Rarement, ces dernières années, un livre aura autant fait réagir les penseurs de l’écologie en France. Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie (Seuil), publié en janvier 2024 par Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, des techniques et de l’environnement, a provoqué une controverse qui démarre dès la couverture de l’ouvrage : « La transition énergétique n’aura pas lieu ». Provocation ? Non, assure l’auteur. Pour comprendre cette affirmation-choc, à rebours du discours ambiant, il faut d’abord revenir sur le contenu du livre qui parle surtout du passé. Dans la première moitié de l’ouvrage, l’universitaire retrace l’histoire de l’énergie en rejetant, comme de nombreux chercheurs avant lui, une représentation « phasiste » dans laquelle un « âge du pétrole » aurait succédé à un « âge du charbon », qui aurait succédé à un « âge du bois ». Loin de se succéder, ces sources d’énergie se sont en réalité empilées au fil de l’histoire : les énergies renouvelables n’ont pas éliminé le pétrole, qui n’a pas éliminé le charbon, qui n’a pas éliminé le bois.
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Transition
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La transition écologique n’aura pas lieu
12 avril, par JMT -
« Greenblaming », quand l’écologie devient un bouc-émissaire
22 mars, par JMTLe « greenblaming » est un nouveau phénomène qui entoure la transition écologique. Accusée de tous les maux, l’écologie devient peu à peu un bouc-émissaire dans les discours réactionnaires d’acteurs politiques ou économiques. Avec le greenblaming, l’inaction écologique se répand. Après le greenwashing, le greenblaming est-il le nouveau phénomène qui menace la transition écologique et sociale ? Récemment mis en avant dans une note d’analyse du collectif Construire l’Ecologie, le greenblaming désigne les discours imputant des torts fallacieux à la transition écologique. La colère manifestée par les agriculteurs en Europe en est un exemple, révélant la crispation qui entoure la question de la transition écologique et sociale. « Une partie de ceux qui portent la colère agricole ont fait croire que la crise du secteur est causée par les normes environnementales, la réduction de l’usage des pesticides… De ce fait, ils ont fait croire que l’on peut résoudre la crise agricole en supprimant ces réglementations », analyse Pierre Charbonnier, membre fondateur du collectif. Une critique des réformes environnementales, que l’on retrouve un peu partout dans le débat public : agriculture donc, mais aussi transition énergétique, mobilités électriques, tous les secteurs semblent frappés par le greenblaming.
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Les fantasmes réactionnaires d’Emmanuel Macron
1er mars, par JMT« La France doit rester la France ». Dans un long exercice que le chef de l’Etat affectionne tout particulièrement, seul au pupitre, ses ministres en rang d’oignon, Emmanuel Macron a déroulé l’idée qu’il se fait de « La France du bon sens, pas du tracas ». Celles et ceux qui attendaient des annonces de grande ampleur et de « l’audace », pour reprendre sa phraséologie, en ont été pour leurs frais : à tribord, toute ! C’était le mardi 16 janvier 2024. Est attendu l’acte 2 d’une loi croissance pour libérer (encore) les énergies de ceux « qui innovent, qui osent, qui travaillent », relever tous les seuils qui contraignent les entreprises, sans oublier une nouvelle loi sur le marché du travail pour, sans surprise, remettre la France au travail par la contrainte : serrer la vis aux chômeurs, y compris les plus âgés d’entre eux. Pas de nouveau plan écologique non plus puisque le locataire de l’Elysée estime que ses équipes « ont déjà pris des décisions qui sont les bonnes », tout en s’auto-gratifiant de chiffres dont il est pourtant peu responsable. Mais c’est sur l’école et l’éducation que le Président s’est le plus longuement appesanti.
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Une partie de la France n’est déjà plus assurable
12 février, par JMTAlors que le Pas-de-Calais a encore les pieds dans l’eau, les communes touchées par ce nouvel épisode de crue vont-elles réussir à trouver un assureur quand il faudra renouveler leur contrat ? Rien n’est moins sûr. Il y aurait entre 1 000 et 2 000 communes en France privées d’assurance au 1er janvier 2024. Le marché est devenu très fragile à mesure que la sinistralité liée au changement climatique augmente. Cela oblige communes et assureurs à travailler main dans la main pour mieux identifier et prévenir ces risques. Les Sables-d’Olonne, l’une des communes les plus menacées par la montée des eaux, n’est plus assurée contre les aléas climatiques depuis le 1er janvier. La commune et la communauté d’agglomération, qui représentent près de 50 000 habitants, n’ont pas trouvé preneur sur la partie « dommages aux biens et risques annexes » comme les tempêtes ou les inondations. « L’appel d’offres lancé dans le cadre du renouvellement de nos contrats a été infructueux », confirme Jean-Pierre Chapalain, vice-président des Sables d’Olonne Agglomération et ancien agent d’assurance. « La répétition et l’augmentation de l’intensité des aléas climatiques, conjuguées aux émeutes urbaines de 2023, font peur aux assurés », ajoute-t-il. La ville a été victime de submersion en octobre dernier.
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Financer la planification écologique : l’heure de vérité
31 janvier, par JMT2024 marque le début de la mise en œuvre de la planification écologique. Objectif : réduire d’un tiers les émissions nationales de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Une gageure. Promesse d’Emmanuel Macron pour son second mandat : placer la transition écologique sous la responsabilité du Premier ministre et planifier pour accélérer. Selon les directives européennes, la France va devoir réaliser en sept ans la même baisse qu’au cours des trente dernières années, puis tenir le rythme. Une telle révolution est impossible sans pilotage de l’Etat et sans mise en cohérence des politiques publiques et des arbitrages interministériels. Sitôt élu, le président a tenu sa promesse. Un Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), directement rattaché au Premier Ministre, a été institué. Au terme d’un an de travaux, l’équipe dirigée par Antoine Pellion a présenté un plan d’action inscrivant dans tous les secteurs (transports, agriculture, bâtiment, industrie, énergie) une batterie d’objectifs avec les baisses d’émissions associées. Emmanuel Macron a validé la copie du SGPE à l’issue d’un Conseil ministériel de planification écologique.
