence provincial. Plusieurs communautés autochtones de la Première Nation Cris ont dû être secourues.

Le drame rappelle la canicule qui a écrasé la Colombie britannique, plus à l’ouest de l’immense pays, l’année dernière. Le thermomètre y était monté jusqu’à 49,6 degrés, rappelez-vous, la bulle de chaleur, un record absolu pour une localité à plus de 50° de latitude nord.

Quel lien entre les deux événements ? Le dérèglement climatique bien sûr, qui aggrave partout l’intensité des vagues de chaleur, et la fréquence des incendies. Partout, mais l’Alberta n’est pas n’importe où : c’est la région pétrolière la plus active du Canada, lui-même le quatrième plus gros producteur de pétrole au monde.

Les hydrocarbures d’« Oilberta », surnom donné à cette province qui a lié son destin à celui de l’or noir, ont une particularité : ils proviennent en partie de sables bitumineux, et nécessitent pour être extraits une des technologies les plus polluantes au monde.

Cruelle géographie : une des régions les plus émettrices en CO2 de la planète subit de plein fouet les ravages de la catastrophe climatique qu’elle contribue en partie à causer. Que dire ? Qu’il n’existe pas de pédagogie de la catastrophe.

En mai 2016, rappelez-vous, je l’avais évoqué dans une même chronique, la ville de Fort McMurray, considérée comme la capitale des sables bitumineux, avait été ravagée : Smaug était passé par là. 100 000 personnes avaient été déplacées. Chiffrage des dégâts = 7,5 milliards d’euros : l’accident industriel le plus coûteux de l’histoire du Canada

Huit ans plus tard, l’Alberta continue d’extraire le pétrole. Les spécialistes du marché pétrolier s’interrogent sur l’impact des feux de mai 2023 sur la production et les prix.

Comme si les incendies n’étaient qu’une épreuve, pas le signe d’un mur climatique que cette industrie ne pourra éviter. Décidément, ils ne comprendront jamais rien. L’argent, le « greed », trop n’est jamais assez, plutôt que la vie. Pauvre monde.

Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re

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