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Le Gange n’a jamais autant charrié de plastique !

Par Bruno BOURGEON

vendredi 16 février 2024, par JMT

Le Gange n’a jamais autant charrié de plastique !

Les eaux du Gange

On parle beaucoup du réchauffement climatique dans le monde en raison, notamment, des différentes COP (conférences des parties) qui ont lieu tous les ans pour régler cette question.

Mais il serait bon d’avoir également un plan mondial pour sortir du plastique. Ce matériau issu du pétrole constitue une menace constante pour la faune et la flore des océans et des rivières.

L’un des fleuves les plus touchés par cette accumulation de déchets est le Gange. Ce fleuve, long de 2700 km environ, couvre plus de 900 000 km2. Le bassin du Gange abrite 500 millions de personnes et s’étend sur 2 millions de km2.

Il est à l’origine de 40% du PIB de l’Inde. Il part du nord de l’Inde, dans l’État d’Uttarakhand. Ses premières eaux descendent du glacier Gangotri, un géant de l’Himalaya. Gangotri est aussi le nom d’un village et du parc naturel qui l’entoure.

C’est un lieu de pèlerinage. Le Gange traverse de nombreuses villes au nord du pays, dont Varanasi, la capitale de l’hindouisme, puis le Bangladesh avant de se jeter dans le golfe du Bengale. Son delta couvre 93 000 km2. C’est l’un des plus grands du monde.

Il est constitué de très nombreux bras qui se jettent dans la mer. Son débit passe de 200 m3/secondes à 6000 m3/secondes durant la mousson. C’est aussi un fleuve sacré pour un milliard d’Hindous.

Pour eux, la “mère Gange” est une déesse vivante qui purifie les âmes. Le Gange est jalonné de nombreuses usines. Ces dernières rejettent des produits toxiques dans ses eaux comme de l’arsenic, du chrome, du mercure et d’autres métaux.

Il passe par des villes surpeuplées qui y déversent leurs eaux usées, quand les fleuves ne servent pas eux-mêmes de toilettes publiques. À tous ces fléaux, s’ajoutent une quantité faramineuse de plastiques depuis les années 90 et l’ouverture de l’économie indienne au monde.

Pour mieux comprendre la situation, une grande expédition a été organisée en 2019. Elle a réuni 40 ingénieurs et scientifiques d’Inde, du Bangladesh, des États-Unis et du Royaume-Uni. Ces recherches ont été financées par la National Geographic Society.

Les scientifiques ont :
* parcouru le Gange sur toute sa longueur deux fois : une fois avant et une fois après la mousson ;
* prélevé des échantillons d’eau, de terre et d’air tout au long du fleuve ;
* sondé 1400 habitants au fil de leur voyage ;
* prélevé près de 90 000 déchets ;
* navigué durant 90 jours.

Et voici leurs conclusions principales :
* les 3 principaux déchets en plastique prélevés sont des emballages alimentaires, des mégots de cigarette et des sachets de tabac ;
* 40% des déchets portaient le nom d’une marque internationale ;
les filets de pêche de nylon sont une source importante de la pollution du fleuve et représentent un danger important pour les dauphins, les grands poissons, les loutres et les tortues ;
* de nombreux habitants se servent du fleuve comme de leurs latrines : considéré comme magique, le fleuve est censé s’autopurifier, ce qui, dans la réalité, ne se fait pas ou plus compte tenu de l’augmentation de la population en Inde depuis un siècle et demi.

Le plastique du Gange est un enjeu mondial. L’océan est saturé de plastique. De vastes continents de plastique se sont formés dans les vortex de tous les grands océans. Ils asphyxient les baleines, les poissons, les tortues. C’est une catastrophe planétaire.

Et ce plastique vient, le plus souvent, des fleuves. Le Gange fait partie des fleuves qui charrient le plus de plastique dans le monde. Même les zones rurales et les réserves naturelles sont touchées.

Pourtant, les Indiens consomment moins de plastique par habitant que les Français : 20 kg pour les Indiens contre 44 kg pour les Français en moyenne. Toutefois, il n’existe pas en Inde, de système généralisé de collecte des déchets même si 60% du plastique est recyclé via des filières du secteur informel.

Les plastiques sont souvent stockés dans des décharges qui sont parfois emportées par le fleuve lors de la mousson, sinon, ils sont directement jetés dans le Gange. Or le plastique présent dans les fleuves et les rivières n’est pas un détail.

Si les 1000 grands cours d’eau les plus pollués en plastique du monde étaient nettoyés et ne déversaient plus leur plastique, 80% du problème de la pollution de l’océan serait réglé. Le gouvernement indien est conscient des problèmes de propreté et de pollution du pays.

L’opération “Inde propre” lancée depuis 2016 a permis l’installation de 90 millions de toilettes dans le pays. L’objectif est d’éviter que tout le monde “fasse” dans la nature. Cette pratique ancestrale n’est plus possible dans une Inde moderne qui compte plus d’1,4 milliard d’habitants.

Par ailleurs, le gouvernement indien a également adopté des législations restrictives concernant le plastique. Mais il faut du temps pour que les lois nationales soient appliquées au niveau local.

De même, l’augmentation d’incinérateurs a permis de transformer ces déchets en énergie. Sauf que ces installations ne vont pas exactement dans le sens d’une réduction des émissions de CO2.

La meilleure solution en Inde, comme ailleurs, serait de commencer par interdire les emballages alimentaires en plastique. Au niveau mondial, ces déchets représentent 36% du plastique fabriqué chaque année, soit 157 millions de tonnes.

En Europe, les emballages représentent 39% du plastique consommé. 64% de ce plastique est recyclé. Mais le recyclage n’est qu’une solution temporaire. Car aucun plastique ne se recycle éternellement.

Au mieux, les plastiques se recyclent quatre ou cinq fois, le plus souvent en injectant du plastique neuf. Par ailleurs, la consommation d’emballages a beaucoup augmenté ces dernières années : +11 kg par an et par habitant en 4 ans depuis 2020.

La législation tente d’améliorer le pourcentage de recyclage pour sauver la filière plastique. Mais le plus efficace serait d’abandonner ces emballages plastique qui appartiennent au passé.

Ils pourraient être remplacés par le papier, le carton, le verre avec des consignes, l’usage d’aliments en vrac ou encore par du plastique de chanvre pour les bouteilles.

Bruno Bourgeon, président d’AID http://www.aid97400.re

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