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Sortir du populisme anti-écologique
22 janvier, par JMTL’année 2023 s’achève sur deux paradoxes saisissants : d’une part, l’année la plus chaude de l’histoire aura également été celle où les émissions de GES auront atteint un nouveau sommet, alors même que toutes les preuves de la crise climatique tirée par la croissance fossile sont sous nos yeux, nous poursuivons dans la même voie autodestructrice ; d’autre part, l’année de tous les impacts écologiques en France (sécheresse, pénurie d’eau, crise alimentaire, canicules, inondations) aura également été celle de la montée en puissance du populisme anti-écologique. Lorsque la nécessité écologique devient une évidence quotidienne, nous assistons à l’intensification des discours politiques visant à l’empêcher. Ainsi, le camp xénophobe et réactionnaire répète à l’envi que des politiques environnementales hystériques font exploser les inégalités sociales et aggravent la défiance politique alors que tout indique que ces inégalités résultent de la non-transition des systèmes énergétiques et alimentaires au cours des décennies passées, dont le prix est aujourd’hui la précarité énergétique, l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité sanitaire. Pour autant, la transition écologique est brandie comme un épouvantail social.
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Le cycle de l’eau douce, une nouvelle limite planétaire franchie
6 novembre 2023, par JMTCe sont désormais six des neuf limites planétaires qui ont été dépassées. Cette sixième limite concerne le cycle de l’eau, divisé en deux entités : l’eau verte (l’eau "invisible", contenue dans le sol et les plantes des fermes, forêts, etc.) dont la limite avait été dépassée en avril 2022. Et l’eau bleue (l’eau "visible", dans les rivières, les lacs, etc.), celle que l’on va pouvoir prélever et consommer, dont la limite vient d’être elle aussi dépassée. « Nous ne savons pas combien de temps nous pourrons continuer à transgresser ces frontières clés avant que les pressions combinées ne conduisent à des changements et des dommages irréversibles », a déclaré dans un communiqué Johan Rockström, co-auteur de l’étude et professeur au Stockholm Resilience Center. En 2009, des scientifiques spécialistes en sciences environnementales créent le concept de limites planétaires. Ils définissent neuf variables qui régulent la stabilité de la planète et qu’il ne faut pas dépasser pour assurer un développement sûr et juste pour l’humanité.
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Reparlons du méconnu Développement Durable
25 octobre 2023, par JMTLe développement durable (DD) est « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs », citation de Madame Gro Harlem Brundtland, Premier Ministre norvégien (1987), lors du rapport de la commission du même nom. Avec cette définition-là, on est bien avancé. En 1992, le Sommet de la Terre à Rio, tenu sous l’égide des Nations unies, officialise la notion de développement durable et celle des trois piliers (économie/écologie/social) : un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. La notion de DD fut développée, en Suède, sous l’impulsion d’un cancérologue et scientifique reconnu, Karl-Henrik Robèrt, n’acceptant pas qu’on puisse arriver à monter des équipes formidables pour soigner les gens de graves maladies, et qu’on soit incapable d’en faire autant pour concevoir un environnement sain et durable.
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« Sabotage »,un thriller sur l’écologie radicale
28 août 2023, par JMT« Sabotage », un titre sans ambiguïté. Dans ce nouveau film de Daniel Goldhaber, de jeunes militants pour le climat s’organisent pour saboter un pipeline aux États-Unis. Derrière cette fiction, en salles depuis le 26 juillet, il y a un essai intitulé "Comment saboter un pipeline"* signé du militant suédois pour le climat et maître de conférences en géographie humaine, Andreas Malm. S’appuyant sur les luttes passées, l’auteur y défend l’idée que face à l’inaction climatique des gouvernements, la mobilisation pacifique ne suffit pas, qu’il faut un nouveau volet plus radical, basé sur le sabotage d’infrastructures écocidaires. Le film met en scène huit jeunes Américains qui se retrouvent dans une maison abandonnée au Texas avec un objectif unique : saboter un pipeline. Et plus précisément le plus important de tous les États-Unis.
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Les impacts humains explosent les limites planétaires
26 juillet 2023, par JMTUn groupe de chercheurs a ajouté aux limites planétaires des seuils concernant la justice sociale et les impacts négatifs sur les communautés et les individus liés au franchissement de ces limites. C’est ce qu’ils ont baptisé les "limites planétaires sûres et justes". Il apparaît que sur huit d’entre elles, sept sont déjà dépassées. Nous connaissons les limites planétaires, développées en 2009 par une équipe de spécialistes menée par Johan Rockström, codirecteur du Potsdam Institute for Climate Impact Research. Ces neuf variables – parmi lesquelles se trouvent le changement climatique, l’érosion de la biodiversité, l’acidification des océans, la pollution chimique ou encore l’utilisation mondiale de l’eau – régulent la stabilité de la planète et ne doivent pas être dépassées afin de continuer à assurer un développement "sûr" pour l’humanité. À ce jour, nous en avons déjà dépassé au moins six, soit les deux tiers. Mais les chercheurs ont voulu aller plus loin. Dans une étude publiée mercredi 31 mai dans la revue Nature, ils ont, pour la première fois, identifié ce qu’ils appellent les limites planétaires sûres et justes. En partant des limites planétaires physiques, les limites sûres, ils ont ajouté des critères concernant la justice sociale et les impacts négatifs sur les communautés et les individus liés au franchissement de ces limites.