On a parlé de santé à la COP28 !

On a parlé de santé à la COP28 !

Santé à la COP 28 Décembre 2023 Emirats Arabes Unis

Aussi étonnant cela puisse-t-il paraître, jamais n’avait été organisée lors d’un sommet de la COP, en 28 ans d’existence, une journée consacrée à la santé. Cet oubli a été rectifié le samedi 3 décembre 2023 lors de la COP28 à Dubaï.

À cette occasion, 123 pays ont signé « la Déclaration des Émirats arabes unis sur le climat et la santé de la COP28 » , qui reconnaît la nécessité pour les gouvernements de protéger les communautés et de préparer les systèmes de santé à affronter les impacts sanitaires liés au climat : chaleurs extrêmes, pollution de l’air et maladies infectieuses.

« La déclaration sur la santé est une première étape pour lever des fonds et récolter des soutiens. Nous avons eu aussi hier l’annonce d’un milliard de dollars avec différentes initiatives financières pour le climat et la santé. Ces initiatives de financement permettront de réduire les lacunes financières sur le climat et la santé »", s’est empressée de déclarer le Dr Maha Barakat, l’une des conseillères du ministre de la santé des Émirats.

7 millions de morts dus à la pollution
Il y a urgence, comme l’a d’ailleurs rappelé le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus : « Les maladies qui touchent les personnes de plus de 65 ans ont augmenté de plus de 75% dans le monde en 20 ans. Chaque année 7 millions de personnes périssent en raison de la pollution de l’air. Les changements climatiques aboutissent à un nombre record de cas de choléra ».

Si la santé humaine est mise en péril par les changements climatiques, les systèmes de santé, du fait d’émission de GES, font aussi partie du problème, a poursuivi le directeur général de l’OMS : « Le secteur de la santé représente 5% des émissions de gaz à effet de serre ». Concrètement, quels peuvent être les autres effets des changements climatiques sur la santé humaine ?

1°) Maladies respiratoires et infectieuses
Terrance Drew, Premier ministre, ministre de la Santé de la Fédération de Saint-Christophe, a alerté sur les effets néfastes de ces changements dans ces îles antillaises peuplées de 53.000 habitants : « La fédération est affectée par les sécheresses, nous rencontrons aussi beaucoup d’infections liées à la nourriture. Nous sommes aussi sujets à des problèmes de chaleur excessive, surtout les personnes âgées qui ont besoin de climatisation. Nous voyons aussi apparaître beaucoup de maladies respiratoires, des maladies infectieuses telles que la dengue, avec deux variants, nous n’y sommes pas habitués. Vu les tendances actuelles nous allons devenir de plus en plus vulnérables ».

Bill Gates, président de sa fondation, a poursuivi : « Quel est le lien entre la santé et le climat ? Ce lien c’est le système agricole : les enfants qui ne sont pas mal nourris ont beaucoup moins de risque de mourir quand ils ont des maladies comme la diarrhée ou le paludisme, par exemple. Or, avec les sécheresses causées par les changements climatiques, les problèmes de malnutrition se développent ».

2°) Décimer les moustiques
Constatant que les moustiques, vecteurs du paludisme, mais aussi du chikungunya ou encore de la dengue, augmentaient avec les changements climatiques, Bill Gates a rappelé que rien n’est inéluctable : « Il faut donc continuer à travailler sur l’éradication du paludisme. Nous disposons de nouveaux outils dans les laboratoires qui peuvent décimer les moustiques. Il y a encore beaucoup de travail à faire à ce niveau-là. Même face aux changements climatiques, en investissant dans ces innovations, nous pouvons lutter contre la dengue, le paludisme, la fièvre jaune ».

3°) Système de santé résilient
Chrissie Kalamula Kanyasho, ministre de la Santé du Malawi, a déploré la multiplication des moustiques au Malawi : « Nous avons vu au Malawi des cyclones dévastateurs et depuis, le paludisme est en pleine augmentation, surtout depuis 2022. Il y a des moustiques qui n’étaient pas là auparavant. La santé a été impactée de manière négative : on parle de sécheresse donc de malnutrition, donc d’admission dans les hôpitaux. Nous rencontrons aussi des problèmes de cancers de la peau et ces gens ont besoin de nos services. Nous devons construire des systèmes de santé résilients au climat ».

4°) Santé mentale
Les maladies infectieuses ne sont pas les seules pathologies en pleine expansion : « L’anxiété climatique a été multipliée par 27 depuis cinq ans (encore appelée solastalgie ou éco-anxiété). Lorsque nous parlons de santé mentale, nous ne pouvons pas oublier les agriculteurs qui se suicident à cause de leur culture. Il faut demander des investissements dans la santé mentale surtout pendant les catastrophes naturelles », a déclaré le Dr Omnia El Omrani, de l’Institute of Global Health Innovation.

5°) Investissements
Reste que, sans de nouveaux investissements, tous ces projets risquent de rester des vœux pieux. Mais Stéphen Jurg, envoyé spécial de la banque mondiale, a assuré que son organisme avait pris conscience de l’ampleur de la tâche : « Le changement climatique rend les personnes malades, et augmente par conséquent la pauvreté. Nous avons progressé ces dernières années en matière de réduction de la pauvreté, mais cela régresse depuis 2020, du fait de la covid et des changements climatiques, entre autres. La banque mondiale veut lancer un nouveau programme sur le développement de la santé composé de trois éléments : les données, les investissements et les partenariats. Pour les investissements la banque a augmenté ses financements dans la santé depuis 2020 et nous avons consacré 2,2 milliards de dollars en ce qui concerne la santé. Cela doit être augmenté dans les années qui viennent ».

Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re

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